Protéine Liée à Parkinson et Cancers de la Peau

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Protéine Liée à Parkinson et Cancers de la Peau
Protéine Liée à Parkinson et Cancers de la Peau

Africa-Press – Togo. Neurodégénérescence et cancer sont souvent perçus comme des processus opposés. L’un est synonyme de mort progressive des cellules lorsque le second peut être une conséquence de leur prolifération excessive. Des chercheurs de l’Oregon Health & Science University (OHSU, Etats-Unis) démontrent pourtant qu’une même protéine nommée alpha-synucléine, impliquée dans la neurodégénérescence à l’origine de la maladie de Parkinson, se retrouve également dans 85% des biopsies de mélanomes (type de cancer de la peau). Leurs résultats, publiés dans la revue Science Advances, suggèrent de nouvelles pistes pour le développement de médicaments visant à freiner les deux maladies.

Une protéine défectueuse dans le cas de la maladie de Parkinson

La protéine alpha-synucléine représente environ 1% de la masse totale des protéines dans les cellules nerveuses. De nombreuses recherches ont porté sur son rôle dans les neurones sains, mais toutes ses fonctions n’ont pas encore été découvertes. En 2019 le laboratoire Unni, à l’origine de cette étude, avait déjà mis en évidence le rôle de l’alpha-synucléine dans la réparation des brins d’ADN. Une action cruciale pour prévenir la mort des cellules nerveuses, à l’origine de la neurodégénérescence impliquée dans la maladie de Parkinson.

Dans le contexte de certaines maladies neurodégénératives, des petits amas de la protéine alpha-synucléine mal repliée et agrégée se forment à l’intérieur des cellules nerveuses, et empêchent leur bon fonctionnement. « L’alpha-synucléine en abondance forme ce qu’on appelle des corps de Lewy. Ils se trouvent dans le cytoplasme des cellules du cerveau responsables de la coordination des mouvements. C’est également là que se produit la neurodégénérescence dans la maladie de Parkinson”, explique à Sciences et Avenir Moriah Arnold, doctorante du laboratoire Unni et auteure de l’étude.

Pour le laboratoire Unni, lorsque les corps de Lewy se forment, l’alpha-synucléine est déplacée du noyau vers le cytoplasme. « La protéine ne peut plus jouer son rôle dans le noyau, qui est de faciliter la réparation de l’ADN, poursuit la chercheuse. C’est cette perte de fonction qui provoque finalement la mort prématurée des neurones ».

« Le problème survient lorsque les cellules qui devraient mourir ne le font pas »

Dans certains cas de mélanome, les chercheurs ont récemment constaté que l’alpha-synucléine fait au contraire trop bien son travail. « Les cellules de la peau croissent, meurent et sont remplacées en permanence. C’est normal, explique Vivek Unni, professeur agrégé de neurologie à l’école de médecine de l’OHSU et premier auteur de l’étude. Le problème survient lorsque les cellules qui devraient mourir ne le font pas. »

Chez la plupart des patients atteints de mélanomes, l’alpha-synucléine ne semble pas quitter le noyau et s’agréger comme c’est le cas dans les neurones des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. C’est plutôt l’inverse qui se produit. Leur nombre augmente dans le noyau: les protéines alpha-synucléine identifient ainsi toutes les cassures des brins d’ADN. Elles recrutent ensuite un autre type de protéine, connue sous le nom de 53BP1, pour les réparer. “Ce gain de fonction, poussé dans les extrêmes peut entraîner un emballement de la réplication cellulaire, c’est-à-dire le cancer, et rendre les cellules cancéreuses encore plus agressives”, prévient Moriah Arnold.

Des perspectives de médicaments pour les deux pathologies

Le lien clinique entre la maladie de Parkinson et le mélanome avait déjà été caractérisé, mais le mécanisme moléculaire sous-jacent restait encore mal compris. « La mise au point de médicaments ciblant l’alpha-synucléine pourrait s’avérer utile pour les deux maladies », explique l’auteur principal dans un communiqué.

L’étude suggère qu’il pourrait être possible de développer un médicament qui abaisse le niveau d’alpha-synucléine ou module sa fonction pour traiter le mélanome. “Il serait essentiel de déterminer si ce nouveau rôle de l’alpha-synucléine s’applique aux neurones”, ajoute Moriah Arnold. Leurs prochaines recherches explorent maintenant une voie de traitement possible de la maladie de Parkinson. L’objectif est de reproduire l’action de la protéine alpha-nucléine dans le mélanome en stimulant le recrutement de la protéine 53BP1. Cette dernière viendra alors remplacer l’alpha-synucléine déficiente dans le contexte de la maladie de Parkinson.

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