Surtension et Défaillances: Origine de la Méga-Panne

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Surtension et Défaillances: Origine de la Méga-Panne
Surtension et Défaillances: Origine de la Méga-Panne

Africa-Press – Togo. La méga-panne survenue le 28 avril 2025 dans la péninsule ibérique, et à la marge dans le Pays basque français, a été provoquée par des « surtensions » ayant entraîné « une réaction en chaîne », selon un rapport publié mardi 17 juin 2025 par le gouvernement espagnol. »La coupure du 28 avril a eu une origine multifactorielle », a expliqué la ministre de la Transition écologique Sara Aagesen, en détaillant à l’issue du conseil des ministres les conclusions de ce rapport d’une commission d’enquête spécialisée, sept semaines après cette panne inédite.

Les experts mobilisés pour analyser les causes de cet incident ont ainsi identifié « un phénomène de surtensions », qui a entraîné « une réaction en chaîne ». Évoquant une série de « phénomènes complexes », la ministre a épinglé, sans les nommer, le rôle de certaines entreprises énergétiques, qui ont déconnecté leurs centrales du système de « façon inappropriée (…) pour protéger leurs installations » face aux surtensions. Ces déconnexions ayant à leur tour « provoqué de nouvelles déconnexions », a précisé la ministre, qualifiant cette décision de « facteur aggravant ».

Le dispositif le plus faible depuis le début de l’année

En outre, « le système ne disposait pas d’une capacité suffisante de contrôle de la tension » ce jour-là, a poursuivi la ministre, en pointant le rôle du gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, qui avait prévu ce jour-là son dispositif « le plus faible depuis le début de l’année 2025 ». Concrètement, l’opérateur avait prévu plusieurs jours avant l’incident, au vu de certaines fluctuations sur le réseau électrique, que 10 centrales de production servent de réserve et puissent être mobilisées en cas de hausse de la demande. Or, l’un d’elle s’est avérée indisponible et REE n’a pas désigné de site de remplacement. Quant aux neuf autres, elles n’ont pas réussi à absorber la surtension comme elles auraient dû le faire au moment critique.

Selon REE, deux fortes oscillations électriques avaient été repérées dans les 30 minutes avant la panne. Elles ont été suivies de trois incidents distincts en l’espace de 20 secondes dans des sous-stations électriques de Grenade (sud), Badajoz (sud-ouest) et Séville (sud), d’après les autorités.

En théorie, l’Espagne dispose d’un système suffisamment solide pour faire face à ce type de situation mais en raison de ces erreurs d’appréciations, « nous sommes arrivés à un point de non-retour, avec une réaction en chaîne incontrôlable », a souligné Mme Aagesen, en rappelant que tout s’était joué en quelques secondes. D’autant que face aux surtensions, les connexions avec le réseau français ont été coupées et les échanges d’électricité interrompus, pour éviter que les incidents ne se propagent au-delà de la péninsule ibérique. Ce qui a accru la pression sur un réseau espagnol sous-dimensionné à ce moment-là.

Une enquête européenne en parallèle

La création de cette commission d’enquête, chapeautée par le ministère de la Transition écologique, avait été annoncée au lendemain de la panne par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui avait invité les habitants à « ne pas spéculer » dans l’attente des résultats détaillés. L’ENTSO-E, l’organisme européen regroupant les entreprises productrices d’électricité des pays membres de l’Union, mène aussi de son côté ses recherches sur l’incident. Il a jusqu’à cet automne pour rendre ses conclusions.

Le ministère avait ensuite précisé que l’identification des causes pourrait prendre plusieurs mois, au vu de la complexité de l’incident, qui a privé l’Espagne et le Portugal de courant pendant de nombreuses heures, provoquant le chaos – notamment – dans les transports et les écoles. Selon le gouvernement, englué depuis plusieurs jours dans un scandale de corruption visant des proches de Pedro Sánchez, le calendrier s’est finalement accéléré ces derniers jours.

Désormais, « nous avons une connaissance des faits qui est solide » et « une explication vérifiée qui nous permet à tous de réfléchir, mais aussi d’agir » pour améliorer le système, a avancé Sara Aagesen, disant vouloir mettre à profit cette connaissance pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Les black out électrique, pour sidérants qu’ils apparaissent pour le grand public, sont des phénomènes rares mais bien connus et très étudiés par les chercheurs, comme l’expliquait Sciences et Avenir après l’événement d’avril.

Plusieurs fausses hypothèses

Après l’incident, plusieurs hypothèses avaient été avancées pour expliquer la panne, dont celle d’une cyberattaque – rapidement écartée par les autorités – et celle d’une défaillance du réseau générée par un excès de production d’énergie solaire, qui s’est fortement développée en Espagne ces dernières années. Celle d’un événement atmosphérique rare a elle-aussi été invalidée par l’équivalent espagnol de Météo-France, l’AEMET. Enfin, la rumeur d’un incendie près d’installations réseau vers Perpignan ou Narbonne, en France, comme cause du black out n’était que pure désinformation.

Le rapport publié mardi met fin à « des semaines de spéculations inutiles et inexactes selon lesquelles le vent et le solaire étaient entièrement responsables » de la panne, a souligné dans un communiqué Sarah Brown, du groupe de réflexion Ember, spécialisé dans le secteur de l’énergie. « En réalité, les énergies renouvelables ont joué un rôle crucial dans la restauration de la stabilité du système », a-t-elle ajouté.

Le rapport ne constitue pas un « jugement », a pour sa part insisté Sara Aagesen, en excluant à ce stade d’exiger des démissions. Selon elle, il doit permettre en revanche d’améliorer la sécurité du réseau espagnol, l’enquête ayant mis au jour l’existence de « vulnérabilités » et de « carences ».

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