Africa-Press – Cameroun. Le parlement camerounais vient d’adopter une loi prolongeant d’un an les mandats des députés et des conseillers municipaux, repoussant les élections législatives et municipales à 2026. Cette décision, présentée comme une nécessité budgétaire par le gouvernement, suscite de vives réactions dans le paysage politique national.
La mesure, défendue par le Ministre Délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées, Wakata Bolvine, a été votée malgré l’opposition farouche de plusieurs figures de l’opposition, dont Joshua Osih et Jean Michel Nintcheu.
Pour de nombreux observateurs, cette prorogation s’apparente à une stratégie politique visant à consolider le pouvoir du parti au gouvernement, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), qui détient actuellement une majorité écrasante à l’Assemblée nationale avec 152 sièges sur 180.
“C’est une manœuvre claire pour limiter l’influence de l’opposition avant la présidentielle de 2025,” déclare un analyste politique sous couvert d’anonymat. “En repoussant ces élections, le gouvernement s’assure que les partis d’opposition n’auront pas l’occasion de renforcer leur présence institutionnelle avant ce scrutin crucial.”
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), principal parti d’opposition, voit dans cette décision une “stratégie d’exclusion”. Le parti, qui avait boycotté les précédentes élections législatives, semble aujourd’hui regretter cette décision qui le prive de moyens d’action parlementaires.
Cette prorogation soulève également des questions sur l’état de la démocratie au Cameroun. “Manipuler le calendrier électoral de cette manière est préoccupant,” affirme un représentant d’une ONG de défense des droits civiques. “Cela pourrait exacerber les tensions politiques déjà existantes dans le pays.”
Certains y voient aussi une possible manœuvre pour préparer l’avenir politique du pays, considérant l’âge avancé du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Alors que le gouvernement justifie sa décision par des contraintes budgétaires, l’opposition dénonce une stratégie visant à perpétuer le statu quo politique. Cette situation risque d’alimenter les débats et potentiellement les protestations dans les mois à venir, alors que le Cameroun se prépare pour une année électorale cruciale en 2025.
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