Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Au cours de l’année 2023, la Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam), unique producteur de cette matière dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, RCA), a exporté vers la France 15 879 tonnes d’aluminium brut, qui est le 5e produit d’exportation du Cameroun vers ce pays européen. Selon le rapport sur le commerce extérieur entre le Cameroun et la France, publié par l’Institut national de la statistique (INS) le 19 août 2024, ces ventes correspondent à 20,8 milliards de FCFA de recettes d’exportation pour le pays.
Les données de l’INS révèlent surtout qu’entre 2021 et 2023, les ventes de ce produit camerounais en France ont été multipliées par 2,5, puisqu’elles avaient culminé à seulement 6 307,3 tonnes en 2021, pour des recettes obtenues 7,5 milliards de FCFA. Les expéditions de l’aluminium camerounais vers l’Hexagone avaient déjà fait un bond de 63,5 % entre 2021 et 2022. Elles étaient en effet ressorties à 10 308,8 tonnes à fin 2022, pour des recettes d’environ 12,4 milliards de FCFA, selon le rapport de l’INS.
Sur la foi des données compilées par l’organisme en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun, la France a, à elle seule, capté plus de 36 % des exportations d’aluminium du Cameroun en 2023 et a pourvu au pays environ 38,4 % de ses recettes d’exportation sur ce produit. En effet, tout au long de l’année 2023, révèle l’INS, les exportations de l’aluminium produit au Cameroun ont atteint 43 916 tonnes au total, pour une enveloppe de recettes de 54,2 milliards de FCFA.
Ce tonnage expédié vers le marché international révèle que le mastodonte de l’aluminium dans la zone Cemac, dont la production annuelle culmine à 70 000 tonnes d’aluminium, a commercialisé sur le marché local 37,3 % de sa production en 2023. En effet, en plus de sa filiale Socatral, dédiée à la production de tôles en aluminium, et bien d’autres fabricants locaux de ce matériau de construction, Alucam livre également la matière première aux transformateurs locaux tels que la société chinoise Everwell Cameroun, qui produit des câbles électriques, et Phoenix Aluminium Cameroun, producteur de profilés d’aluminium.
Un avenir radieux sur le marché local
Dès l’année 2027, le carnet de commandes d’Alucam sur le marché local devrait s’étoffer, avec l’arrivée d’un client majeur. Il s’agit de la société Proalu SA. Cette filiale du mastodonte de l’acier Prometal Groupe a en effet signé le 13 août 2024 à Yaoundé, avec l’État du Cameroun et le producteur d’aluminium, un protocole d’accord d’investissement et un contrat commercial, en vue de la construction d’un complexe industriel dédié à la transformation de l’aluminium dans la zone industrielle de Douala-Bassa, dans la capitale économique du pays.
Selon le projet, maturé pendant 3 ans par le cabinet camerounais de conseils en investissements JMJ Africa, et auquel Joseph Dion Nguté, le Premier ministre camerounais, aurait donné une impulsion décisive, selon des sources proches du dossier, Alucam fournira annuellement 30 000 tonnes de matière première à Proalu SA, qui deviendra son client principal. En captant ainsi près de 50 % de la production d’Alucam, Proalu SA lui garantit un chiffre d’affaires annuel de 48 milliards de FCFA, apprend-on officiellement. Le complexe industriel de Proalu SA, dont la livraison est projetée pour le début de l’année 2027, produira alors des bobines d’aluminium, des bobines d’acier prélaquées, des câbles électriques ainsi que bien d’autres produits dérivés.
Le contrat commercial entre Alucam et Proalu SA, selon des indiscrétions glanées à bonnes sources, prévoit même des avances sur les commandes de matière première, afin d’oxygéner la trésorerie d’Alucam, très souvent exsangue ces dernières années, obligeant le producteur d’aluminium à sous-traiter le paiement de ses factures d’électricité à l’État, son actionnaire majoritaire. À l’observation, en s’alliant à Alucam, à travers un chiffre d’affaires annuel garanti de 48 milliards de FCFA et des avances de trésorerie, Proalu SA permet à cette société d’État, à la recherche d’un partenaire stratégique depuis le départ du Canadien Rio Tinto il y a 10 ans, d’effectuer un grand bon en avant dans le cadre de son processus de restructuration.
Brice R. Mbodiam
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