Banane : la CDC n’a exporté que 18 121 tonnes en 11 mois, soit 5 fois moins qu’avant la crise anglophone

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Banane : la CDC n’a exporté que 18 121 tonnes en 11 mois, soit 5 fois moins qu’avant la crise anglophone
Banane : la CDC n’a exporté que 18 121 tonnes en 11 mois, soit 5 fois moins qu’avant la crise anglophone

Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Deux ans et demi après son retour sur le marché de la banane au Cameroun, au terme d’une suspension des activités qui aura duré près de 2 ans (entre septembre 2018 et juin 2020), l’agro-industriel public CDC, 2e employeur au Cameroun après l’État, continue de payer le lourd tribut de la crise anglophone. Cette crise socio-politique née de revendications corporatistes, qui se sont ensuite muées en revendications séparatistes, secoue depuis fin 2016 les deux régions anglophones du pays, dont celle du Sud-Ouest dans laquelle cette société d’État exploite des plantations de bananes, hévéa et palmiers à huile.

Sur le segment banane, par exemple, la CDC n’a pu exporter que 18 121 tonnes entre janvier et novembre 2022, selon les données compilées par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam). À fin novembre 2016, année du déclenchement de la crise anglophone, qui va par la suite plomber le fonctionnement de cette entreprise publique, 102 255 tonnes de bananes avaient déjà été exportées. Ce volume des exportations correspond à 5,6 fois celui des exportations affichées au 30 novembre 2022.

Pis, au cours de l’année courante, en attendant la production de décembre 2022, la production mensuelle de bananes de cette unité agro-industrielle n’a franchi la barre de 2 000 tonnes qu’en avril dernier (2097 tonnes exactement), alors qu’elle atteignait souvent des pics de 12 000 tonnes mensuelles par le passé. Cette faible production témoigne des difficultés de la CDC à se relever de la crise anglophone, malgré son atténuation depuis plusieurs mois. Cette accalmie, qui avait catalysé le retour de la CDC dans le fichier des exportateurs de bananes en juin 2020, après sa sortie en septembre 2018, avait été précédée par une longue période d’insécurité, qui avait amené l’entreprise à suspendre ses activités.

Dans le détail, en 2018, 12 sites sur 29 étaient en arrêt total de production à la CDC, selon un rapport du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la principale organisation patronale du pays. Selon la CDC, certains de ces sites étaient d’ailleurs devenus des camps de base pour des milices armées qui ont délogé les travailleurs, causant au passage la mort de certains employés. Cette conjoncture difficile avait officiellement causé la perte de 6 124 emplois sur les plus de 22 000 que comptait l’entreprise.

Malgré la reprise des exportations de bananes en septembre 2018, cette société d’État a achevé l’exercice 2020 avec une perte sèche de plus de 18 milliards de FCFA, selon les données du ministère des Finances. Depuis 2021, malgré les difficultés financières, les dirigeants de la CDC et son unique actionnaire qu’est l’État s’emploient à relancer les activités sur plusieurs sites à l’abandon depuis 5 ans dans certains cas. Mais, les résultats demeurent moribonds jusqu’ici.

Brice R. Mbodiam

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