Crise des Expulsions entre Cameroun et Guinée Équatoriale

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Crise des Expulsions entre Cameroun et Guinée Équatoriale
Crise des Expulsions entre Cameroun et Guinée Équatoriale

Africa-Press – Cameroun. D’après des révélations exclusives de Jeune Afrique, l’expulsion brutale de plus de 230 Camerounais de Guinée équatoriale a déclenché une crise diplomatique entre les deux pays.

Un nouvel épisode de tension diplomatique vient d’éclater entre le Cameroun et la Guinée équatoriale. Selon une enquête exclusive de Jeune Afrique, 231 ressortissants camerounais – 28 femmes et 203 hommes – ont été expulsés manu militari de Guinée équatoriale le 21 avril dernier, provoquant l’indignation des autorités camerounaises et ravivant des tensions historiques entre les deux voisins d’Afrique centrale.

D’après les informations recueillies par Jeune Afrique, ces expulsions auraient été déclenchées par une simple altercation entre commerçants camerounais et équato-guinéens. Les personnes expulsées, pour la plupart résidentes de longue date en Guinée équatoriale, affirment n’avoir été impliquées dans aucune activité criminelle.

L’enquête de Jeune Afrique révèle des détails troublants sur les conditions de cette opération. Selon plusieurs témoignages, les autorités locales auraient confisqué téléphones portables et cartes bancaires, dépouillant les victimes de leurs moyens de communication et de subsistance. Certains affirment avoir passé près d’une dizaine de jours en détention à huis clos, parfois émaillés de sévices physiques, sans informations sur leur sort.

« À leur retour, les expulsés racontent avoir été contraints d’abandonner derrière eux familles et biens matériels », rapporte Jeune Afrique, qui précise qu’une opération de récupération serait en cours pour tenter de rapatrier leurs valises et leurs téléphones.

Face à ce que certains qualifient de « déportation à la Trump », le gouvernement camerounais a réagi avec une fermeté inhabituelle. Jeune Afrique révèle que, sur très hautes instructions du président Biya, le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a convoqué l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Cameroun, Armando Kote Echuaca, le vendredi 25 avril.

Lors de cet entretien, le chef de la diplomatie camerounaise a exprimé « l’indignation et la forte désapprobation » de Yaoundé, dénonçant une violation manifeste des conventions communautaires en matière de libre circulation des biens et des personnes. Il a également réaffirmé l’attachement du chef de l’État à la protection de chaque citoyen camerounais à l’étranger.

L’ambassadeur équato-guinéen a exprimé ses « regrets » pour cet épisode qu’il a qualifié de « malencontreux » et s’est engagé à transmettre la position de Yaoundé aux autorités de Malabo. Malgré ces assurances diplomatiques, Jeune Afrique rapporte que « de nouveaux cortèges de Camerounais de Guinée équatoriale s’apprêteraient à regagner, par contrainte, leur pays d’origine. »

Ce qui suscite particulièrement l’ire des autorités camerounaises, selon l’enquête de Jeune Afrique, c’est l’absence totale de notification préalable. Ni l’ambassade du Cameroun à Malabo ni le consulat général à Bata n’avaient été informés de l’opération, ce qui constitue, aux yeux de Yaoundé, un « manque d’élégance diplomatique » flagrant.

Cette absence de communication préalable contrevient non seulement aux usages diplomatiques habituels mais également aux accords sous-régionaux sur la libre circulation des personnes, notamment au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).

Dans un esprit d’apaisement, le ministre camerounais a proposé « l’organisation urgente de consultations bilatérales sur les questions consulaires », afin de prévenir de nouveaux incidents et d’asseoir une solution durable, dans le respect mutuel de la souveraineté des deux États et de leurs relations historiques.

Alors que la crise couve encore, Jeune Afrique rapporte que Yaoundé attend désormais une réponse officielle de Malabo à sa proposition de consultations bilatérales, dans l’espoir d’éviter une escalade qui pourrait compromettre davantage les relations entre les deux pays à l’approche des élections présidentielles camerounaises prévues pour octobre 2025.

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