Africa-Press – Cameroun. Le patron du cabinet éponyme, qui a dénoncé le pillage organisé au Port autonome de Douala, s’oppose aux multiples contrôles arbitraires et illégaux, en forme de harcèlement.
La ministre déléguée à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), Mbah Acha Rose Fomundam, risque de rencontrer une forte résistance dans son projet de mission de vérification des actifs résiduels des ex-Régie nationale des chemins de fer (Regifercam) et Office national des ports (Onpc).
Ledit projet a, le 1er septembre, fait l’objet d’une correspondance à son collègue des Transports (Mintransports), Jean Ernest Ngalle Bibehe. Il vise à auditer la gestion confiée depuis 2006 au cabinet Atou.
La mission projetée, note-t-on, est la énième du genre en quelques années seulement, les premières n’ayant relevé aucune entorse à la mission confiée au liquidateur. Elle devrait intervenir dans un contexte particulier, c’est-à-dire au lendemain de l’audition, par le corps spécialisé des officiers de police judiciaire (Opj) du Tribunal criminel spécial (Tcs), du directeur général du Port autonome de Douala (Pad).
Le 18 août en effet, Cyrus Ngo’o a longuement été entendu dans cette haute juridiction pour prévarication présumée de l’entreprise dont il a la charge, sur la base d’une dénonciation de Lazare Atou, l’administrateur général du cabinet éponyme. Ses imputations portent sur le très controversé «marché spécial» dit de sécurisation de la place portuaire de la métropole économique.
Signé en avril 2018 pour deux ans par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, attribuée à la nébuleuse Porsec à hauteur de quelque 25 milliards de francs, son exécution est sujette à caution alors que des paiements de plus de 53 milliards de francs ont déjà été effectués. Depuis lors, ceux présentés comme les parrains de M. Ngo’o remuent ciel et terre, déterrant des documents présentés comme compromettants contre le liquidateur Atou.
Dispositions réglementaires En juillet 2019, M. Atou avait déjà introduit, auprès de la Consupe, un recours gracieux sur l’audit de gestion des immeubles ayant appartenu à l’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb), dont il est également le liquidateur des actifs résiduels. Evoquant les missions de vérification, il rappelait que des inspecteurs d’Etat avaient déjà séjourné dans son cabinet pendant 6 années entières et consécutives (2012-2017).
Du coup, il ne voyait pas la nécessité de multiples contrôles pour le même objet.
A l’époque, le cabinet de liquidation, notant la pleine collaboration apportée aux missionnés, évoquait déjà des accusations mensongères de malversations dirigées contre lui.
Dans le même temps, constatait-il, un silence coupable semblait protéger des auteurs de prévarication, pourtant clairement identifiés, contre des biens immobiliers ayant appartenu aux entreprises liquidées. D’où son rappel des dispositions réglementaires, voulant que l’implication du gouvernement dans le secteur privé soit menée dans la transparence, sur la base de règles et procédures non-discriminatoires».
Correspondance prémonitoire
Il convient à cet effet de rappeler que le cabinet privé Atou est un organisme privé, concessionnaire du service public dans le cadre de la gestion des actifs résiduels des ex-Regifercam, Onpc et Oncpb. Le prestataire, gestionnaire délégué et non gestionnaire exclusif, exerce cette activité à ses charges, risques et périls. Il ne jouit ainsi d’aucune subvention, aval ou caution de l’Etat.
Dans son adresse à la Consupe, le cabinet Atou mentionnait que cette administration, relevant de l’exécutif, n’avait pas vocation à contrôler directement les concessions de services publics, ladite compétence relevant exclusivement du judiciaire (juridiction des comptes) et du législatif (commissions parlementaires).
Qui plus est, soulignait la correspondance prémonitoire, l’environnement hautement conflictuel du dossier avait entraîné la mise en place d’un groupe de travail logé dans les services du Premier ministre. Nos informations, puisées à bonne source, indiquent que des représentants du Consupe, des Finances (Minfi), du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) et de . la Justice (Minjustice), y siègent régulièrement et sont comptables des rapports d’étape dressés à chaque session de travail.
D’où le refus du cabinet Atou de recevoir, désormais, ce qu’il considère comme des «missions parallèles», manifestement nourries par une claire volonté de nuire. Ces mêmes arguments seront, on peut le prédire, servis aux envoyés spéciaux de dame Mbah Acha Rose Fomundam. D’après une source, on se sert de plus en plus de cette dernière pour règlements des comptes.
Rappelons que, dans ce qui s’apparente à des expéditions punitives contre le cabinet-conseil Atou, coupable d’avoir livré à la justice de présumés crimes économiques de Cyrus Ngo’o au Pad, le patron du Mindcaf, Henri Eyebe Ayissi, est entré dans la danse. Il essaye, depuis des mois, de passer outre les instructions du Pm, Joseph Dion Ngute, relatives à des ventes illégales de biens immobiliers de l’Etat ayant appartenu à l’Onpc, à l’Oncpb et à la Regifercam.