Africa-Press – Cameroun. Le magazine Jeune Afrique révèle les détails du grand rassemblement organisé par Maurice Kamto ce samedi 31 mai sur la place de la République à Paris. L’opposant camerounais a réussi à mobiliser massivement la diaspora européenne dans ce qui s’apparente déjà au lancement officieux de sa campagne présidentielle pour 2025.
Selon les informations rapportées par Jeune Afrique, Maurice Kamto a choisi de revenir sur la place de la République, théâtre de son premier grand meeting parisien il y a cinq ans. Ce choix n’est pas anodin pour le président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), désormais candidat désigné de l’Alliance politique pour le changement (APC) pour la prochaine présidentiell
La mobilisation a été au rendez-vous avec des milliers de Camerounais de la diaspora d’Europe venus témoigner leur soutien. Le MRC revendique le chiffre de 45 000 participants, une démonstration de force qui n’est pas passée inaperçue dans les cercles politiques camerounais
Jeune Afrique souligne que Maurice Kamto n’a pas esquivé la controverse autour de sa possible investiture par sa propre formation politique. Dès l’entame de son discours, l’opposant a tenu à clarifier sa position sur ce sujet sensible. « Il n’y a aucun obstacle juridique à ma candidature », a-t-il déclaré, tentant de relativiser les interrogations tout en dénonçant ce qu’il considère comme des manœuvres visant à l’écarter du processus électoral.
Cette prise de position directe témoigne de la détermination de celui qui fut le principal challenger de Paul Biya lors de l’élection présidentielle de 2018 à maintenir ses ambitions politiques malgré les obstacles juridiques et politiques qui se dressent sur sa route.
Le magazine Jeune Afrique rapporte également les propos particulièrement marquants de Maurice Kamto concernant le président sortant Paul Biya. L’opposant n’a pas hésité à critiquer ouvertement l’entourage du chef de l’État, déclarant qu’il lui faisait « mal de voir Paul Biya livré, du haut de son grand âge, en spectacle par ceux de son entourage qui rêvent d’accéder au pouvoir sans passer par les urnes ».
Plus surprenant encore, Maurice Kamto a tenu des propos qui ont été largement repris par les observateurs politiques selon Jeune Afrique: « Rien n’arrivera à Paul Biya ni à sa famille après mon élection. Il aura ma protection. Mais ceux qui ont pillé les fonds publics devront répondre de leurs actes devant la justice. » Cette déclaration semble viser à rassurer tout en maintenant une ligne ferme sur la lutte contre la corruption.
Comme le détaille Jeune Afrique, Maurice Kamto a profité de cette tribune parisienne pour passer en revue les thématiques centrales de son engagement politique. Le rôle de la diaspora, la résolution de la crise anglophone, la lutte contre les discours de haine et la question de la souveraineté du Cameroun ont été au cœur de son intervention.
L’opposant a particulièrement insisté sur la mobilisation de ses partisans, les appelant à « défendre l’État de droit ». Il s’est inspiré de l’exemple sénégalais, prenant référence sur la mobilisation citoyenne qui a précédé la victoire du duo Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Faye lors de la présidentielle de 2024 au Sénégal.
Jeune Afrique révèle que le rassemblement parisien n’a pas laissé indifférent le camp présidentiel à Yaoundé. Le secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Grégoire Owona, a réagi quelques heures seulement après la fin du meeting, qualifiant de « minable » un rassemblement qui « n’a pas vu les dizaines de millions de Camerounais annoncés ».
Le ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo, allié de Paul Biya, a pour sa part jugé « fallacieuses » les promesses faites par Maurice Kamto, notamment celle concernant la protection du président actuel. Célestin Djamen, transfuge du MRC, a également tenté de relativiser la portée de l’événement en estimant que « 98% des personnes présentes à Paris n’étaient pas inscrites sur les listes électorales ».
Selon les informations de Jeune Afrique, Maurice Kamto a profité de son séjour parisien pour lancer une opération de financement participatif auprès de ses soutiens de la diaspora. « Je n’ai pas les moyens de l’État, je n’ai que vous, je vous invite à contribuer massivement pour ma campagne », a-t-il lancé à ses partisans, soulignant la différence de moyens avec le camp présidentiel.
Cette démarche de crowdfunding illustre la stratégie de l’opposant qui mise sur l’engagement de ses sympathisants pour compenser l’inégalité des moyens financiers face à la machine électorale du pouvoir en place.
Jeune Afrique précise que Maurice Kamto doit multiplier les rendez-vous avec les responsables de son parti en Europe cette semaine. Un déplacement en Allemagne est également prévu, où le MRC compte une importante base militante, témoignant de l’implantation de l’opposition camerounaise au sein de la diaspora européenne.
Le retour de Maurice Kamto au Cameroun est programmé pour le 8 juin. Avant de rallier son quartier général dans la capitale Yaoundé, l’opposant tiendra une séance de travail au siège de son parti à Douala le même jour. Cette réunion avec les cadres et militants du MRC ainsi que les acteurs impliqués dans l’organisation électorale dans la région du Littoral devrait permettre de faire le point sur les inscriptions sur les listes électorales et de relancer la dynamique de campagne sur le terrain camerounais.
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