Africa-Press – Cameroun. Dans son enquête exclusive, Jeune Afrique dévoile le rôle clé du puissant ministre de la Justice dans la résistance de la vieille garde du régime camerounais. Portrait d’un soutien stratégique qui partage le même sort que Sadi.
Si René Emmanuel Sadi incarne la figure visible de la révolte des barons historiques du régime camerounais, Laurent Esso en représente le soutien le plus solide. Jeune Afrique révèle dans son édition du 26 décembre les contours d’une alliance stratégique entre deux poids lourds qui refusent de céder le terrain au nouveau cercle de pouvoir.
C’est en ces termes que Jeune Afrique qualifie la relation entre Laurent Esso, ministre de la Justice, et René Emmanuel Sadi. Cette formulation sobre du magazine panafricain cache une réalité politique bien plus complexe: celle d’une solidarité entre anciens compagnons face à ce qu’ils perçoivent comme une confiscation du pouvoir.
Selon les informations exclusives recueillies par Jeune Afrique, Laurent Esso appartient, comme Sadi, « à cette génération d’anciens compagnons du chef de l’État, dont nombreux sont les Camerounais à avoir questionné l’ambition de parvenir un jour à la tête du Cameroun ».
Cette phrase révèle une dimension essentielle: Esso n’est pas qu’un simple soutien de Sadi, il partage avec lui un destin politique commun, celui d’avoir été considéré comme un potentiel dauphin avant d’être progressivement marginalisé.
Si Jeune Afrique précise que Laurent Esso a été placé « dans une moindre mesure » que Sadi en position de « chef de file d’une frange historique de barons du RDPC », cette nuance ne doit pas masquer l’importance stratégique de sa position.
À la tête du ministère de la Justice, Esso contrôle un des leviers essentiels de l’État. Cette position lui confère un pouvoir de nuisance considérable face au clan de Ferdinand Ngoh Ngoh, même si le magazine ne détaille pas explicitement comment ce pouvoir s’exerce.
Jeune Afrique révèle que Laurent Esso fait partie de ces barons « progressivement marginalisés par un cercle plus resserré, perçu comme proche de la première dame, Chantal Biya, et incarné par Ferdinand Ngoh Ngoh ».
Cette marginalisation commune crée les conditions d’une alliance objective. Le magazine laisse entendre que si Sadi se permet de défier publiquement le secrétaire général de la présidence, c’est aussi parce qu’il sait pouvoir compter sur des soutiens de poids comme Esso au sein du gouvernement.
L’analyse de Jeune Afrique met en lumière un élément crucial: Laurent Esso et René Emmanuel Sadi se considèrent comme faisant partie d’une catégorie à part, celle des « barons du RDPC qui n’acceptent de rendre des comptes qu’au président ».
Cette conception hiérarchique du pouvoir les place structurellement en opposition avec Ferdinand Ngoh Ngoh, qui prétend exercer un contrôle sur l’ensemble de l’appareil gouvernemental en tant que secrétaire général de la présidence.
Pour ces barons historiques révélés par Jeune Afrique, reconnaître l’autorité de Ngoh Ngoh reviendrait à admettre qu’ils ne sont plus les égaux du président mais de simples subordonnés d’un homme qu’ils considèrent comme un parvenu.
Le magazine panafricain soulève une question intrigante concernant Laurent Esso: a-t-il, comme Sadi, « jamais nourri une ambition présidentielle »? Jeune Afrique n’apporte pas de réponse définitive, mais le simple fait de poser la question en dit long sur la stature politique du ministre de la Justice.
Si « nombreux sont les Camerounais à avoir questionné l’ambition » d’Esso de diriger un jour le pays, c’est que son parcours et son influence l’ont naturellement placé dans le cercle restreint des successeurs potentiels de Paul Biya.
Cette dimension ajoute une couche de complexité à son soutien à Sadi: les deux hommes ne défendent pas seulement leur position actuelle, mais aussi leurs prétentions – réelles ou supposées – à jouer un rôle dans l’après-Biya.
Contrairement à René Emmanuel Sadi, Laurent Esso ne s’est pas illustré par des confrontations publiques spectaculaires. Jeune Afrique ne mentionne d’ailleurs pas sa présence lors de la réunion explosive du 8 juillet 2025 à la présidence.
Cette discrétion apparente ne signifie pas pour autant une acceptation passive de la marginalisation. Le magazine laisse entendre qu’Esso mène sa résistance de manière plus feutrée, usant de son influence au sein de l’appareil judiciaire et de ses réseaux au sein du RDPC.
En révélant l’alliance entre Sadi et Esso, Jeune Afrique met en lumière l’existence d’un réseau de résistance au sein même du gouvernement. Ces barons historiques, liés par des décennies de parcours commun au service de Paul Biya, forment un bloc qui refuse de disparaître sans combattre.
Le magazine suggère que cette solidarité dépasse les deux hommes: Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, qui a pris la parole lors de la réunion du 8 juillet pour regretter « une cacophonie au sommet de l’État », pourrait également faire partie de ce réseau de barons historiques.
L’expression utilisée par Jeune Afrique pour décrire la situation de ces barons est particulièrement éloquente. Le magazine révèle que « malgré le séisme de la présidentielle du 12 octobre dernier, tous continuent pour le moment de servir, avalant la couleuvre de leur marginalisation ».
Cette formulation suggère une acceptation contrainte et temporaire. Laurent Esso, comme René Emmanuel Sadi, semble attendre son heure, maintenant sa position en espérant un retournement de situation qui pourrait venir d’un arbitrage présidentiel ou d’un changement de rapport de force.
Jeune Afrique conclut son analyse en constatant que « la guerre des clans ne s’en poursuit pas moins ». Cette guerre souterraine dans laquelle Laurent Esso joue un rôle central, bien que moins visible que celui de Sadi, pourrait s’intensifier à mesure que la question de la succession de Paul Biya devient plus pressante.
Le soutien du ministre de la Justice à René Emmanuel Sadi n’est pas qu’une question de fidélité personnelle: il s’agit d’une alliance stratégique entre deux hommes qui partagent une vision commune de ce que devrait être l’après-Biya et qui refusent de laisser le champ libre au clan de Ferdinand Ngoh Ngoh.
En révélant ces dynamiques, Jeune Afrique offre un éclairage précieux sur les luttes de pouvoir qui se jouent dans les coulisses du régime camerounais. Laurent Esso apparaît non pas comme un acteur secondaire, mais comme une pièce maîtresse d’un échiquier où se joue l’avenir politique du Cameroun.





