Africa-Press – Cameroun. « Nous avons été surpris de constater que parmi les communautés malvoyantes et aveugles, seuls 2% d’entre eux sont éligibles à l’utilisation d’un chien-guide d’aveugle. » C’est ce constat qui a donné l’idée au Pr Shiqi Zhang d’entraîner des robots quadrupèdes pour qu’ils puissent prendre le relais de ces chiens dont le dressage est long – deux à trois ans – et coûteux.
Un chien robot dans un couloir de laboratoire
Avec 50% seulement des animaux terminant leur formation et finalement aptes à accompagner les non-voyants, leur coût s’envole en effet autour de 50.000 dollars aux Etats-Unis.
Ainsi, lors de la conférence internationale sur l’apprentissage des robots qui s’est tenue à Atlanta du 6 au 9 novembre, avec son équipe du département d’informatique de l’université d’Etat de New York à Binghamton (Etats-Unis), Shiqi Zhang a présenté une démonstration dans laquelle leur chien robot conduisait une personne dans un couloir de laboratoire, répondant avec assurance et prudence aux instructions.
Des chercheurs de l’université d’Etat de New York à Binghamton ont présenté une démonstration dans laquelle un chien robot conduisait une personne dans un couloir de leur laboratoire. Crédits: Binghamton University, State University of New York.
Les scientifiques ont développé pour cela une interface intelligente de tirage en laisse qui fonctionne par apprentissage par renforcement. « En environ 10 heures de formation, ces robots sont capables de se déplacer, de naviguer dans l’environnement intérieur, de guider les gens, d’éviter les obstacles et, en même temps, de détecter et réagir à la personne qu’ils tirent », détaille Shiqi Zhang.
La démonstration en environnement clôt est encore préliminaire, mais l’équipe travaille en étroite collaboration avec la fédération nationale des aveugles de l’Etat de New York pour que leur intelligence artificielle soit la plus adaptée aux besoins en vie réelle.
Mettre à profit le vécu des maîtres non-voyants
En Australie, c’est un doctorant non-voyant de la Queensland University of Technology qui a choisi de faire sa thèse d’ingénieur sur le « dressage » informatique d’un robot de Boston Dynamics baptisé Spot.
Pour sa thèse, Santiago Velasquez met en effet à profit son expérience de maître d’un chien-guide d’aveugle, Trey (en photo de une). Le premier enjeu est d’apprendre au robot à faire ce que les chiens font naturellement: « Un chien n’a pas besoin de formation particulière pour faire la différence entre un poteau vert et une herbe haute, verte aussi… », explique Santiago Velasquez.
Quoiqu’il en soit, il est indispensable pour les programmeurs de se reposer sur l’expérience des maîtres non-voyants pour anticiper des erreurs ou contraintes que seuls eux peuvent anticiper.
A l’université de technologie du Queensland en Australie, un robot quadrupède de Boston Dynamics est « dressé » par des ingénieurs pour en faire un guide d’aveugle. Queensland University of Technology
Mais une fois un robot correctement programmé, il suffirait de dupliquer le code de son programme pour mettre à disposition autant de guides que nécessaires.
Un travail qui pourrait encore nécessiter une dizaine d’année selon l’équipe du département de robotique de l’université. De fait, la diversité des environnements et des situations auxquels doit pouvoir se confronter un chien-guide tout en assurant la sécurité de son maître vulnérable est immense.
C’est pourquoi, à ce jour, l’objectif n’est pas vraiment de remplacer le chien. Mais de pouvoir proposer un outil d’aide dans certaines situations (supermarchés, aéroports, etc.) à des personnes qui ne veulent ou ne peuvent pas adopter un vrai chien-guide.
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