Africa-Press – CentrAfricaine. La chute de cheveux chez l’homme, ou alopécie androgénétique, est la forme de perte de cheveux la plus courante. Environ 80 % des hommes européens vont être concernés au cours de leur vie. Cette chute de cheveux est progressive et résulte de deux facteurs : une prédisposition génétique et l’action des androgènes, les hormones sexuelles mâles.
« La chute des cheveux chez l’homme est très largement héréditaire »
Jusque-là, la recherche s’est concentrée sur les variants génétiques les plus répandus et a pu identifier plus de 350 loci, c’est-à-dire des régions d’un chromosome, qui seraient responsables de la chute de cheveux. « Grâce à des études antérieures, nous savons que la chute des cheveux chez l’homme est très largement héréditaire. Nous pensons que le risque personnel de développer une perte de cheveux peut s’expliquer presque entièrement par une prédisposition génétique. Des facteurs non génétiques tels que l’obésité et le tabagisme ont été évoqués, mais les recherches à ce sujet sont encore floues. Des études génétiques antérieures, qui analysaient principalement des variants génétiques courantes, ont fourni la preuve d’un grand nombre de gènes et de voies de signalisation biologique impliqués », explique à Sciences et Avenir la Dr Stefanie Heilmann-Heimbach, généticienne à l’Université de Bonn en Allemagne. Un des gènes prédisposants identifié à la chute de cheveux est porté par le chromosome X, il est donc transmis aux hommes par leur mère.
Un challenge statistique
Par conséquent, la science a toujours supposé que le rôle de variants génétiques plus rares était bien moins important et ces derniers n’avaient pas été scrutés de plus près. Ce genre d’analyses est plus compliquée puisqu’elle requiert de larges cohortes. Mais des chercheurs de l’Université de Bonn ont décidé de se frotter à ce véritable challenge statistique : trouver de nouveaux variants si rares qu’ils étaient probablement portés par très peu d’individus, voire même par une seule personne.
« Alors que les études précédentes portaient principalement sur des variants génétiques plus courants, notre étude s’est concentrée sur des variants génétiques rares dans les régions codantes du génome. L’analyse systématique de ces variants nécessite de grands groupes d’étude et des informations sur la séquence de bases exacte dans les régions codantes du génome, appelées données exome. Ces derniers étaient disponibles pour un grand nombre de sujets de sexe masculin auprès de la UK Biobank [une large base de données biomédicales au Royaume-Uni] et constituent la base de notre étude », poursuit la Dr Heilmann-Heimbach.
En associant plusieurs méthodes de bioinformatique et de génomique, ils ont pu passer au crible les séquences génétiques de 72.469 hommes âgés de 39 à 82 ans. Ils ont réussi à identifier une association entre la perte de cheveux chez les hommes et la présence de variants génétiques rares sur cinq gènes en particulier : EDA2R, WNT10A, HEPH, CEPT1, et EIF3F.
Moins de 1% de la population
Avant ces analyses, deux d’entre eux (EDA2R et WNT10A) étaient déjà considérés comme des gènes potentiellement impliqués dans la chute de cheveux. Un autre (HEPH) est situé dans une région génétique déjà impliquée dans des variants courants. En revanche, les deux derniers gènes (CEPT1 et EIF3F) sont situés dans des régions génétiques qui n’avaient pas encore été associées à la perte de cheveux chez les hommes. Et en effet, comme prévu, ces variants étaient nichés dans le patrimoine génétique de très peu d’individus. « Ils étaient présents chez moins de 1 % de la population. Les variants examinés ne sont apparus que chez quelques personnes, et dans certains cas seulement chez des personnes individuelles », précise la généticienne.
Ces travaux, publiés dans Nature Communications, vont permettre de comprendre comment l’influence des gènes communs et des gènes plus rares se mêlent dans l’apparition de la chute de cheveux. « Les interactions entre les variants rares et les variants courants pourraient conduire à une meilleure prévision du risque de chute de cheveux et pourraient ouvrir la voie au développement de thérapies personnalisées », espèrent les chercheurs.
Enfin, en observant les gènes les plus fortement liés à la perte de cheveux, l’équipe s’est aperçue qu’ils étaient associés à la survenue de maladies héréditaires rares de la peau et des cheveux, comme la dysplasie ectodermique (caractérisée par des cheveux clairsemés, des dents manquantes et une absence de sudation). Ces gènes, qui jouent donc un rôle fondamental dans la biologie de la peau et des cheveux, peuvent conduire à des maladies graves selon les variants qu’ils portent. Un premier élément pour peut-être, à l’avenir, utiliser ces voies de signalisation pour traiter ces maladies.
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