Africa-Press – CentrAfricaine. Le gouvernement centrafricain veut remettre de l’ordre dans le secteur pétrolier, et il y a du boulot. À Bangui, un atelier de deux jours vient de se tenir pour revoir les règles qui encadrent la gestion des produits pétroliers et l’électricité. L’idée principale? Créer une nouvelle agence pour superviser tout ça. Mais derrière les annonces, on sent une improvisation qui laisse perplexe.
Revenons en arrière. En 2021, l’Agence de stabilisation et de régulation des prix des produits pétroliers (ASRP) a été supprimée. À l’époque, le gouvernement avait jugé qu’elle coûtait trop cher et ne servait pas à grand-chose. Résultat: depuis, c’est un peu le bazar. La contrebande a explosé, les importations frauduleuses se multiplient et les caisses de l’État perdent gros – jusqu’à un milliard de francs CFA par mois, selon certaines estimations. Un comité a bien été créé pour limiter la casse, mais il n’a pas vraiment fait des miracles.
Aujourd’hui, le gouvernement fait machine arrière et veut remettre une agence sur pied. Lors de l’atelier, les participants, des responsables du ministère de l’Énergie, des acteurs du secteur et d’autres experts, ont planché sur deux projets de loi: un pour réorganiser le secteur pétrolier, l’autre pour l’électricité. L’objectif est clair: il faut une structure solide pour contrôler les prix, garantir la qualité des produits et éviter les dérives. « On a besoin d’une agence qui mette de l’ordre dans tout ça », a résumé Jean-Gilles Cacaut, un participant. Il a aussi insisté sur un point: donner la priorité aux Centrafricains pour transporter les produits pétroliers dans le pays.
D’autres idées ont émergé, comme obliger les entreprises pétrolières à embaucher au moins un Centrafricain à un poste de direction ou créer un laboratoire pour vérifier la qualité du carburant. Léa Doumta Koyassoum, une autre participante, n’a pas mâché ses mots: « Sans l’ASRP, c’était presque la catastrophe. On a vu ce que ça donne quand il n’y a pas de contrôle sérieux ».
Mais ce qui interpelle, c’est le flou autour de ces réformes. Prenons l’exemple de Neptune Oil, une entreprise camerounaise qui a obtenu le monopole pour importer les produits pétroliers. Ce choix a fait grincer des dents. Beaucoup dénoncent un manque de transparence et des pertes fiscales énormes. Le Groupe de travail de la société civile (GTSC) parle même d’une gestion douteuse. Et là, d’un coup, on nous dit que la priorité va aux Centrafricains. Alors, quoi? On donne un monopole à une entreprise étrangère, et maintenant on change de discours? C’est difficile de suivre.
Le ministre de l’Énergie, Bertrand Arthur Piri , assure que tout ça s’inscrit dans la vision du président Faustin Archange Touadéra, qui veut un secteur pétrolier dynamique et profitable pour tous. Sur le papier, c’est séduisant. Mais dans les faits, on a l’impression que le gouvernement tâtonne, qu’il bricole sans vraiment savoir où il va. Supprimer une agence, puis la recréer quelques années plus tard, accorder un monopole à une entreprise étrangère, puis parler de privilégier les centrafricains… Ça donne le tournis.
Les projets de loi vont bientôt arriver à l’Assemblée nationale. S’ils sont adoptés, ils pourraient poser les bases d’un secteur mieux géré, capable d’attirer des investisseurs tout en profitant aux Centrafricains. Mais pour ça, il faudra plus que des annonces. Il faudra de la clarté, de la cohérence et, surtout, une vraie volonté de mettre fin aux pratiques opaques qui plombent le pays depuis trop longtemps. En attendant, beaucoup se demandent: à quoi joue le gouvernement?
Source: corbeaunews
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