Africa-Press – CentrAfricaine. Les récents accords de cessez-le-feu signés entre le gouvernement centrafricain et deux groupes armés majeurs sont sérieusement menacés par les exactions du groupe Wagner, qui continue de semer le chaos et la violence.
Le 19 avril dernier, à N’Djamena au Tchad, le gouvernement centrafricain signe un nouvel accord de cessez-le-feu avec les groupes armés les Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC). Cet accord, qui engage les factions rebelles à mettre fin aux hostilités, à dissoudre leurs mouvements et à réintégrer la vie civile, représente une lueur d’espoir pour la paix en République centrafricaine. Cette tentative de pacification est mise en danger par les actions unilatérales du groupe Wagner. Les mercenaires russes ont lancé une série d’interventions pour forcer l’application des directives de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR), stipulées dans les accords de N’Djamena. Ils ont notamment pris la liberté de poser des ultimatums et d’adresser des menaces, et ont également pillé les villages par lesquels ils sont passés.
Des tensions marquent la collaboration entre Faustin Archange Touadéra et le groupe paramilitaire russe. Le président de la République Centrafricaine a été contraint de signer un accord avec la Russie pour remplacer les mercenaires de Wagner par l’Africa Corps. Contrairement à Wagner, le groupe Africa Corps sera payé par la Centrafrique. Le président Touadéra aurait jusqu’au 31 décembre 2025 pour signer un accord de défense avec Africa Corps, qui débuterait ses opérations dès 2026, après l’élection présidentielle. Le gouvernement doit désormais financer une force militaire étrangère, ce qui pèse lourdement sur les ressources déjà limitées du pays. Cette dépendance financière accrue risque d’aggraver la pauvreté et de provoquer l’hostilité des bailleurs internationaux, essentiels à la survie économique du pays.
Le gouvernement centrafricain doit également faire face aux exactions commises par les mercenaires russes. Depuis 2018, Wagner diversifie ses activités en Centrafrique, allant de la protection rapprochée du président au pillage des ressources naturelles. Ces actions sont bien souvent accompagnées de violences et d’abus contre les civils. Ils n’hésitent pas à raser des villages entiers, à violer et à assassiner les habitants, à voler les biens. La formation des soldats centrafricains par Wagner est un autre point de friction. Selon le Rapport The Sentry de 2023, les mercenaires russes dispensent des formations militaires qui incluent des techniques de torture, telles que la manière de couper les doigts et les jambes, d’arracher les ongles, ou encore de brûler des personnes vivantes.
En 2024, Wagner forme un groupe armé issu de l’ethnie Azandé, connu sous le nom de Wagner Ti Azandé (WTA). Ce groupe commet des exactions effroyables en RCA, tuant et violant des civils et pillant des ressources. Un rapport de l’ONU souligne des violentes attaques dans les villes de Dembia et Rafaï, début octobre 2024, en citant « des violences sexuelles, des traitements cruels, inhumains et dégradants » menés contre des adultes et des enfants. Ces crimes sont le prolongement direct des méthodes brutales employées par Wagner depuis son arrivée dans le pays. Ironie du sort, le groupe formé par Wagner s’est retourné contre ses mentors. Les militants de WTA se sont mutinés contre leurs formateurs russes. Fin avril, le groupe armé WTA attaque les FACA et les hommes de Wagner près de Zemio et de Mboki. Cette situation montre à quel point les actions de Wagner sont imprévisibles et dangereuses pour la stabilité du pays….
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