Africa-Press – CentrAfricaine. Les checkpoints militaires installés sur les différents axes routiers de la commune rurale de Guézéli se sont transformés en centres de torture et de racket où les soldats FACA soumettent la population locale à un véritable esclavage économique moderne.
Sur l’axe Yaloké-Bossemptélé, les habitants de Zawa et Boya subissent depuis des années l’arbitraire des éléments des Forces Armées Centrafricaines stationnés aux postes de contrôle. À 245 kilomètres de Bangui pour Zawa et 243 kilomètres de Bangui pour Boya, ces deux villages de la commune rurale de Guézéli vivent sous l’emprise d’un système organisé d’extorsion de fonds.
Les témoignages des villageois dressent un tableau accablant. L’exigence de pièces d’identité, souvent brandie par les militaires, n’est qu’un prétexte parmi d’autres. Avec ou sans carte nationale, chacun doit s’acquitter d’une taxe illégale, appelée pathétiquement « formalité », dont le montant fluctue au gré des humeurs: tantôt 500 FCFA, tantôt 2000, parfois même 5000 FCFA par personne. “Tu présentes ta carte ou pas, l’argent tu le sors quand même”, témoigne un commerçant de Zawa sous anonymat.
Les motocyclistes, principal moyen de transport dans ces zones rurales, constituent les premières victimes de ce racket. Conducteur et passager doivent s’acquitter chacun de la “formalité”, transformant le moindre déplacement en calvaire financier. Les femmes qui se rendent au marché avec leurs produits agricoles ne sont pas épargnées. Chaque sac de manioc, chaque panier de légumes fait l’objet d’une taxation injustifiées.
La violence physique accompagne ces pratiques d’extorsion. Les villageois qui tentent de protester sont immédiatement brutalisés et enfermés dans des geôles improvisées aux abords des barrières. “Ils nous battent et nous enferment jusqu’à ce qu’on paie”, relate une femme de Boya.
Un sous-officier, Adjudant, chef du détachement militaire dans ces zones, coordonne cette entreprise criminelle. Chaque soir vers 18 heures, il effectue sa tournée de collecte des recettes sur ces barrières, puis, laissant ensuite les postes sans surveillance effective jusqu’au petit matin vers 6 heures. Paradoxalement, les véritables actes de banditisme qui se produisent dans un rayon d’un kilomètre des checkpoints ne provoque aucune intervention de ces mêmes militaires.
“Ce sont des voyous en uniforme”, dénonce un habitant de Guézéli. Pour la population locale, ces éléments FACA ne remplissent plus leur mission de sécurisation mais se comportent comme de véritables bandits organisés. Les paysans qui doivent rejoindre leurs champs, les commerçants qui tentent d’écouler leurs marchandises, tous subissent cette forme moderne d’esclavage économique.
Les routes de Guézéli sont devenues des pièges où chaque citoyen doit s’acquitter d’un tribut pour circuler librement dans son propre pays. Cette situation d’impunité totale transforme des militaires censés protéger en prédateurs qui exploitent la précarité des populations rurales.
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