Escroquerie à la Vignette: Agents des Finances en Chaos

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Escroquerie à la Vignette: Agents des Finances en Chaos
Escroquerie à la Vignette: Agents des Finances en Chaos

Africa-Press – CentrAfricaine. Dans la préfecture de Lim-Pendé, la vignette automobile est devenue un cauchemar pour les citoyens. Ce qui devait être une simple taxe s’est transformé en une source d’enrichissement personnel pour certains agents des finances. Ces derniers ont organisé un véritable racket qui touche tous les propriétaires de véhicules, des motocyclettes, des taxis-motos aux particuliers, y compris celles des organisations non gouvernementales.

La vignette automobile a été créée pour alimenter les caisses de l’État. Dans les villes de provinces, cette mesure a pris une tournure inattendue. Les agents des finances multiplient les contrôles et visent principalement les motocyclettes.

Cette situation crée une inégalité de traitement entre les usagers. Pendant que les fonctionnaires circulent librement, car cette exigence ne s’applique pas aux véhicules et engins de l’État, les citoyens ordinaires, quant à eux, subissent des contrôles répétés qui ressemblent davantage à du harcèlement qu’à une application normale de la loi.

Dans la préfecture de Lim-Pendé, la chasse aux engins bat son plein. À Paoua comme dans des villages environnants, c’est le chaos total. Les agents des finances, dans leur stratégie, identifient les endroits où ils peuvent maximiser leurs gains. Par exemple, les marchés hebdomadaires. Prenant l’exemple de Bétoko ou de Bemal, sont devenus leurs terrains de prédilection. Ces lieux de commerce attirent naturellement les véhicules et les motocyclettes, offrant aux agents des impôts un vivier inépuisable de “clients”.

Pendant ce temps, la différence de prix entre chaque localité pose question. À Paoua par exemple, la vignette coûte effectivement 5 000 francs CFA pour chaque moto. Mais pour les véhicules, cela dépend des chevaux fiscaux. Mais ce tarif s’applique seulement à Paoua, dans la capitale de Lim-Pendé. Mais dès qu’on s’éloigne de cette ville, comme par exemple vers Bemal ou Bétoko, le prix monte inexplicablement à 15 000 francs CFA. Aucune explication n’accompagne cette majoration. Les agents se contentent de réclamer le montant sans fournir de justification.

Le système mis en place va bien au-delà d’une simple perception de taxe. Quand un véhicule ou une moto est intercepté pour défaut de vignette, il est immédiatement saisi. Cette étape marque le début d’un processus coûteux pour le propriétaire.

Pour récupérer son véhicule ou sa motocyclette, l’usager doit s’acquitter non seulement de la vignette majorée, mais aussi de frais de gardiennage. Ces derniers, fixés à 2 500 francs CFA par jour, sont gérés par les soldats des Forces armées centrafricaines. Ainsi, une moto gardée trois jours coûtera 7 500 francs CFA supplémentaires, portant la facture totale à 22 500 francs CFA pour une taxe officiellement fixée à 5 000 francs CFA.

Cette mécanique touche également les organisations non gouvernementales. Leurs véhicules, pourtant destinés à des missions humanitaires et de développement, subissent le même traitement que les motos privées.

Les automobilistes de Lim-Pendé ont remarqué l’existence de deux types de vignettes en circulation: une version ronde et une version carrée. Cette différence de format alimente les interrogations sur l’authenticité des documents délivrés par les agents des finances. Certains propriétaires de véhicules soupçonnent que l’une des deux versions pourrait être contrefaite, possiblement fabriquée par les agents eux-mêmes ou obtenue par des circuits parallèles dans le but de tromper les usagers. Devant cette situation, les automobilistes ne savent plus distinguer les vraies vignettes des fausses, d’autant que les autorités compétentes n’ont fourni aucune clarification officielle sur cette différence de format. Cette confusion supplémentaire renforce le climat de méfiance qui règne déjà autour de la gestion de cette taxe dans la préfecture.

Certains cas révèlent l’absurdité du système. À Bemal, un propriétaire avait payé sa vignette de 15 000 francs CFA mais avait oublié de la coller sur sa moto. Lors d’un contrôle, les agents ont saisi sa moto malgré ses explications. L’homme est rentré chez lui chercher la vignette pour prouver qu’il était en règle.

À son retour avec le document, surprise: les agents lui ont réclamé 5 000 francs CFA de pénalité pour non-affichage de la vignette. Au final, ce citoyen a déboursé 20 000 francs CFA pour une taxe qu’il avait déjà payée. Cette pratique transforme un simple oubli en source de profit supplémentaire.

Aucune campagne d’information n’a été organisée pour expliquer aux citoyens comment fonctionne cette vignette. Les gens découvrent les règles lors des contrôles, souvent à leurs dépens. Cette absence de communication officielle permet aux agents de profiter de l’ignorance des usagers pour imposer leurs propres règles.

L’opacité du système pose également problème. Aucun reçu officiel n’est délivré lors du paiement de la vignette ou des frais annexes. Les citoyens n’ont donc aucune preuve de leurs transactions ni aucun moyen de tracer l’utilisation de leur argent.

Pour les conducteurs de taxis-motos, cette situation représente un véritable fléau. Leur motocyclette constitue leur unique outil de travail et source de revenus. Son immobilisation, même temporaire, les prive de leurs moyens de subsistance et affecte leurs familles.

Cette dérive transforme une mesure fiscale légitime en instrument d’oppression économique. Elle pénalise les plus vulnérables et enrichit ceux qui devraient servir l’intérêt général. Dans une région déjà fragilisée économiquement, ces pratiques constituent un frein supplémentaire au développement et à l’épanouissement des communautés….

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