Africa-Press – CentrAfricaine.
La Brigade Spéciale Mobile de Contrôle et de Suivi vient de terminer sa mission dans la région de l’Équateur. Officiellement, tout s’est bien passé. Plusieurs barrières illégales ont été supprimées, des agents officiels ont été installés. Le commissaire principal de police Edi Delfin parle d’une “mission qui a apporté des fruits positivement”.
Selon le rapport officiel, l’équipe a parcouru Béloko, Abba, Bouar, Berberati et Carnot. À Abba, quatre à cinq barrières tenues par des policiers, gendarmes et militaires ont été démantelées. Des agents du Bureau d’Affrètement Routier et de la lutte contre la fraude pétrolière ont été installés à Molaye et Nianti.
“On a tout installé, tout est passé bien”, assure le commissaire Delphin. Son rapport remonte dans la hiérarchie. Les chefs sont contents. Mission accomplie.
Mais allez donc faire un tour sur ces routes. Vous verrez que les mêmes uniformes sont toujours là. Les mêmes visages, aux mêmes endroits. Les éléments de Forces Armées Centrafricaines, qui n’ont pourtant pas le droit de tenir des barrières selon les textes, continuent leur petit commerce.
Chaque jour, c’est la même routine pour les voyageurs. “Tu paies ou tu ne passes pas“. Les agents font leurs affaires tranquillement. Personne ne dit rien. Les passagers subissent et payent.
Cette situation ne date pas d’hier. Depuis 2022, on entend les mêmes annonces. “Les barrières illégales ont été supprimées“. “La situation s’améliore“. “Les forces de l’ordre respectent maintenant les consignes“.
Pourtant, rien ne change vraiment. Une mission passe, fait du bruit pendant quelques jours, puis disparaît. Les barrières reviennent aussitôt. Les mêmes pratiques reprennent. Les voyageurs continuent de payer.
La réponse est simple. Ceux qui font les rapports ne disent pas la vérité. Ils racontent ce que leurs chefs veulent entendre. “Tout va bien, monsieur le directeur, monsieur le ministre, monsieur le premier ministre, monsieur le Président “. “La mission a réussi“. “Les populations sont satisfaites“.
Pendant ce temps, sur le terrain, les agents continuent leur business. Ils savent que dans quelques semaines, plus personne ne parlera de cette mission. Alors ils reprennent leurs habitudes.
Le problème, c’est que tout le monde fait semblant. Les autorités font semblant de croire que leurs missions fonctionnent. Les subordonnés font semblant de respecter les consignes. Et les populations? Elles n’ont pas le choix. Elles subissent.
Cette façon de faire existe dans tout le pays. On annonce des succès qui n’existent pas. On publie des bilans positifs sur des échecs. On se convainc que tout fonctionne alors que rien ne marche.
Les voyageurs savent bien ce qui se passe. Ils voient ces barrières tous les jours. Ils payent ces taxes illégales. Ils connaissent ces agents qui reviennent toujours au même endroit.
Mais leur voix ne remonte pas jusqu’aux bureaux des décideurs. Ou alors on préfère ne pas l’entendre. C’est plus confortable de croire aux rapports mensongers qu’à la réalité du terrain.
Il serait temps que les vrais responsables descendent de leurs voitures climatisées pour voir ce qui se passe vraiment sur ces routes. Peut-être qu’alors, les choses changeraient enfin….
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press