Fossiles révélateurs de la vie d’il y a 200 millions d’années

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Fossiles révélateurs de la vie d'il y a 200 millions d'années
Fossiles révélateurs de la vie d'il y a 200 millions d'années

Africa-Press – CentrAfricaine. Caché au creux des terres arides du nord-est de l’Arizona, le lit d’ossements PFV 393 s’est formé il y a près de 209 millions d’années, dans un ancien chenal fluvial. Il est aujourd’hui protégé au sein du parc national de Petrified Forest, célèbre pour ses gisements fossilifères du Trias et ses dépôts colorés de bois pétrifié.

Une étrange faune fossilisée juste avant la crise de la fin du Trias

A l’époque, dans un paysage de rivières bordées de forêts, de volcans actifs et de plaines inondables, des crues soudaines ont enseveli des dizaines d’animaux, fixant dans les roches une scène de vie d’une richesse exceptionnelle. Une équipe dirigée par Ben Kligman, paléontologue au Muséum national d’histoire naturelle du Smithsonian (Etats-Unis), a mis au jour plus de 1.400 fossiles représentant 16 groupes de vertébrés, dont sept nouvelles espèces. Parmi ces vestiges figurent une tortue à carapace (l’un des plus anciens spécimens connus), un curieux synapside à mâchoire dentelée rappelant les reptiles mammaliens du Permien, et le clou de la collection: Eotephradactylus mcintireae, un petit ptérosaure prédateur dont les dents usées trahissent un régime piscivore.

Ce fossile constitue le plus ancien témoignage nord-américain de ce groupe de reptiles volants, apparu vers la fin du Trias. Sa préservation tridimensionnelle, rendue possible par les cendres volcaniques qui l’ont recouvert, a permis une étude détaillée de sa denture et de l’anatomie de sa mâchoire, révélant une grande hétérodontie (c’est-à-dire la présence de dents de formes différentes dans une même mâchoire), reflet d’une spécialisation alimentaire et des formes d’usure rares pour l’époque. Sa mâchoire mesure environ 5,4 cm, ce qui permet d’estimer une envergure totale comprise entre 60 et 90 cm, soit la taille d’une mouette.

Enfouissement rapide

Cet assemblage fossile remplit une lacune de 12 millions d’années dans les archives continentales, juste avant l’extinction de fin de Trias. En effet, il y a environ 201,5 millions d’années, les éruptions volcaniques associées à la fragmentation du supercontinent Pangée ont radicalement modifié le climat mondial et anéanti environ 75 % des espèces terrestres. Ce site unique montre comment des groupes dits « modernes » comme les grenouilles, les tortues et les ptérosaures vivaient déjà aux côtés d’espèces plus anciennes alors sur le déclin.

Cette coexistence révèle une transition progressive et non brutale entre les faunes triasiques et jurassiques. Les données prélevées sur le terrain et en laboratoire montrent que les restes fossiles ont été transportés sur de courtes distances avant d’être rapidement enfouis, ils offrent donc une représentation fidèle des espèces présentes sur place. Cette scène fait l’objet d’une publication dans la revue Pnas.

La tortue identifiée rappelle le genre Chinlechelys, connu jusqu’ici uniquement par des fragments mal datés. Quant au ptérosaure, il présente des caractères primitifs qui le placent parmi les plus anciens membres de son groupe. Son nom, Eotephradactylus mcintireae, rend hommage à Suzanne McIntire, technicienne de laboratoire au Smithsonian qui l’a découvert lors d’une micro-préparation.

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