Les Diplomates Du Néant Et La Voix Éteinte D’un Pays

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Les Diplomates Du Néant Et La Voix Éteinte D’un Pays
Les Diplomates Du Néant Et La Voix Éteinte D’un Pays

Africa-Press – CentrAfricaine. Élie OUEIFIO dresse un constat implacable sur l’effondrement de la diplomatie centrafricaine dans son ouvrage.
Notre ambassadeur attendait dans le couloir pendant que d’autres décidaient du sort de notre pays. Cette scène humiliante, rapportée par Élie OUEIFIO dans son ouvrage “La RCA doit-elle toujours dépendre des autres?” publié en août 2024, témoigne de la déchéance de la diplomatie centrafricaine. Un pays qui jouissait autrefois d’un respect dans les instances internationales se retrouve aujourd’hui réduit à observer, sans pouvoir d’action, les décisions prises par d’autres sur son propre destin.

L’effondrement de l’appareil diplomatique centrafricain prend des dimensions inquiétante. Les ambassades du pays ressemblent désormais à des coquilles vides. Les locaux diplomatiques sont saisis pour loyers impayés, les ambassadeurs manquent de moyens de fonctionnement élémentaires, le personnel n’est pas payé depuis des mois et la représentation internationale se réduit à néant. Un diplomate confie à Elie OUEIFIO que l’ambassade à Paris ne peut même plus payer l’électricité. Comment défendre les intérêts d’un pays quand vous ne pouvez même pas allumer la lumière dans vos bureaux?

Le corps diplomatique centrafricain présente un visage désolant. Les nominations reposent sur le clientélisme politique plutôt que sur la compétence. L’absence de formation diplomatique se conjugue avec une méconnaissance des dossiers internationaux et une incapacité à défendre les positions nationales. Un ancien ambassadeur cité par OUEIFIO affirme que certains représentants ne savent même pas rédiger une note diplomatique. Ils occupent leurs postes uniquement grâce à leurs connexions politiques.

Les situations humiliantes s’accumulent. Les représentants centrafricains s’absentent des réunions importantes faute de moyens, ne peuvent pas payer les cotisations aux organisations internationales, se retrouvent exclus des cercles de décision et subissent une marginalisation dans les forums internationaux. Cette impuissance affiche publiquement la fragilité d’un État qui ne maîtrise plus son destin.

Le ministère des Affaires étrangères vit une hémorragie généralisée. Les archives diplomatiques sont abandonnées, le personnel manque de formation, les moyens de communication demeurent obsolètes et le budget de fonctionnement atteint des niveaux dérisoires. La perte d’expertise accompagne cet effondrement administratif. Les diplomates expérimentés sont écartés, la transmission du savoir n’existe plus, la formation diplomatique est négligée et la mémoire institutionnelle disparaît progressivement.

Cet effondrement produit des conséquences désastreuses pour le pays. L’isolement international s’accentue. La voix centrafricaine devient inaudible dans les instances internationales, les intérêts nationaux ne sont plus défendus, les accords internationaux sont subis et les relations bilatérales deviennent déséquilibrées. Le coût économique de cette déliquescence se chiffre en opportunités perdues: investissements étrangers détournés, coopération internationale inefficace, aide au développement mal négociée et partenariats économiques manqués.

La République centrafricaine pratique désormais une diplomatie par procuration. Les “amis” du pays décident à sa place. La souveraineté se trouve confisquée par des positions dictées par les partenaires étrangers, des votes orientés dans les instances internationales, des choix stratégiques imposés et des initiatives diplomatiques court-circuitées. Une diplomatie parallèle s’installe avec des consultants étrangers omniprésents, des lobbies internationaux influents, des ONG qui font office de représentation et des réseaux officieux qui dominent les relations.

L’image du pays en pâtit lourdement. La perte de crédibilité accompagne la dilapidation du capital diplomatique. La réputation internationale se dégrade, la parole officielle se dévalorise, les engagements ne sont plus respectés et la fiabilité du pays est remise en question. Cette spirale du mépris entraîne une marginalisation croissante avec une exclusion des cercles d’influence, un traitement condescendant, des relations asymétriques et une perte de respect international.

Les tentatives de redressement se soldent par des échecs répétés. Les réformes demeurent inachevées avec des projets de modernisation abandonnés, des formations interrompues, des restructurations avortées et des initiatives sabordées. Les obstacles récurrents persistent: manque de volonté politique, absence de moyens, résistances internes et pressions externes.

Elie OUEIFIO propose des solutions pour sortir de cette impasse. Les réformes urgentes incluent un audit complet du corps diplomatique, une formation intensive des diplomates, la réhabilitation des ambassades et le renforcement des moyens. La reconstruction à long terme nécessite la professionnalisation du corps diplomatique, la création d’une école diplomatique nationale, l’élaboration d’une stratégie internationale cohérente et une présence effective dans les instances clés.

Retrouver sa voix sur la scène internationale demande une vision claire des intérêts nationaux, des moyens adaptés aux ambitions, une expertise professionnelle et une indépendance retrouvée. Comme le conclut OUEIFIO: “Un pays sans voix sur la scène internationale est un pays qui n’existe pas. La RCA doit reconstruire sa diplomatie ou accepter de disparaître définitivement des radars internationaux”….

Source: Corbeau News Centrafrique

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