Africa-Press – CentrAfricaine. Après les accords de défense signés par Touadera avec pratiquement tous les pays du monde, c’est le tour des accords de paix avec les groupes armés. Selon le Président de l’URCA Anicet Georges Dologuelé, Touadéra vient de signer son dixième accord de paix en dix ans. L’opposition y voit une mise en scène préélectorale.
Le rideau se lève sur une scène familière au pays de Boganda. Dans les couloirs du palais de la renaissance de Bangui, Faustin-Archange Touadéra tends la main à Ali Darassa et à Oumar Abdelkader alias Sembé Bobo,. Sourires convenus, poignées de main solennelles, promesses de paix éternelle. Un spectacle bien connu que les Centrafricains ont déjà vu neuf fois depuis 2016.
Anicet Georges Dologuelé, observateur aguerri de ces pantomimes politiques, ne cache plus son agacement. “Le président joue au yoyo avec la paix”, lâche-t-il sans détour. Cette valse permanente entre réconciliation et rupture traduit, selon lui, une vision purement comptable de la gouvernance où chaque geste vise un rendement électoral.
L’ancien banquier de la BEAC, ancien ministre des finances, ancien premier ministre, Anicet Georges Dologuelé dissèque cette mécanique avec la froideur de l’analyste financier qu’il fut. Quand Touadéra négocie avec ses “partenaires” armés – le terme fait grimacer Dologuélé -, il transforme la République en terrain de marchandage. D’un côté, des hommes en armes qui monnayent leur violence. De l’autre, un président qui achète sa tranquillité à crédit, remboursable après les élections.
Cette arithmétique de la paix ignore superbement les vrais acteurs de la démocratie. Pendant que le chef de l’État déroule le tapis rouge aux seigneurs de guerre, les partis d’opposition végètent dans l’antichambre du pouvoir. “Nous sommes les parias de notre propre démocratie”, s’indigne le président de l’URCA. Cette inversion des valeurs républicaines transforme les outlaws en interlocuteurs privilégiés et les démocrates en figurants.
L’ironie ne lui échappe pas : un mathématicien qui confond équations politiques et additions électorales. Touadéra calcule ses alliances comme on résout un problème de géométrie, sans saisir que la paix obéit à des lois plus complexes que les théorèmes euclidiens. Ses formules produisent des solutions temporaires qui explosent dès la première épreuve de vérité.
Anicet Georges Dologuelé pointe du doigt cette diplomatie à géométrie variable qui cultive l’instabilité pour mieux la gérer. Chaque crise devient une opportunité de briller en pompier providentiel. Chaque accord permet de redorer un blason terni par l’échec des précédents. Cette stratégie du chaos contrôlé transforme la Centrafrique en laboratoire permanent d’expérimentations sécuritaires.
Le leader de l’opposition refuse de cautionner cette comédie institutionnelle. Pour lui, la vraie paix commence par le respect de ceux qui ont choisi les urnes plutôt que les armes. Elle exige une égalité de traitement entre tous les Centrafricains, qu’ils portent un fusil ou un bulletin de vote. Cette vision démocratique heurte frontalement la logique touadérienne qui préfère négocier avec la force qu’avec la légitimité.
La machine électorale s’emballe déjà. Dans quelques mois, Touadéra brandira cet accord comme un trophée de sa politique de réconciliation. Les électeurs découvriront alors si cette paix de façade résiste au verdict des urnes ou si elle rejoindra le cimetière des bonnes intentions présidentielles….
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press