Africa-Press – CentrAfricaine. Dans la ville de Sosso-Nakombo, , l’exploitation minière artisanale devient un crime puni de prison dans cette sous-préfecture centrafricaine.
Dans la sous-préfecture de Sosso-Nakombo, située à environ 500 kilomètres de Bangui, dans la Mambéré-Kadéi, une transformation radicale bouleverse l’économie locale. Ce qui constituait hier encore l’activité principale des habitants: l’exploitation minière artisanale, est devenu un délit passible d’emprisonnement et de violences physiques.
Les témoignages recueillis par la rédaction du CNC auprès des populations locales décrivent un système d’oppression minutieusement organisé. Porter une simple pelle ou transporter un sac de gravier expose désormais tout habitant aux coups de chicotte, aux agressions ou à l’incarcération immédiate. Cette criminalisation de pratiques ancestrales vise un objectif précis: vider les sites miniers de leurs exploitants traditionnels.
L’engrenage de la spoliation suit une mécanique implacable. Lorsque les habitants découvrent un nouveau gisement minier, l’intervention des éléments de forces armées centrafricaines ne se fait pas attendre. Les tirs d’intimidation dispersent les mineurs, les expulsions violentes s’ensuivent, et le site passe instantanément sous contrôle militaire. Cette appropriation par la force ouvre invariablement la voie à une cession aux entreprises chinoises, sans qu’aucune négociation ni compensation ne soit envisagée avec les communautés dépossédées.
La brutalité de ces opérations dépasse la simple expulsion. Les infrastructures commerciales développées autour des chantiers: points de vente, espaces de stockage, lieux d’échange, subissent un sort radical: l’incendie systématique. Cette politique de la terre brûlée ne laisse aucune possibilité de retour aux populations chassées, contraintes d’assister impuissantes à la destruction de leur outil de travail.
Les conséquences humanitaires de cette guerre économique touchent des centaines de familles. Privées brutalement de leurs moyens de subsistance, chassées de leurs lieux de travail, elles cherchent refuge dans les établissements scolaires de Sosso-Nakombo. Mais cette solidarité de fortune se heurte à l’intransigeance du maire de Nakombo, qui expulse régulièrement ces déplacés des écoles, leur ordonnant de trouver ailleurs un toit pour la nuit.
Cette double sanction: perte de revenus et absence d’hébergement, plonge des communautés entières dans une précarité extrême. L’activité minière artisanale ne constituait pas seulement une source de revenus directe ; elle alimentait tout un écosystème économique local, créait des emplois indirects et dynamisait le commerce de proximité. Sa confiscation brutale provoque un effondrement économique dont les répercussions touchent l’ensemble de la sous-préfecture.
L’analyse de ce système révèle une collusion entre autorités militaires et civiles locales. Loin de protéger les intérêts de leurs administrés, certains responsables locaux facilitent activement cette mainmise étrangère sur les ressources du sous-sol. Cette complicité transforme le maires en instruments d’un pillage organisé, trahissant son mandat de représentation des populations.
La transformation des pratiques minières traditionnelles en activités criminalisées montre un détournement institutionnel du jamais vu. Les forces censées protéger les citoyens se muent en instruments de répression au service d’intérêts privés étrangers. Cette inversion des rôles institutionnels sape les fondements même de l’État de droit dans cette partie du territoire centrafricain.
Les témoignages recueillis par CNC révèlent également l’ampleur psychologique du traumatisme subi par les populations. Voir confisquer un héritage familial transmis de génération en génération, assister à la criminalisation de savoir-faire ancestraux, subir la violence pour avoir exercé une activité légale: autant d’éléments qui brisent le lien social et détruisent la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Cette situation à Sosso-Nakombo s’inscrit dans une problématique plus large de gouvernance des ressources naturelles en République centrafricaine. Elle questionne la capacité de l’État à garantir un partage équitable des richesses du sous-sol et à protéger les droits économiques de ses citoyens face aux appétits d’acteurs économiques extérieurs disposant de moyens financiers considérables.
L’asservissement des populations minières de Sosso-Nakombo au profit d’entreprises chinoises, instrumenté par l’appareil militaire et cautionné par les autorités locales, constitue un cas d’école de néocolonialisme économique.
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