Africa-Press – CentrAfricaine. Ange-Maxime Kazagui, président de CARA Investissement et ancien ministre, tente de rassurer les investisseurs potentiels sur l’amélioration du climat des affaires en République centrafricaine. Ses récentes déclarations promettent un forum en octobre pour répondre aux inquiétudes concernant l’insécurité juridique. Cette communication lénifiante contraste violemment avec la réalité vécue par les entrepreneurs en République centrafricaine.
L’ancien membre du gouvernement reconnaît que l’insécurité juridique “revient dans toutes les discussions” avec les investisseurs, mais prétend que des progrès sont en cours. Cette position relève de la désinformation pure. Les faits démontrent une dégradation continue du climat des affaires, aggravée par l’influence croissante du groupe Wagner sur l’économie nationale.
L’exemple de deux Franco-Algériens venus investir dans le secteur minier centrafricain, ça démontre clairement cette dérive. Arrêtés puis expulsés, ils ont vu plus de 500 millions de francs CFA confisqués sans procédure légale. À Bangui, un entrepreneur malien dénommé Traoré purge actuellement une peine de dix ans à Ngaragba pour avoir refusé de céder aux exigences illégales d’un magistrat.
Ange-Maxime Kazagui invite les investisseurs à venir “au bon moment”, évoquant les opportunités du contexte post-conflit. Il dissimule soigneusement que ce moment coïncide avec un verrouillage total des secteurs stratégiques par Wagner. Le groupe russe ne se contente pas d’occuper l’espace militaire: il filtre les partenariats économiques, influence les décisions judiciaires et considère tout nouvel arrivant comme une menace potentielle.
Cette mainmise étrangère transforme chaque projet d’investissement en parcours du combattant. Même les contingents rwandais alliés sont perçus comme des espions par les Russes. Dans ce contexte, aucune indépendance économique réelle n’est envisageable.
Le système judiciaire centrafricain fonctionne selon des règles opaques où l’équité cède la place au chantage institutionnalisé. Les décisions obéissent à des logiques politiques, les biens peuvent être confisqués sans recours, et la justice sert d’instrument de pression. Aucune réforme structurelle n’a été entreprise pour corriger ces dérives.
Le forum d’octobre annoncé par Kazagui risque de n’être qu’une opération de façade. Sans changement fondamental du système judiciaire, sans garanties réelles pour les investisseurs, l’exercice ressemble à une vitrine destinée à entretenir l’illusion. Les entrepreneurs avisés distinguent les promesses creuses des réalités terrain.
La position de Kazagui s’explique par sa volonté de préserver ses relations avec le pouvoir en place. En tant qu’ancien ministre, il connaît parfaitement les rouages du système et les obstacles réels aux investissements. Son discours lénifiant trahit une stratégie de communication destinée à maintenir son positionnement personnel plutôt qu’à informer objectivement les investisseurs.
L’insécurité juridique en Centrafrique n’est pas un accident post-conflit mais un système entretenu qui profite à certains acteurs. Les entrepreneurs internationaux l’ont compris: ils ne craignent pas une mauvaise image mais un environnement qui ne protège ni leurs biens ni leurs droits. Tant que des personnalités comme Kazagui continueront de masquer cette réalité derrière des discours apaisants, l’économie centrafricaine restera prisonnière d’un système qui décourage l’initiative et punit l’entreprise.
Source: Corbeau News Centrafrique
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