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Le 10 juillet 2025, à Bangui, un ministre centrafricain a admis que les divisions internes ont permis au groupe Wagner d’imposer sa domination en Centrafrique. « C’est nous, les Centrafricains, qui les avons fait venir », a-t-il reconnu lors d’un échange informel, révélant une réalité d’assujettissement national.
Lors de la signature officielle de l’accord de Ndjamena entre le gouvernement et les deux groupes armés à la cité des chefs d’État le 10 juillet à Bangui, un ministre centrafricain a livré une déclaration lors d’une discussion informelle inattendue. Après la fin de la cérémonie officielle, il a confié:
« C’est nous, les Centrafricains, qui avons causé cela, car nous ne nous entendons pas entre nous. Nous avons fait venir des étrangers, et maintenant ils nous tuent, font ce qu’ils veulent, et nous n’avons pas le courage de le dénoncer ». Cet aveu souligne la responsabilité collective dans l’emprise du groupe Wagner sur la République centrafricaine.
Cette prise de parole intervient trois mois après l’accord de N’Djamena , signé le 19 avril 2025 entre le gouvernement centrafricain et les chefs des 3R et de l’UPC. La rencontre de Bangui visait à consolider cet accord, mais les propos du ministre rappellent que les rivalités internes restent un terrain favorable à l’influence russe.
Arrivé en 2018 comme soutien militaire contre les groupes armés, le groupe Wagner s’est imposé comme un pouvoir parallèle. « Ils se croient tout permis », a résumé le ministre. Les mercenaires russes contrôlent l’appareil sécuritaire, dictent certaines décisions politiques et exploitent directement les ressources naturelles, notamment l’or et le diamant.
Plusieurs ministères sont cités comme étant sous influence directe. Le ministre de la Justice, craignant pour son poste, le ministre, Arnaud Djoubaye Abazène, exécuterait sans dire non tous les ordres de Wagner. Au ministère de la Communication, c’est encore pire. L’ancien ministre, Serge Ghislain Djorie, a été limogé le 4 janvier 2024 pour avoir refusé de soumettre toutes ses déclarations en avance à l’ambassade russe. Par contre, son successeur, Maxime Balalou, s’aligne quant à lui comme un jouet sur la ligne imposée par le groupe Wagner. Même le ministère de la Défense serait devenu une simple vitrine, incapable de prendre une décision sans l’accord des Russes.
Le ministre a dénoncé l’inaction face aux exactions documentées de Wagner. « Nous restons silencieux, nous ne revendiquons rien », a-t-il regretté. Le 17 juillet 2025, au moins 11 civils ont été tués à la mine d’or de Ndassima, , sans qu’aucune réaction officielle n’ait été formulée.
Le ministre a évoqué une « nouvelle forme d’esclavage », alimentée par la complicité de certaines élites centrafricaines. Pour lui, la RCA ne subit pas seulement une occupation étrangère, mais aussi la trahison de ceux qui sacrifient l’intérêt du pays pour préserver leur influence. « On pensait que l’esclavage était fini, mais ça revient aujourd’hui, avec la complicité de nos frères qui veulent tout simplement garder leur pouvoir », a-t-il déclaré.
Par cet aveu, le ministre lance un signal implicite à l’unité nationale. Mais tant que les rivalités internes persistent et que les autorités se soumettent à Wagner, la Centrafrique risque de rester sous tutelle encore plus de 50 ans, incapable de reprendre le contrôle de son avenir….
Source: Corbeau News Centrafrique
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