Africa-Press – CentrAfricaine. Dans son message, largement relayé sur WhatsApp, le Coordinateur politique Yaya Adamou dénonçait la répétition des attaques, rappelant qu’il ne s’agissait pas d’un fait isolé mais du quatrième assaut de ce type en quelques mois. L’ampleur de la diffusion de cette vidéo, devenue virale en quelques heures, a irrité la présidence centrafricaine. Mais à Bangui, l’affaire a été gérée dans la discrétion. Le chef du renseignement de la présidence, l’ancien ministre de l’Intérieur Henri Wanzet Linguissara, a aussitôt pris contact avec le coordinateur du 3R. Selon des sources proches du dossier, il lui aurait reproché d’avoir rendu publique sa colère avant de la transmettre aux autorités et lui aurait demandé, à l’avenir, d’adresser ses messages à Bangui avant toute diffusion publique.
Face aux critiques, les mercenaires russes ont réagi à leur tour. Dans leur version, ce seraient les éléments du 3R qui auraient ouvert le feu sur eux en premier, ce qui les aurait poussés à riposter. Une explication qui, selon des observateurs, vise à renverser la responsabilité et à présenter le groupe rebelle comme l’agresseur. Mais sous la pression de la présidence et des garants de l’accord de paix du 19 avril 2025, la priorité a rapidement été donnée à l’apaisement. Un communiqué a alors été préparé à Bangui, puis diffusé au nom du président du mouvement 3R, le général Sembé Bobbo, afin de donner l’image d’un retour au dialogue.
Ce texte, daté du 20 août et présenté comme rédigé depuis Ndjamena, annonce la tenue d’une réunion d’urgence entre les représentants du mouvement, ceux du gouvernement centrafricain et les garants de l’accord. Le communiqué évoque des “événements regrettables” et assure que les deux parties ont exprimé leurs regrets vis-à-vis des morts, des blessés, des arrestations et des confiscations de biens. Il met également en avant un engagement commun à améliorer la communication entre les mercenaires russes et les combattants du 3R, afin d’éviter de nouveaux affrontements.
Le texte insiste sur la volonté du mouvement de poursuivre le processus de désarmement, en appelant ses combattants à garder leur calme et leur retenue. Mais en même temps, il formule des exigences précises: restitution des matériels militaires et des effets personnels saisis, libération des prisonniers, prise en charge des blessés. Le mouvement remercie aussi les garants de l’accord et les autorités tchadiennes pour leur implication dans la résolution des conflits.
Malgré cette façade d’entente, de nombreux doutes persistent. Car au-delà des discours officiels, la réalité sur le terrain reste tendue. Les combattants du 3R continuent de dénoncer la brutalité et les provocations des mercenaires russes. De leur côté, ces derniers apparaissent de plus en plus déterminés à imposer leur présence par la force, sans respecter pleinement les arrangements politiques. Selon un ancien ministre joint au téléphone par la rédaction du CNC, “personne n’est au-dessus de Wagner, et personne ne peut les contrôler”.
Dans ce climat, l’accord de Ndjamena signé en avril 2025 semble fragilisé. S’il existe une volonté affichée des deux camps de poursuivre le processus de paix, l’imprévisibilité des mercenaires russes demeure le principal facteur de rupture. Le communiqué publié au nom du 3R cherche à rassurer et à donner l’image d’un consensus retrouvé, mais en coulisses, l’affaire reste grave et la méfiance intacte.
Peut-on encore croire à la solidité d’un processus de paix dont l’avenir dépend d’acteurs que ni l’État, ni les garants internationaux, ne semblent en mesure de maîtriser?
Source: Corbeau News Centrafrique
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