Africa-Press – CentrAfricaine. Un médecin enlevé dans Lim-Pendé, une rançon de 5 millions de francs CFA exigée, et un gouvernement qui répond par des formules toutes faites. C’est la réaction donnée le 18 août par le ministre de la Communication lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Face à cette nouvelle stratégie des groupes armés qui ciblent désormais les fonctionnaires, le porte-parole du gouvernement a sorti son arsenal habituel de slogans rassurants.
Voilà comment le ministre a réagi à cette évolution inquiétante de la situation sécuritaire. Interrogé sur ce kidnapping qui témoigne d’un changement de tactique des groupes armés, le ministre s’est enfermé dans son discours habituel, comme un disque rayé qui répète les mêmes refrains. « On me dit que les groupes armés ont changé de stratégie. Maintenant, il faut parler, il faut le kidnapping en exigeant des rançons. C’est l’information que vous me donnez. Mais ce sont, il faut dire, des bandits, c’est le rôle des bandits de grands chemins. Quand on arrive à ce niveau-là, c’est que les gens n’ont plus d’options. Ils sont condamnés à déposer les armes. On était clair. Et ça, c’est les éléments égarés ».
Écoutez bien cette logique gouvernementale: si les groupes armés kidnappent des fonctionnaires, c’est parce qu’ils n’ont « plus d’options ». Donc, en gros, c’est bon signe ! Plus ils deviennent dangereux, plus c’est la preuve qu’ils sont affaiblis. Brillante analyse stratégique, monsieur le ministre. Pendant qu’un médecin croupit entre les mains de ses ravisseurs, le gouvernement nous explique que tout va bien parce que ses kidnappeurs sont « désespérés ».
Mais ce n’est pas fini, car le ministre enchaîne avec ses promesses habituelles de justicier. « Ceux qui ne veulent pas rentrer dans la République. Mais ça, nous allons les traiter comme tel. À ce niveau-là, le gouvernement travaille sereinement. Le processus est irréversible. Les armes seront récupérées ». Et voilà le grand classique: le fameux « processus irréversible ». Ce processus magique qui, depuis des mois, n’empêche ni les enlèvements, ni les rançons, ni l’insécurité grandissante. Mais qu’importe, il est « irréversible », alors tout va bien.
Le ministre poursuit son numéro de folie avec cette perle: « Nous allons traquer ces malfrats jusqu’à leur dernier retranchement. Je peux vous l’assurer. Et nous sommes en train de travailler sur ce cas précis pour libérer le médecin le plus rapidement ». Formidable ! Une « traque impitoyable » et une libération « le plus rapidement ». Des mots, toujours des mots, mais concrètement? Quels moyens sont déployés? Quelles forces sont mobilisées? Quel plan d’action précis? Silence radio sur les faits, mais avalanche de promesses creuses.
Et pour couronner le tout, le ministre nous ressert son analyse de café du commerce sur la psychologie des ravisseurs. « Et je ne peux que vous dire qu’à ce niveau-là, nous pouvons comprendre qu’ils n’ont plus d’options. Ils n’ont plus d’options et c’est pourquoi ils choisissent cette voie. Mais nous, le gouvernement, nous y travaillons pour réduire, n’est-ce pas, ce phénomène pour nous qui n’ira pas loin ». Ah, ils n’ont « plus d’options », c’est pour ça qu’ils kidnappent. Et le gouvernement « travaille » pour « réduire » ce « phénomène ». Du vocabulaire de technocrate pour parler d’un homme en danger de mort.
Pendant que le ministre philosophe sur les motivations des kidnappeurs, la réalité est têtue: un médecin est entre leurs mains depuis plusieurs jours. Pendant que le porte-parole du gouvernement explique doctement que ces actes prouvent la faiblesse des groupes armés, ces mêmes groupes ont réussi à capturer un fonctionnaire et à exiger 5 millions de francs pour sa libération.
Cette façon de transformer chaque échec sécuritaire en victoire politique relève de la manipulation pure et simple. Quand les groupes armés attaquent les forces de l’ordre, c’est qu’ils sont « aux abois ». Quand ils kidnappent des civils, c’est qu’ils n’ont « plus d’options ». À ce rythme, plus ils feront de victimes, plus le ministre nous expliquera que c’est la preuve de leur affaiblissement.
Il est temps que ce gouvernement arrête de prendre les Centrafricains pour des imbéciles. Un kidnapping n’est pas un signe de faiblesse des ravisseurs, c’est un signe de faiblesse de l’État qui n’arrive pas à protéger ses agents. Une rançon de 5 millions exigée n’est pas la preuve d’un « processus irréversible », c’est la preuve d’un système sécuritaire défaillant.
Alors que ce médecin attend sa libération dans l’angoisse, le ministre continue de réciter ses formules magiques sur un « processus » qui n’existe que dans ses discours. En attendant, les faits parlent d’eux-mêmes: les enlèvements continuent, les rançons sont exigées, et l’État se contente de communiquer au lieu d’agir.
Source: Corbeau News Centrafrique
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