Bruno Yapandé Critique l’Hypocrisie Politique en RCA

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Bruno Yapandé Critique l'Hypocrisie Politique en RCA
Bruno Yapandé Critique l'Hypocrisie Politique en RCA

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le ministre Bruno Yapandé vient de nous offrir un spectacle d’hypocrisie juridique remarquable. Dans son interview à la Radio Ndékè Luka, il refuse catégoriquement la refonte de l’ANE au motif que “c’est une loi” qu’on ne peut pas toucher. Le même régime qui a violé la Constitution en 2022 en ignorant la décision de la Cour constitutionnelle, qui a modifié le code électoral pour contourner ses propres obligations, invoque maintenant le “respect de la loi” pour maintenir une institution incompétente. L’art de la sélectivité juridique !

Écoutons cette leçon de droit constitutionnel donnée par un représentant du régime le plus anti-juridique de l’histoire centrafricaine. « Mais on ne fait pas la refonte de l’ANE, parce que c’est une loi, l’ANE n’a pas été nommée », déclare Bruno Yapandé avec le sérieux d’un gardien de la légalité. Magnifique ! Quand il s’agit de maintenir une ANE défaillante qui arrange ses plans électoraux, la loi devient sacrée et intouchable.

Mais rappelons quelques faits au ministre Yapandé. En 2022, quand la Cour constitutionnelle – la plus haute instance judiciaire du pays – a invalidé le projet de nouvelle constitution qui ouvrait la voie au troisième mandat présidentiel, qu’a fait son gouvernement? Il a ignoré cette décision juridique contraignante ! Le président Touadéra a déclaré que c’était “la volonté du peuple” et a limogé la présidente de la Cour constitutionnelle, Professeure Danièle Darlan, pour maintenir sa rédaction constitutionnelle.

Donc quand la Constitution les gêne, ils la violent. Quand la Cour constitutionnelle les dérange, ils ignorent ses décisions. Mais quand il s’agit de garder une ANE incompétente, là, miraculeusement, la loi devient intouchable !

Le ministre poursuit sa démonstration avec cette proposition de façade: « S’il y a des réclamations, s’il y a des questionnements sur la crédibilité, sur la compétence de l’ANE, mais autant mieux faire valoir ça, poser ça sur la table et on verra comment demander à l’ANE de rectifier, d’ajuster l’outil lors de la mise en place de l’ANE ».

“Poser ça sur la table” ! Voilà la solution de Bruno Yapandé face à l’incompétence institutionnelle. Pendant ce temps, cette même ANE n’arrive pas à respecter le code électoral qui exige que les listes électorales soient disponibles un an avant les élections. Depuis plus d’un an, elle est incapable de faire cette révision basique. Et comment le gouvernement a-t-il résolu ce problème? En modifiant discrètement la loi pour réduire le délai à quelques mois !

Vous voyez l’hypocrisie? Quand la loi les arrange (maintenir l’ANE), elle est intouchable. Quand la loi les gêne (délai d’un an pour les listes), ils la changent en catimini. C’est ça, le “respect de la loi” version Bruno Yapandé !

Le ministre sort ensuite son argument préféré: « Mais l’opposition qui se dit aujourd’hui brimée et écartée par rapport à son opinion, par rapport à ses revendications, était là présent. Je peux citer les noms. Elle était là quand on mettait en place le comité. Ils ont participé, ils ont signé le PV, mettant en place la nouvelle ANE ».

L’argument du “vous avez signé, vous n’avez plus le droit de critiquer” ! C’est comme dire aux Centrafricains: “Vous avez voté pour ce président en 2016, vous n’avez plus le droit de contester sa dérive autoritaire”. Dans l’univers de Bruno Yapandé, participer à un processus vous interdit à vie de constater ses échecs.

Et voici le clou du spectacle: « C’est des manœuvres dilatoires et nous n’allons pas être sujets à cela pour retarder le processus électoral ».

“Manœuvres dilatoires” ! Demander que l’institution chargée des élections soit compétente, c’est du sabotage. Mais violer la Constitution, ignorer les décisions de justice, modifier les lois en secret, ça, c’est de la bonne gouvernance ! L’opposition fait des “manœuvres dilatoires” en réclamant des compétences, mais le gouvernement fait du bon travail en maintenant l’incompétence.

Cette défense obstinée d’une ANE manifestement défaillante montre clairement la vraie stratégie. Pourquoi un régime qui n’hésite pas à violer la Constitution s’accroche-t-il soudain au respect d’une loi créant l’ANE? Parce qu’une institution incompétente lui permet d’organiser des élections sur mesure. Des listes bâclées, des procédures approximatives, des pannes techniques opportunes… Tout ce qu’il faut pour une fraude électorale réussie.

Le ministre termine par cette leçon de philosophie politique: « L’opposition est dans son rôle, mais nous nous jouons aussi notre rôle, nous accomplissons notre mission pour que les élections réussissent en République Centrafricaine ».

Leur “mission” ! Quelle mission? Celle de maintenir une ANE incompétente pour mieux truquer les résultats? Celle de violer la Constitution tout en invoquant le respect de la loi? Celle de transformer chaque exigence démocratique en “manœuvre dilatoire”?

Cette sortie de Bruno Yapandé résume parfaitement l’hypocrisie de ce régime: la loi est sacrée quand elle protège leurs intérêts, négligeable quand elle les contraint. La Constitution peut être violée, les décisions de justice ignorées, les codes modifiés en secret, mais toucher à l’ANE incompétente, là, c’est un crime contre la légalité !

Au final, cette défense acharnée de l’incompétence montre leurs vraies intentions. Ils ne veulent pas d’une ANE compétente parce qu’elle compliquerait leurs manipulations électorales. Ils préfèrent garder une institution défaillante et crier au scandale quand on demande qu’elle fasse correctement son travail.

Alors non, monsieur Yapandé, votre leçon de respect de la loi ne passe pas. Un régime qui viole la Constitution n’a aucune légitimité à invoquer la sacralité juridique. Et quand ce même régime défend bec et ongles l’incompétence institutionnelle, on comprend parfaitement pourquoi: il prépare ses prochaines élections fantômes.

Source: Corbeau News Centrafrique

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