Africa-Press – CentrAfricaine. Les dirigeants centrafricains se soignent en Europe pendant que leurs concitoyens agonisent dans des hôpitaux délabrés.
Le président Faustin-Archange Touadéra a été transporté d’urgence en Belgique le 21 juin dernier. Une semaine d’hospitalisation à Bruxelles, puis un retour à Bangui. Aucune explication officielle sur sa pathologie ni sur le coût de cette opération médicale.
Quelques semaines après, le président de l’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji prend la direction de la France. Officiellement invité aux festivités du 14 juillet, il en profite pour se faire hospitaliser. Selon nos sources parlementaires, Sarandji souffre d’un mal persistant depuis plusieurs années.
Ces deux cas s’inscrivent dans une habitude bien ancrée. Ministres, généraux, députés et proches du pouvoir partent régulièrement se faire soigner au Maroc, en Tunisie ou en France. Toujours aux frais du contribuable. Jamais en Russie ou en Chine, pourtant alliés stratégiques du régime.
En 2023, le premier vice-président de l’Assemblée, Évariste Ngamana, a obtenu un montant de 17 millions de francs CFA pour aller soigner une carie dentaire en France. Malheureusement pour lui, le visa médical lui avait été refusé. Pourtant, l’assemblée nationale lui a déjà débloqué les 17 millions de francs CFA pour cette mission. Cette somme équivaut au budget annuel d’un centre de santé rural. L’épouse du député Jean-Sosthène Dengbé a également bénéficié d’une évacuation sanitaire financée par l’Assemblée, sous prétexte de son statut de douanière malade.
Pendant ce temps, les hôpitaux publics s’effondrent. Au Centre hospitalier universitaire communautaire à Bangui, les lits manquent, l’oxygène fait défaut, les scanners tombent en panne. En province, des centres de santé fonctionnent sans électricité ni ambulance. Les malades achètent leurs seringues et leurs médicaments. Ils fournissent même les gants pour leurs consultations.
Ces mêmes responsables qui fuient leurs propres hôpitaux dirigent pourtant le système de santé. Cette contradiction pose une question simple: pourquoi les citoyens ordinaires doivent-ils accepter des soins de fortune quand leurs dirigeants s’offrent les meilleurs établissements européens?
Cette désertion médicale des élites trahit leur manque de confiance dans les institutions qu’elles administrent. Elle creuse un fossé béant entre gouvernants et gouvernés dans un pays où la Constitution garantit théoriquement l’accès aux soins pour tous.
L’opacité entourant ces évacuations pose d’autres questions. Pourquoi ne jamais solliciter les hôpitaux russes ou chinois, partenaires officiels du régime? À quoi servent les discours sur la souveraineté sanitaire si l’État refuse lui-même de construire un système médical viable?
Cette politique du deux poids, deux mesures transforme les hôpitaux publics en mouroirs pour les plus démunis. Elle fait des évacuations médicales un privilège de classe dans un pays où la majorité de la population survit avec moins d’un dollar par jour.
Tant que les puissants continueront de fuir leurs propres infrastructures, les hôpitaux centrafricains resteront des symboles d’abandon et d’inégalité….
Source: Corbeau News Centrafrique
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