Africa-Press – CentrAfricaine. Évincé en 2024, le sélectionneur Raoul Savoy a obtenu gain de cause devant la Fifa, qui a condamné la Fédération centrafricaine de football à lui verser 300 000 euros d’arriérés de salaire. Mais celle-ci conteste, d’autant qu’elle est de son côté en conflit avec le ministre des Sports, Héritier Doneng. Explications.
Ce dimanche 12 octobre, au stade Idriss-Déby-Itno de N’Djamena, Raoul Savoy, le sélectionneur suisse du Tchad, se retrouvera face à une bonne partie des joueurs qu’il entraînait encore, il y a un peu plus d’un an: son équipe affrontant la Centrafrique à l’occasion de la dernière journée des qualifications pour la Coupe du monde 2026. Les deux sélections savent qu’elles ne peuvent d’ores et déjà plus se qualifier pour la compétition, mais une partie de l’enjeu est ailleurs.
Raoul Savoy est en effet en conflit avec ses anciens employeurs, Célestin Yanindji, le président de la Fédération centrafricaine de football, et Héritier Doneng, le sulfureux ministre des Sports centrafricain. La Fifa vient en effet de condamner la fédération centrafricaine, qui a cependant fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), à verser au sélectionneur un peu plus de 300 000 euros, une somme correspondant à des salaires que le Suisse n’aurait pas perçus.
L’affaire remonte à octobre 2024. Raoul Savoy avait été limogé après deux défaites face au Maroc (0-5, 0-4) en qualification pour la Coupe d’Afrique des nations 2025. Un renvoi encouragé par Héritier Doneng, qui avait invité la fédération à « prendre ses responsabilités ». Savoy avait été remplacé par l’ancien international Éloge Enza-Yamissi, toujours en poste.
La fédération conteste le montant
Le Suisse, nommé en août 2021, percevait un salaire mensuel hors primes de 10 000 euros. L’État centrafricain s’était engagé à le prendre intégralement en charge, ce qui fut le cas lors de la première année, mais plus ensuite. « La fédération avait alors avancé de l’argent à M. Savoy, correspondant à plusieurs mois de salaire, explique Célestin Yanindji.
Tarek Oueslati, l’agent de Savoy, rappelle que ce dernier n’a jamais signé le contrat qui lui avait été promis. « En juin 2024, il y a eu un appel à candidatures et Raoul Savoy avait naturellement été choisi sur la base d’un contrat de deux ans. Il avait d’ailleurs dirigé les matches de septembre et d’octobre suivants, avant d’être limogé. Et là encore, il n’avait pas signé son contrat. »
De son côté, Célestin Yanindji conteste le montant réclamé par Savoy, pourtant validé par la Fifa: « Je pense que nous lui devons autour de 50 000 euros. Nous avons fait appel pour contester cette somme de 300 000 euros. »
Un ministre en première ligne
Si la sentence de la Fifa est confirmée par le TAS — ce qui est souvent le cas —, la fédération centrafricaine n’aurait pas les ressources financières pour s’en acquitter. Elle devra donc se tourner vers l’État, qui s’était engagé à payer les salaires du sélectionneur. Mais les relations entre la fédération et Héritier Doneng, le ministre des Sports, sont notoirement exécrables et le ministère ne lui verse plus d’argent depuis près d’un an.
Célestin Yanindji avait refusé la nomination que le ministre voulait imposer à la tête de la sélection nationale, celle du Camerounais Rigobert Song, en janvier dernier. Quelques semaines plus tard, Héritier Doneng s’était mis en tête, en représailles, de suspendre toutes les activités de la sélection. Le chef de l’État, Faustin-Archange Touadéra, était intervenu pour l’en empêcher.
Source: JeuneAfrique
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