Africa-Press – CentrAfricaine. Le Docteur Dominique Désiré Erenon, président du parti Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSP), arrêté à son arrivée à l’aéroport de Bangui Mpoko le vendredi 3 octobre 2025, a été interrogé la semaine dernière pour “atteinte à la sûreté de l’État” et “insulte au Président de la République”. Cette révélation plonge dans la stupéfaction tous ceux qui connaissent ce brillant universitaire rentré de France pour servir son pays.
Atteinte à la sûreté de l’État. Ces mots résonnent comme une accusation gravissime. Ils évoquent la trahison, le complot, la tentative de renversement du pouvoir par la force. Ils affirment qu’un individu représente un danger mortel pour l’existence même de l’État.
Mais quelle “atteinte à la sûreté de l’État” que le Docteur Erenon aurait-il commise? A-t-il pris les armes? Non. A-t-il levé une milice? Non. A-t-il comploté un coup d’État? Non. A-t-il appelé à la violence? Non. A-t-il même organisé une manifestation? Non.
Le Docteur Dominique Désiré Erenon est un constitutionnaliste. Un enseignant de l’Université de Bangui qui a poursuivi ses études en France jusqu’à obtenir son doctorat à l’Université Paris-Panthéon-Assas, l’une des plus prestigieuses universités de droit d’Europe. Un intellectuel qui a passé des années à étudier le droit constitutionnel, les institutions démocratiques, l’État de droit.
Cet homme, formé dans les meilleures universités, aurait pu rester confortablement installé en France. Il aurait pu y enseigner, y faire carrière, y vivre une vie tranquille et prospère. Mais il a fait un autre choix. Il a décidé de rentrer en Centrafrique, son pays natal.
Pourquoi? Pour servir son pays. Pour transmettre ses connaissances aux étudiants centrafricains. Pour reprendre ses enseignements à l’Université de Bangui. Pour partager avec la jeunesse centrafricaine le savoir qu’il a acquis pendant ses années d’études en France.
Il est aussi rentré pour participer à la vie politique de son pays. En tant que président du parti MDSP, il voulait contribuer au débat démocratique, présenter un projet politique alternatif, participer aux élections. C’est son droit le plus strict en tant que citoyen centrafricain.
Mais le régime Touadéra ne voit pas les choses ainsi. Pour ce régime paranoïaque et répressif, un intellectuel formé à l’étranger qui rentre au pays avec des idées démocratiques est une menace. Un opposant politique qui veut participer aux élections est un danger. Un universitaire qui enseigne le droit constitutionnel à la jeunesse est un ennemi.
Alors le régime l’arrête dès sa descente d’avion. Avant même qu’il n’ait pu poser ses valises chez lui. Avant même qu’il n’ait pu embrasser sa famille. On le cueille à l’aéroport comme un criminel dangereux.
Et on l’interroge pour “atteinte à la sûreté de l’État”. Pour avoir fait quoi exactement? Pour avoir critiqué Touadéra? Pour avoir dit que le régime est autoritaire? Pour avoir dénoncé les violations des droits humains? Pour avoir appelé à des élections libres et transparentes?
Si critiquer le président constitue une “atteinte à la sûreté de l’État”, alors tous les opposants sont des criminels. Si dénoncer les dérives du régime est un crime, alors la démocratie est morte. Si exprimer des opinions politiques différentes de celles du pouvoir vous conduit en prison, alors la Centrafrique est devenue une dictature totale.
L’accusation d’“insulte au Président de la République” est tout aussi absurde. Qu’a dit le Docteur Erenon qui constituerait une “insulte”? A-t-il traité Touadéra de noms vulgaires? A-t-il proféré des injures grossières? Ou a-t-il simplement critiqué sa politique, dénoncé son autoritarisme, contesté sa légitimité?
Dans une démocratie normale, critiquer le président n’est pas une insulte. C’est un droit. Un droit fondamental protégé par la liberté d’expression. Les opposants politiques critiquent le pouvoir en place, c’est leur rôle. Les intellectuels analysent et contestent les politiques gouvernementales, c’est leur fonction.
Mais dans la Centrafrique de Touadéra, critiquer le président est devenu un crime. On ne peut plus rien dire. On doit fermer sa gueule, baisser la tête, dire “pardon Président, pardon Président” comme un enfant puni. On doit se prosterner devant le pouvoir et accepter tout ce qu’il fait sans jamais oser une parole de contestation.
C’est ça la vie que Touadéra veut imposer aux Centrafricains? Une vie de silence et de soumission? Une vie où on ne peut même plus exprimer une opinion différente sans risquer la prison pour “atteinte à la sûreté de l’État”?
Le comble de l’hypocrisie, c’est que Touadéra lui-même n’arrête pas d’appeler la diaspora à rentrer. Dans tous ses discours, il répète: “Rentrez au pays, la Centrafrique a besoin de vous, venez participer au développement du pays”. Il fait des promesses, il tend la main, il joue les présidents accueillants.
Mais quand un membre de la diaspora rentre effectivement, formé, diplômé, compétent, prêt à servir son pays, qu’est-ce qu’il reçoit? Une arrestation à l’aéroport. Un interrogatoire pour “atteinte à la sûreté de l’État”. Une détention arbitraire.
Quel message cela envoie-t-il aux autres membres de la diaspora? Le message est clair: ne rentrez pas. Si vous rentrez, vous serez arrêtés. Si vous avez des compétences, si vous avez des idées, si vous avez une vision pour le pays, vous êtes dangereux. Restez en France, restez en Europe, restez en Amérique. En Centrafrique, on n’a pas besoin d’intellectuels, on n’a pas besoin de gens formés, on n’a pas besoin de citoyens qui réfléchissent.
On n’a besoin que de gens soumis qui disent “oui Président” à tout ce que fait Touadéra.
Cette arrestation du Docteur Erenon montre la panique qui s’empare du régime. Touadéra a peur. Il a peur des intellectuels. Il a peur des jeunes formés qui rentrent avec des idées nouvelles. Il a peur de la diaspora qui pourrait apporter un souffle nouveau au pays. Il a peur des opposants qui pourraient mobiliser la population.
Cette peur le pousse à la folie répressive. Plutôt que d’accepter le débat démocratique, il arrête les opposants. Plutôt que de répondre aux critiques par des arguments, il répond par la prison. Plutôt que de laisser les intellectuels contribuer au développement du pays, il les accuse d’“atteinte à la sûreté de l’État”.
Cette folie répressive ne fait que révéler la faiblesse du régime. Un régime fort, légitime, populaire n’a pas besoin d’arrêter les intellectuels. Un régime démocratique n’a pas peur des opposants. Seul un régime faible, illégitime, impopulaire a besoin de réprimer toute voix dissidente pour se maintenir au pouvoir.
Le Docteur Dominique Désiré Erenon n’est pas un danger pour la Centrafrique. Il est un atout. Un citoyen formé dans les meilleures universités, qui aurait pu faire carrière à l’étranger, mais qui a choisi de rentrer servir son pays. Un intellectuel qui peut former la jeunesse centrafricaine au droit constitutionnel, aux principes démocratiques, à l’État de droit. Un opposant politique qui propose un projet alternatif pour le pays.
Le vrai danger pour la Centrafrique, c’est Touadéra et son régime. Un régime qui arrête les intellectuels. Qui emprisonne les opposants. Qui fabrique des accusations absurdes d’“atteinte à la sûreté de l’État” contre des citoyens pacifiques. Qui transforme la critique politique en crime. Qui étouffe toute parole libre.
Pour le moment, le Docteur Erenon n’est pas officiellement accusé. Il a seulement été “interrogé” sur ces accusations d’“atteinte à la sûreté de l’État” et d’“insulte au Président”. Mais cette distinction est purement formelle. Dans la pratique, une fois qu’on est arrêté et interrogé pour ces motifs en Centrafrique, l’accusation officielle suit généralement.
Le régime est en train de fabriquer un dossier contre le Docteur Erenon. Il cherche des “preuves” pour justifier son arrestation. Il tord des déclarations politiques normales pour en faire des “atteintes à la sûreté de l’État”. Il transforme des critiques légitimes en “insultes au Président”.
Cette fabrication d’accusations est une technique classique des régimes autoritaires. On arrête d’abord, on invente les motifs après. On emprisonne d’abord, on construit le dossier ensuite. L’objectif n’est pas la justice, c’est l’élimination politique de l’opposant.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit: éliminer le Docteur Erenon de la scène politique. L’empêcher de participer aux élections de décembre. L’empêcher de mobiliser son parti. L’empêcher d’enseigner à l’université. L’empêcher de partager ses idées avec la jeunesse centrafricaine. Le neutraliser complètement.
Le régime veut envoyer un message à tous les autres opposants potentiels: voilà ce qui vous attend si vous osez rentrer au pays et faire de la politique. Voilà ce qui arrive à ceux qui critiquent Touadéra. Restez silencieux ou partez en exil.
Mais ce message de terreur ne fera que renforcer la détermination des vrais opposants. Le Docteur Erenon devient un symbole. Un symbole de la résistance intellectuelle face à un régime obscurantiste. Un symbole du courage de ceux qui refusent l’exil et choisissent de se battre au pays malgré les risques.
Son arrestation arbitraire, ses accusations absurdes, sa détention injuste ne feront que discréditer davantage le régime Touadéra aux yeux des Centrafricains et de la communauté internationale.
Le régime Touadéra doit comprendre qu’il ne peut pas continuer à arrêter impunément tous ceux qui osent penser différemment. Qu’il ne peut pas fabriquer des accusations d’“atteinte à la sûreté de l’État” contre des opposants pacifiques. Qu’il ne peut pas transformer la Centrafrique en prison géante où toute parole libre est un crime.
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press