Désordre Électoral: Accès aux Listes Inaccessible

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Désordre Électoral: Accès aux Listes Inaccessible
Désordre Électoral: Accès aux Listes Inaccessible

Africa-Press – CentrAfricaine. Lors du débat Patara sur la radio Ndèkè -Luka, l’ANE s’est fait démolir par des personnalités qui dénoncent l’inaccessibilité des listes électorales pour la quasi-totalité des Centrafricains.

Le débat Patara animé par Armando Yanguendji sur la radio Ndèkè -Luka le 27 septembre 2025 restera comme un moment d’anthologie dans l’histoire électorale centrafricaine. Face à Gypsiane Aguené, secrétaire permanente de l’ANE, des personnalités de premier plan ont livré un réquisitoire accablant contre la gestion catastrophique du fichier électoral par cette institution censée garantir la transparence des élections du 28 décembre.

L’ex-procureur de la République Joseph Bindoumi, président du réseau Arc-en-ciel, n’a pas mâché ses mots face aux justifications bancales de la représentante de l’ANE. Quand Gypsiane Aguené a tenté d’expliquer que les listes électorales définitives étaient disponibles sur le site internet de l’ANE et au centre de traitement des données à Bangui, elle a déclenché une salve de critiques dévastatrices.
“L’ANE se détache du code électoral”, a fustigé Bindoumi en rappelant avec véhémence l’article 11, alinéa 3 du code électoral. Ce texte exige pourtant clairement un affichage public des listes dans chaque unité administrative pour permettre aux électeurs de vérifier leur inscription. Cette obligation légale fondamentale est tout simplement ignorée par l’ANE qui préfère se réfugier derrière une pseudo-modernité numérique.

Bernadette Gomina-Pampali, députée de Bayanga, a enfoncé le clou avec une ironie mordante qui a dû faire mal à la représentante de l’ANE. “On est champions en adoption des lois, mais aussi en violation des lois”, a-t-elle déclaré, pointant l’arrogance d’une institution qui agit comme si tous les Centrafricains avaient accès à Internet dans leurs villages reculés.

La députée a qualifié la situation de “désolante” en expliquant concrètement l’impossibilité pour ses électeurs de Bayanga d’accéder à ces fameuses listes en ligne. Cette population rurale, souvent analphabète, se trouve ainsi exclue du processus électoral par une ANE qui vit manifestement dans une bulle technologique déconnectée des réalités du terrain.

Chantal Touabéna, présidente des femmes leader Aouline, a apporté des chiffres dévastateurs pour l’argumentaire de l’ANE. Selon elle, seulement 5% de la population centrafricaine a accès à Internet et 26% sont analphabètes. Ces statistiques transforment la stratégie numérique de l’ANE en véritable farce démocratique.

“C’est un fiasco”, a tranché Chantal Touabéna, résumant en deux mots l’opinion générale sur cette gestion calamiteuse. Comment peut-on prétendre organiser des élections transparentes quand plus de trois quarts de la population ne peuvent pas vérifier leur inscription sur les listes électorales?

Cette dépendance aveugle à une plateforme numérique inaccessible à la majorité des Centrafricains ressemble davantage à une stratégie délibérée d’exclusion qu’à une modernisation du processus électoral. L’ANE semble avoir délibérément choisi la voie la plus compliquée pour empêcher les citoyens d’exercer leur droit de contrôle sur les listes électorales.

L’absence d’affichage physique des listes dans les unités administratives constitue une violation caractérisée du code électoral. Cette violation n’est pas accidentelle mais un signe d’une volonté délibérée de limiter l’accès à l’information électorale. Dans quel but? La question mérite d’être posée.

Les critiques acerbes exprimées lors de ce débat montre un malaise profond face aux méthodes de l’ANE. Ces personnalités respectées de la société civile et du monde politique ne contestent pas pour le plaisir de critiquer, mais parce qu’elles constatent une dérive dangereuse qui compromet la crédibilité du scrutin à venir.

La stratégie de l’ANE pose des questions sur ses véritables intentions. Veut-elle vraiment organiser des élections transparentes et inclusives, ou cherche-t-elle à limiter la participation citoyenne en complexifiant l’accès à l’information? Le débat de la radio Ndèkè -Luka a apporté des éléments de réponse troublants.

Cette polémique sur l’inaccessibilité des listes électorales s’ajoute aux autres dysfonctionnements déjà constatés dans la gestion de l’ANE. Entre les mensonges sur la publication des listes et cette nouvelle stratégie d’exclusion numérique, l’institution accumule les signaux négatifs.

Au final, ce débat sur la radio Ndèkè -Luka aura eu le mérite de mettre à nu les contradictions et les insuffisances de l’ANE. Face aux critiques argumentées de Joseph Bindoumi, Bernadette Gomina-Pampali et Chantal Touabéna, les justifications de Gypsiane Aguené ont sonné comme des excuses de mauvaise foi.

Comment les Centrafricains peuvent-ils encore faire confiance à une institution qui viole ouvertement la loi électorale tout en prétendant organiser des scrutins démocratiques? Cette question, soulevée implicitement lors du débat, plane désormais comme une épée de Damoclès sur la crédibilité des élections de décembre.

Source: Corbeau News Centrafrique

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