Africa-Press – CentrAfricaine. Germain Nadjibe, Président de la « Conquête inclusive du bonheur » affirme lors de son interview à la Radio Ndèkè -Luka qu’il va gagner la présidentielle. Point final. Pas de plan B, pas de doute. Cette assurance interroge quand on connaît la réalité politique centrafricaine actuelle.
Or, cette victoire annoncée intervient dans un contexte où chacun voit bien que les conditions d’un scrutin équitable ne sont pas réunies. Le président sortant Baba Kongoboro a pris soin de contrôler chaque étape du processus électoral. La constitution a été modifiée sur mesure, la Cour constitutionnelle purgée de ses membres gênants comme Danièle Darlan, remplacés par des individus crapuleux et plus dociles. Les résultats du référendum ont affiché des taux pour le moins surprenants. Comment peut-on être si sûr de gagner quand l’opposition véritable refuse de participer ou exige au minimum des conditions décentes pour organiser le scrutin? Cette confiance aveugle détonne.
D’ailleurs, pendant que les partis d’opposition dénoncent les irrégularités et demandent des garanties minimales, Nadjibe débarque avec ses certitudes de victoire. Il n’évoque jamais les problèmes du processus électoral, ne critique rien, ne revendique aucune réforme. Cette posture arrange bien le pouvoir en place.
Cette attitude fait penser à autre chose qu’une vraie ambition présidentielle. Nadjibe ne viserait-il pas plutôt un poste dans le futur gouvernement? L’histoire centrafricaine connaît bien ce scénario: créer un parti, faire campagne pour la forme, puis rallier le président réélu contre un maroquin. La recette fonctionne depuis des décennies.
Plusieurs questions méritent d’être posées. Pourquoi Nadjibe ne dit-il rien sur les conditions actuelles du scrutin? A-t-il déjà négocié sa place dans l’après-élection? Sa candidature fait-elle partie d’une stratégie plus large pour donner une apparence de pluralisme à un processus déjà bouclé? Son silence sur les dérives actuelles contraste avec ses proclamations de victoire. Quand l’opposition authentique boycotte ou pose des conditions, lui fonce tête baissée. Cette différence d’approche pose question.
Il faut reconnaître que Nadjibe émerge au bon moment pour le pouvoir. Sa candidature permet d’afficher une diversité de candidats face à un président sortant. Elle donne l’impression d’une vraie compétition électorale. Pratique pour légitimer un scrutin contesté par ailleurs. Les électeurs centrafricains connaissent cette musique. Ils ont déjà vu des candidats surgir avant les élections, tenir des discours généreux, puis disparaître après avoir obtenu ce qu’ils cherchaient vraiment.
Au final, la confiance de Nadjibe cache peut-être une tout autre réalité que celle qu’il présente. Entre ambition présidentielle sincère et stratégie personnelle bien calculée, les Centrafricains ont le droit de savoir. D’autant que son mutisme sur les vrais problèmes du processus électoral en dit long sur ses priorités réelles. Cette élection s’annonce déjà particulière. Les candidatures comme celle de Nadjibe ne font que confirmer cette impression.
Source: Corbeau News Centrafrique
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