Africa-Press – CentrAfricaine. La Commission d’Attribution des Marchés de l’Assemblée nationale vient de mettre fin aux fonctions de cinq agents pour diverses fautes graves allant de la négligence à l’intelligence avec autrui en vue du détournement de deniers publics.
Selon une note signée par la vice-présidente de la Commission, Marie-Christine Patassé, quatre agents ont été révoqués pour “mauvaise manière de servir, non-observation des directives et consignes de la Commission, négligence des missions et des termes du mandat”. Il s’agit de Bandio Meboumbo Winnie Jesmine, Fanamby Kevin, Boutouly Armand et Ngakoundou Simplice.
Un cinquième agent, Bissa Grothe Idriss, Chef de Service de la Comptabilité, fait l’objet de sanctions plus graves pour “intelligence avec autrui en vue du détournement de deniers publics”.
La Commission demande au président de l’Assemblée nationale de diligenter immédiatement une mission d’audit interne et externe afin d’évaluer la gestion de la Trésorerie depuis la nomination de Bissa Grothe Idriss. Elle réclame également un audit de la Cour des Comptes pour établir la responsabilité des membres de la Commission d’Attribution des Marchés (députés et personnel administratif) et des Commissions permanentes impliqués dans des tentatives de trafic d’influence, de corruption et de détournement de deniers publics.
La Commission exige enfin la publication des rapports antérieurs de la Cour des Comptes sur les comptes de l’Assemblée nationale et la mise en application de leurs recommandations.
Mais où sont les vrais responsables? Cette opération “mains propres” à l’Assemblée nationale interroge qu’elle n’apporte de réponses. Pourquoi sanctionner uniquement des petits agents alors que les véritables malversations se situent au sommet de l’institution?
Les rapports de la Commission spéciale sur la gestion des fonds parlementaires ont révélé des détournements massifs par des députés eux-mêmes. Certains prétendent partir se soigner à l’étranger et empochent des millions sans jamais voyager.
Le cas le plus emblématique reste celui du premier vice-président de l’Assemblée nationale Évariste Ngamana , copain de la député Patassé, celle qui a même signé ce document de sanction. Rappelons que pour un simple problème de dent pourrie, Évariste Ngamana avait reçu 17 millions de francs CFA. Son visa pour la France a été refusé, il est resté à Bangui, mais n’a jamais remboursé cet argent. Dix-sept millions détournés en toute impunité par l’un des plus hauts responsables du Parlement.
Et ce n’est pas tout! Le président de la Commission de la Défense, député de Berbérati, a fait voyager son épouse en Tunisie pour se soigner sur les fonds de l’Assemblée nationale. L’affaire remonte à 2023. L’épouse est décédée il y’a quelques semaines suite à un accident de circulation, mais cela n’efface pas le détournement de fonds publics commis.
Ces exemples montrent que l’Assemblée nationale est devenue une pépinière de mafieux qui détournent des millions en toute impunité. Les députés votent des budgets colossaux pour leurs “frais de mission” et leurs “soins médicaux” à l’étranger, tandis que les hôpitaux centrafricains manquent de tout.
Vraiment, c’est une institution totalement discréditée sous le régime de Touadera. L’Assemblée nationale, censée représenter le peuple et contrôler l’action du gouvernement, s’est transformée en entreprise de pillage des deniers publics. Les députés se servent d’abord, votent ensuite.
Sanctionner cinq petits agents pour “mauvaise manière de servir” alors que les députés détournent des dizaines de millions relève de la farce. C’est comme arrêter le vendeur de Tramadol à la sauvette pendant que les barons du trafic se promènent librement dans la garde présidentielle, parlant bien sur du commandant Yarkokpa.
La demande d’audit de la Cour des Comptes est louable, mais qu’en sera-t-il des conclusions? Les rapports précédents de la Cour des Comptes dorment dans les tiroirs. Leurs recommandations n’ont jamais été appliquées. Les députés impliqués dans les malversations n’ont jamais été inquiétés.
L’Assemblée nationale ne peut pas se contenter de sacrifier quelques lampistes pour donner l’illusion qu’elle fait le ménage. Si elle veut retrouver un minimum de crédibilité, elle doit s’attaquer aux vrais responsables: les députés qui transforment l’institution en distributeur automatique de billets.
Les 17 millions du vice-président, les frais de voyage fantaisistes, les faux soins à l’étranger – voilà ce que la Commission d’Attribution des Marchés devrait auditer. Voilà les responsables qu’elle devrait sanctionner.
Mais tant que les députés se protègent mutuellement, tant qu’ils préfèrent sanctionner des subalternes plutôt que de s’attaquer à la corruption systémique qui gangrène leur institution, l’Assemblée nationale restera ce qu’elle est devenue: une mafia en costume-cravate qui pille les caisses de l’État au nom du peuple centrafricain.
Source: Corbeau News Centrafrique
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