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Mahamat Al-Khatim, chef du Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), est devenu le dernier traître en date au service de Wagner. Ce Tchadien de naissance, qui n’a de centrafricain que le nom de son mouvement rebelle, travaille désormais main dans la main avec les mercenaires russes pour traquer, arrêter et livrer d’autres leaders de groupes armés centrafricains. Les “Russes noirs” ont un nouveau collaborateur, et c’est un collaborateur zélé.
L’affaire la plus récente vient de se produire. Al-Khatim a ordonné l’arrestation de deux de ses propres chefs de chantier, deux rebelles du MPC qui avaient refusé de rejoindre les mercenaires russes dans une opération de traque contre Florent Kema, chef d’état-major de CMSPR et ex-député de Nana-Bakassa. Ces deux hommes, Ali Choc et Hamid Saraga, ont été arrêtés par le commandant de zone du MPC surnommé “Libanais”, puis livrés à Wagner. Ils sont actuellement emprisonnés à Kaga-Bandoro par les mercenaires russes. Leur crime? Avoir refusé de collaborer avec Wagner.
Cette affaire confirme parfaitement la transformation d’Al-Khatim en “Russe noir”, ces rebelles convertis au service de Wagner qui font le sale boulot des mercenaires contre les centrafricains.
Mais qui est vraiment Mahamat Al-Khatim? Rappelons les faits, parce que cet homme n’a rien de centrafricain malgré le nom de son mouvement, “Mouvement Patriotique pour la Centrafrique”.
Al-Khatim est un Tchadien pur et simple. Père et mère d’origine tchadienne. Il a grandi au Tchad. Il est venu en Centrafrique dans le cadre des “libérateurs”, ces combattants tchadiens que François Bozizé avait recrutés dans sa rébellion pour prendre le pouvoir en 2003. Al-Khatim a accompagné la rébellion de Bozizé et, après la prise de pouvoir, il a été intégré dans l’armée nationale centrafricaine avec le grade de caporal.
Un caporal tchadien dans l’armée centrafricaine. C’est ça Mahamat Al-Khatim. Après la chute de Bozizé en 2013, ce caporal tchadien a rejoint la Séléka. Puis, après l’éclatement de la Séléka, il a créé sa propre rébellion: le MPC, Mouvement Patriotique pour la Centrafrique. Le nom est trompeur. Il n’y a rien de “patriotique” ni de “centrafricain” dans ce mouvement dirigé par un Tchadien qui traque maintenant des Centrafricains pour le compte de mercenaires russes.
Depuis quelques temps, Al-Khatim avait soi-disant signé un accord de paix avec le gouvernement, même avant l’Accord de Ndjamena du 19 avril 2025. Il avait été le premier chef rebelle tchadien à signer un accord avec le régime Touadéra. Puis, mystérieusement, il s’est retrouvé en prison au Tchad où il a passé presque un an. Après sa sortie de prison, le gouvernement centrafricain ne tenait plus compte de lui.
Al-Khatim s’est donc tourné vers Wagner. C’était sa stratégie de survie, sa manière de se rattraper, de rester pertinent dans le paysage complexe des groupes armés centrafricains. Il a décidé de faire le sale boulot pour les mercenaires russes: traquer les autres groupes armés centrafricains, les leaders rebelles qui ne veulent pas se soumettre à Wagner.
Al-Khatim est devenu un “Russe noir”. Cette expression désigne les rebelles formés et recrutés par les mercenaires russes pour les appuyer dans leurs opérations. À Bambari, par exemple, des rebelles de l’UPC sous Hassan Bouba sont devenus des “Russes noirs”. Maintenant, Al-Khatim et ses hommes rejoignent cette catégorie de traîtres qui travaillent pour les occupants étrangers contre les centrafricains.
Al-Khatim a converti ses ex-rebelles en “Russes noirs” pour appuyer Wagner. Ces hommes sont déployés dans les sites miniers de l’Ouham, où Al-Khatim a placé ses éléments comme chefs de chantier pour bénéficier des retombées financières de l’exploitation minière. C’est un arrangement profitable: Wagner contrôle les mines, Al-Khatim fournit les hommes, et tout le monde se partage l’argent pendant que les Centrafricains sont dépouillés de leurs ressources.
Mais il y a quelques jours, Al-Khatim a demandé à deux de ces chefs de chantier, deux de ses rebelles: Ali Choc et Hamid Saraga, de se rallier aux mercenaires russes pour aller combattre et pourchasser Florent Kema, chef d’état-major de CMSPR et ancien député de Nana-Bakassa. Ces deux hommes ont refusé. Ils ont dit à Al-Khatim: “Non, nous ne voulons pas faire ce travail. Ce n’est pas notre rôle. Nous avons signé un accord avec le gouvernement et nous attendons la suite du processus. Nous ne sommes pas intéressés à travailler avec les mercenaires russes”.
Un refus clair et courageux. Ali Choc et Hamid Saraga ont compris qu’Al-Khatim les entraînait sur une mauvaise voie, qu’il les transformait en collaborateurs de Wagner contre d’autres Centrafricains. Florent Kema est un Centrafricain, ancien député de la Nation. Pourquoi iraient-ils le traquer pour le compte de mercenaires russes?
La réaction d’Al-Khatim a été immédiate. Il a donné l’ordre à son commandant de zone, surnommé “Libanais”, d’arrêter Ali Choc et Hamid Saraga. Libanais a exécuté l’ordre. Il a arrêté les deux rebelles vers Sido et les a remis aux mercenaires russes. Ali Choc et Hamid Saraga sont actuellement emprisonnés à Kaga-Bandoro par Wagner. Leur seul crime? Avoir refusé de collaborer avec les mercenaires russes pour traquer un ancien député centrafricain.
Cette affaire montre le vrai visage d’Al-Khatim. Ce n’est pas un chef rebelle qui négocie pour améliorer les conditions de vie de sa communauté. Ce n’est pas un acteur politique qui cherche une place dans le système pour servir son peuple. C’est un mercenaire tchadien au service d’autres mercenaires russes, qui traque et livre des Centrafricains à Wagner.
Al-Khatim est surnommé “le nabot” parce qu’il est très petit, dépassant à peine 1m50. Depuis sa sortie de prison au Tchad, il a apparemment perdu beaucoup de poids. Quand on le voit, on dirait un enfant. Pourtant, c’est un chef de guerre dangereux qui travaille maintenant pour Wagner.
L’objectif d’Al-Khatim et de Wagner est clair: traquer et capturer Florent Kema, chef d’état-major de CMSPR et ancien député de Nana-Bakassa.
Al-Khatim n’est pas le seul chef rebelle à avoir fait ce choix. D’autres, comme Hassan Bouba de l’UPC à Bambari, ont également choisi de devenir des “Russes noirs”. Mais Al-Khatim va peut-être plus loin que les autres dans sa collaboration avec Wagner. Il arrête et livre ses propres hommes quand ils refusent de travailler pour les mercenaires russes.
Cette affaire d’Ali Choc et Hamid Saraga emprisonnés à Kaga-Bandoro montre aussi quelque chose d’important: tous les rebelles ne sont pas prêts à devenir des collaborateurs de Wagner. Ces deux hommes ont eu le courage de dire non. Ils ont refusé de se transformer en “Russes noirs”. Ils ont refusé de traquer Florent Kema pour le compte de Wagner. Et ils paient maintenant le prix de leur refus.
Source: Corbeau News Centrafrique
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