Élections Fantômes: ANE Paie des Taxi-Motos pour Mobiliser

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Élections Fantômes: ANE Paie des Taxi-Motos pour Mobiliser
Élections Fantômes: ANE Paie des Taxi-Motos pour Mobiliser

Africa-Press – CentrAfricaine. Pour la première fois dans l’histoire de la République Centrafricaine, l’Autorité Nationale des Élections (ANE) a lancé une campagne désespérée pour supplier les Centrafricains de déposer leurs candidatures aux élections du 28 décembre 2025. Depuis l’ouverture du dépôt des candidatures le 2 octobre dernier, l’ANE a recruté des jeunes conducteurs de taxi-motos, leur a donné des gilets estampillés “ANE”, les a payés pour sillonner les quartiers de Bangui avec des mégaphones en criant: “Venez déposer vos dossiers de candidature !”

Cette situation inédite et pathétique montre l’ampleur du rejet populaire des élections organisées par le régime Touadéra. Personne ne veut participer. Le silence est total. Les Centrafricains ont compris que ces élections ne sont qu’une parodie, une nomination déguisée en scrutin démocratique.

Les chiffres sont accablants. Pour l’Assemblée Nationale qui compte environ 145 sièges de députés, l’ANE n’a reçu que 300 et quelques dépôts de candidatures au moment de la clôture le 11 octobre. C’est largement inférieur au nombre normalement attendu pour des élections législatives crédibles. Pour les élections communales, c’est encore pire: les candidatures sont quasi-inexistantes.

Qui a déposé ces 300 candidatures? Principalement le MCU, le parti de Touadéra. Et de manière révélatrice, le MCU a mis en place une stratégie cynique: pour chaque circonscription, il présente un candidat officiel MCU ET un candidat “indépendant” qui est en réalité aussi du MCU. Cette astuce permet au MCU de monopoliser les candidatures et de créer l’illusion d’une compétition là où il n’y en a aucune.

Tu trouves donc dans chaque circonscription un candidat officiel du MCU et un candidat soi-disant indépendant mais qui est en fait du MCU. Peu importe qui “gagne”, c’est le MCU qui remporte le siège. C’est le MCU qui remplit à lui seul la majorité des demandes de candidature. Les vrais partis d’opposition, les vrais candidats indépendants, brillent par leur absence.

Ce désintérêt massif a poussé l’ANE à prendre des mesures désespérées. Au lieu de s’interroger sur les raisons de ce boycott, au lieu de créer les conditions d’élections crédibles qui donneraient envie aux gens de participer, l’ANE a décidé de faire de la publicité pour recruter des candidats.

Des jeunes conducteurs de taxi-motos ont été recrutés et payés par l’ANE. On leur a donné des gilets aux couleurs de l’ANE. On leur a remis des mégaphones. Et on les a envoyés dans différents quartiers de Bangui pour crier: “Venez déposer vos candidatures ! Présentez-vous aux élections !”. Ces jeunes sillonnent les rues depuis plusieurs jours, répétant inlassablement leur message, essayant de convaincre les Centrafricains de participer à des élections auxquelles personne ne croit.

Cette campagne de l’ANE pour recruter des candidats est sans précédent. Jamais dans l’histoire du pays une institution électorale n’a dû supplier les citoyens de se présenter aux élections. Cela montre le degré de rejet de ces élections par la population. Les Centrafricains ont compris que c’est une comédie pathétique et ils refusent d’y participer, même comme candidats.

Malgré cette campagne intensive, malgré les jeunes en gilets ANE qui crient dans les mégaphones, malgré l’argent dépensé pour payer ces taxi-motos, le résultat est zéro. Les gens ne viennent pas. Ils ne veulent pas déposer leurs candidatures. Le silence est assourdissant.

L’exemple le plus frappant de ce rejet est la ville de Birao, dans la préfecture de la Vakaga. Du 2 octobre au 6 octobre, aucun candidat n’a déposé de dossier à Birao. Zéro candidature. Pendant quatre jours, le bureau de l’ANE à Birao est resté vide. Personne n’est venu. On ne sait pas si des candidatures ont été déposées dans les derniers jours avant la clôture le 11 octobre, mais le fait qu’aucun candidat ne se soit présenté pendant les quatre premiers jours est révélateur.

À Birao, les jeunes avaient déjà clairement dit à Hassan Bouba qu’ils ne voulaient pas de son association “100% Touadéra” dans leur ville. Ce refus s’étend maintenant aux élections elles-mêmes. Les habitants de Birao boycottent massivement ce scrutin truqué.

Cette situation est grave pour l’ANE et pour le régime Touadéra. Comment peut-on organiser des élections quand personne ne veut se présenter? Comment peut-on prétendre que c’est un scrutin démocratique quand il faut payer des taxi-motos pour supplier les gens de déposer leurs candidatures?

Les Centrafricains ont bien compris. Ils ont compris que ces élections ne sont pas de vraies élections. Ils ont compris que Touadéra va faire un coup de force. Ils ont compris que ce ne sera pas une élection mais une nomination. Ils ont compris qu’il ne sert à rien de dépenser son argent pour payer les frais de candidature, pour perdre son argent pour rien.

Pourquoi payer une caution de plusieurs millions de francs CFA pour participer à des élections dont le résultat est écrit d’avance? Pourquoi se présenter quand on sait que le MCU va “gagner” de toute façon parce qu’il contrôle l’ANE, le Conseil Constitutionnel, l’administration, et qu’il pille les caisses publiques pour financer sa campagne?

Les vrais partis d’opposition ont déjà annoncé leur boycott: le BRDC, le PCS, et probablement d’autres vont suivre. Les candidats indépendants sérieux refusent de cautionner cette parodie. Restent seulement les candidats du MCU, les faux indépendants du MCU, et quelques opportunistes qui espèrent gagner quelque chose en participant.

Le fait que l’ANE doive recruter des taxi-motos pour faire de la publicité pour ces élections montre que l’institution elle-même sait que ces élections sont rejetées par la population. Mais au lieu de reconnaître le problème et de créer les conditions d’un scrutin crédible, l’ANE continue à faire semblant, à organiser cette comédie électorale que personne ne prend au sérieux.

Les jeunes en gilets ANE qui circulent dans Bangui avec leurs mégaphones sont les symboles vivants de cette farce. Ils crient dans le vide. Ils supplient les gens de participer à une mascarade. Et les gens passent à côté d’eux sans s’arrêter, sans écouter, sans répondre.

Source: Corbeau News Centrafrique

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