Ouadda-Maïkaga: Punition par Coupure d’Internet

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Ouadda-Maïkaga: Punition par Coupure d'Internet
Ouadda-Maïkaga: Punition par Coupure d'Internet

Africa-Press – CentrAfricaine. L’arbitraire et l’abus de pouvoir atteignent un nouveau sommet à Ouadda-Maïkaga. Le capitaine de l’armée, chef du détachement des FACA dans cette localité de la Haute-Kotto, a autorisé la coupure du réseau internet pour punir la population qu’il accuse d’avoir “trahi” son nom en fournissant des informations à Corbeau News Centrafrique.

Depuis jeudi dernier, 16 octobre 2025, la connexion internet est coupée à Ouadda-Maïkaga . La raison? La publication par le CNC d’un article sur les désertions des soldats FACA dans cette garnison et sur les conditions de vie déplorables qu’ils y endurent, y compris ses agissements criminels. Furieux de voir son nom associé à cette situation catastrophique, le capitaine a décidé de se venger sur la population en coupant le réseau internet.

Ce capitaine, devenu un petit roi local qui fait ce qu’il veut sans craindre aucune sanction, a non seulement ordonné la coupure du réseau, mais exige maintenant que la population paie pour sa réinstallation avant qu’il n’autorise la réouverture de la connexion.

Cette décision idiomatique et pathétique prive toute la population d’Ouadda de la possibilité de communiquer avec leurs familles à Bria, à Bangui ou ailleurs. Les habitants ne peuvent plus passer d’appels internet, envoyer des messages, faire des transferts d’argent mobile, ou accéder aux informations en ligne. Tout cela parce qu’un capitaine irascible ne supporte pas que ses abus soient dénoncés publiquement.

L’installation de ce réseau internet à Ouadda avait été une démarche longue et difficile menée par le député de la circonscription lui-même. Il avait fait des efforts considérables pour que cette localité isolée puisse enfin avoir accès à internet. Cette connexion permettait à la population de rester en contact avec le reste du pays, de faire du commerce en ligne, d’accéder aux informations, de communiquer avec leurs proches.

Mais d’un seul coup, sur un caprice, ce capitaine a décidé de priver toute une ville de cette connexion vitale. Il pense qu’en coupant internet, le CNC ne pourra plus avoir d’informations sur Ouadda et sur son comportement. Il se trompe complètement.

L’information, même sans réseau internet, continue à circuler. Le CNC a toujours des sources à Ouadda qui trouvent des moyens de faire parvenir les informations. Des gens se déplacent vers Bria où il y a du réseau pour transmettre les nouvelles. D’autres utilisent les réseaux satellitaires. L’information trouve toujours son chemin, même quand les autocrates locaux essaient de la bloquer.

En coupant internet, ce capitaine ne fait que confirmer tout ce que le CNC a écrit sur lui. Il confirme qu’il est un tyran local. Il confirme qu’il abuse de son pouvoir. Il confirme qu’il ne se soucie pas du bien-être de la population. Il confirme qu’il est prêt à punir collectivement toute une ville pour protéger sa réputation personnelle.

Ce capitaine pense que c’est la population d’Ouadda qui l’a “trahi” en racontant “n’importe quoi” sur son nom au CNC. Mais ce que le CNC a publié n’est pas “n’importe quoi”. Ce sont des faits vérifiés sur les désertions répétées des soldats, sur les conditions de vie déplorables, sur le détournement de l’argent des barrières de racket par l’adjudant-chef du détachement.

Si ce capitaine veut que le CNC arrête de publier sur lui, il n’a qu’à arrêter ses mauvais comportements. Il n’a qu’à améliorer les conditions de vie de ses soldats pour qu’ils arrêtent de déserter. Il n’a qu’à assurer la transparence dans la gestion de l’argent collecté dans le marché central et aux barrières. Il n’a qu’à traiter la population avec respect plutôt qu’avec mépris.

Mais non. Au lieu de se remettre en question, ce capitaine préfère punir la population. Il coupe internet. Il exige que les habitants paient pour la réinstallation. Il se comporte comme un seigneur de guerre qui a tous les droits sur son territoire.

Et le pire, c’est qu’il a raison de penser qu’il ne sera pas sanctionné. Dans la Centrafrique de Touadéra, l’impunité est totale pour les militaires qui abusent de leur pouvoir. Ce capitaine sait qu’il peut faire ce qu’il veut sans conséquence. Il peut couper internet. Il peut racketter la population. Il peut même tuer si l’envie lui en prend. Personne ne le touchera.

Le président Touadéra ne le sanctionnera pas. Le chef d’état-major de l’armée ne le sanctionnera pas. Le ministre de la Défense ne le sanctionnera pas. Personne ne fera rien parce que c’est comme ça que fonctionne ce régime. Les militaires ont carte blanche pour faire ce qu’ils veulent à la population.

Ce capitaine est devenu le petit roi de Ouadda-Maïkaga . Il décide qui a droit à internet et qui n’y a pas droit. Il décide qui peut communiquer avec l’extérieur et qui ne le peut pas. Il peut emballer toute la ville dans sa poche et voyager avec. Il a un pouvoir absolu dans sa petite juridiction.

Cette situation montre l’état de décomposition de l’État centrafricain. Dans une ville isolée comme Ouadda, le représentant de l’État n’est plus un sous-préfet civil qui applique la loi. C’est un capitaine militaire qui fait régner sa loi personnelle. Et cette loi personnelle est arbitraire, capricieuse, vindicative.

La population de Ouadda-Maïkaga subit une double peine. D’abord, elle vit dans l’insécurité permanente à cause de l’encerclement par les groupes rebelles. Ensuite, elle est opprimée par les soldats censés la protéger. Les soldats la rackettent aux barrières. Leur chef la punit collectivement en coupant internet. Et maintenant, ce même chef exige qu’elle paie pour rétablir le service qu’il a lui-même coupé arbitrairement.

C’est de l’extorsion pure et simple. Le capitaine utilise son pouvoir militaire pour extorquer de l’argent à la population. Il coupe un service essentiel, puis exige un paiement pour le rétablir. C’est du racket institutionnalisé.

Le député de Ouadda-Maïkaga , qui avait fait tant d’efforts pour obtenir l’installation de ce réseau internet, doit être furieux de voir son travail détruit par un caprice militaire. Il devrait interpeller le gouvernement, exiger des sanctions contre ce capitaine, demander le rétablissement immédiat du réseau sans condition.

Mais dans le système actuel, les députés n’ont aucun pouvoir face aux militaires. Même si le député d’Ouadda protestait, personne ne l’écouterait. Les militaires font ce qu’ils veulent, et les représentants élus du peuple ne peuvent rien faire.

Cette affaire montre aussi l’hypocrisie du régime Touadéra sur la question de l’accès à internet. Le gouvernement prétend vouloir développer les infrastructures de communication dans tout le pays. Il parle de transformation digitale, d’inclusion numérique, de connectivité pour tous. Mais dans les faits, un capitaine peut couper internet dans toute une ville sur un coup de tête, et personne ne dit rien.

Le message envoyé à la population de Ouadda-Maïkaga est clair: vous n’avez pas de droits. Vous êtes à la merci des caprices d’un militaire. Si vous osez vous plaindre de votre situation, vous serez punis. Si des journalistes rapportent vos plaintes, vous serez punis collectivement. Votre seul droit est de vous taire et de subir.

Mais la population de Ouadda-Maïkaga ne se taira pas. Malgré la coupure d’internet, l’information continue à circuler. Le CNC continue à recevoir des informations sur ce qui se passe dans cette ville. Et nous continuerons à publier ces informations parce que c’est notre rôle de documenter les abus de pouvoir, où qu’ils se produisent.

Ce capitaine peut couper internet. Il peut menacer. Il peut punir. Mais il ne peut pas arrêter l’information. Il ne peut pas empêcher la vérité de sortir. Et il ne peut pas échapper à la responsabilité de ses actes, même si le régime Touadéra refuse de le sanctionner.

Bienvenue dans la Centrafrique de 2025, où un capitaine peut couper internet à toute une ville parce qu’il n’aime pas ce qu’un journal écrit sur lui. Bienvenue dans ce régime d’impunité totale où les militaires font ce qu’ils veulent à la population sans craindre aucune sanction. Bienvenue dans cet État en décomposition où les représentants de l’autorité sont devenus des petits rois locaux qui règnent par la terreur et l’arbitraire.

Source: Corbeau News Centrafrique

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