Africa-Press – CentrAfricaine. Le Conseil des ministres du 2 octobre 2025 s’est encore transformé en véritable centre commercial des permis miniers. À chaque séance, de nouveaux permis s’ajoutent à la liste, comme dans un marché hebdomadaire où l’État distribue ses richesses naturelles au plus offrant.
Cette fois, le ministre des Mines a présenté huit nouveaux décrets, tous destinés à des sociétés privées dont certaines sont à peine connues du grand public. Trois permis d’exploitation industrielle de grandes mines vont à la société UAE Investment Searle, un autre à la société arabe Minesale, trois permis de petites mines à l’entreprise Industrie minière de l’or Imo Sale, et un à la société Semiga HW Lepo Sale. Deux autres permis de grandes mines sont attribués à la société Dents de Dieu, un permis de recherche à AdMog Gold Holding, un autre à Geodata Solution Sale, et enfin un agrément d’achat d’or et de diamant à la société arabe SAAL.
Le ministre a justifié ces multiples attributions en invoquant la politique nationale de promotion des investissements miniers et le respect du code minier du 21 août 2024. Sur le papier, tout semble conforme: chaque société aurait signé une convention minière et payé les frais exigés.
En réalité, ce code minier est devenu une simple vitrine légale qui permet de couvrir la privatisation progressive du sous-sol centrafricain. Les sociétés se succèdent, les noms changent, mais les bénéficiaires réels restent les mêmes. Derrière ces sociétés aux noms complexes se cachent souvent les mêmes réseaux d’influence, les mêmes intermédiaires, les mêmes décideurs qui se partagent les richesses du pays.
Le Conseil a reconnu la “faiblesse de la production minière” et a exhorté le ministre à améliorer la qualité et le volume de la production. Mais cette remarque, répétée à chaque réunion, ne change rien: les permis se multiplient, la production stagne, et l’État ne voit jamais la couleur des recettes.
Cette contradiction est au cœur du système: on distribue des centaines de permis miniers chaque année, mais la production reste faible et les recettes de l’État n’augmentent pas. Où va la production de toutes ces mines? Pourquoi l’État qui distribue les permis ne perçoit-il pas les revenus correspondants?
Chaque attribution devient une transaction politique déguisée, chaque convention une porte ouverte sur un futur détournement. Derrière les mots “promotion des investissements”, il faut lire: distribution organisée des richesses du pays à des réseaux d’influence.
Les sociétés émiraties, arabes, chinoises, russes se succèdent au Conseil des ministres pour recevoir leurs permis. Certaines n’ont aucune expérience minière avérée. D’autres sont créées quelques mois avant d’obtenir leurs permis. Mais toutes repartent avec des droits d’exploitation sur les richesses centrafricaines.
Depuis l’adoption du nouveau code minier, le gouvernement a fait du Conseil des ministres une véritable chaîne de distribution. Chaque semaine, le pays cède un morceau de son sous-sol à une société étrangère ou à une filiale créée pour la circonstance.
Le code minier, censé protéger les intérêts de la République, sert désormais à les brader légalement. Les signatures s’enchaînent, les décrets s’accumulent, et les mines passent de main en main sans jamais profiter au peuple centrafricain. Ce code a été conçu non pas pour réguler l’exploitation minière dans l’intérêt national, mais pour faciliter le pillage organisé des ressources.
Les conventions minières signées avec ces sociétés restent secrètes. Personne ne connaît les termes exacts: quel pourcentage de la production revient à l’État? Quelles sont les obligations fiscales de ces sociétés? Quels sont les mécanismes de contrôle? Cette opacité totale cache évidemment des conditions scandaleusement favorables aux sociétés et désastreuses pour l’État.
Le texte adopté le 2 octobre sera encore transmis à la signature du président. Officiellement, il s’agit de “booster l’économie”. En réalité, c’est le même scénario: l’État cède, les sociétés encaissent, et le pays s’appauvrit.
Cette politique minière catastrophique enrichit quelques individus au sommet de l’État qui touchent des commissions sur chaque permis attribué. Les décideurs qui signent ces décrets reçoivent leur part. Les intermédiaires qui mettent en relation les sociétés et le gouvernement empochent leurs commissions. Seul l’État centrafricain et sa population ne voient rien.
Le Conseil des ministres, censé défendre l’intérêt général, est devenu le plus grand centre commercial du pays – un centre de distribution où les permis miniers se vendent comme des marchandises. Les ministres se réunissent non pas pour gouverner, mais pour signer des permis qui bradent les richesses nationales.
Pendant que le gouvernement distribue des permis miniers à tour de bras, les Centrafricains s’appauvrissent. Le taux de pauvreté est passé de 53% à 67% sous Touadéra. Les routes sont détruites. Les écoles manquent de tout. Les hôpitaux n’ont pas de médicaments. Mais les permis miniers, eux, sont distribués généreusement à des sociétés étrangères.
La Centrafrique possède d’immenses richesses minières: or, diamant, uranium, pétrole. Ces richesses devraient permettre de développer le pays, de construire des routes, des écoles, des hôpitaux. Au lieu de cela, elles sont bradées à des sociétés qui les exploitent sans rien laisser au pays.
Ce système de pillage organisé ne profite qu’à une petite élite corrompue au sommet de l’État et aux sociétés étrangères qui exploitent les mines. Le peuple centrafricain, propriétaire légitime de ces richesses, ne voit rien. Il continue de s’appauvrir pendant que son sous-sol est vidé par des sociétés dont personne ne connaît les actionnaires réels.
Le Conseil des ministres du 2 octobre 2025 restera dans les annales comme un nouvel épisode de cette braderie nationale organisée. Huit nouveaux permis distribués, huit nouvelles sociétés autorisées à exploiter les richesses centrafricaines, et toujours la même question sans réponse: où vont les revenus de toutes ces mines?
Source: Corbeau News Centrafrique
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