Bilan de la Santé et Promesses Électorales de Touadéra

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Bilan de la Santé et Promesses Électorales de Touadéra
Bilan de la Santé et Promesses Électorales de Touadéra

Africa-Press – CentrAfricaine.
La première interrogation qui vient à l’esprit concerne l’origine de ces engagements ambitieux. Où Touadéra a-t-il trouvé ces chiffres? Aucun document officiel ne justifiait ces objectifs. Le ministère de la Santé n’avait établi aucune étude préalable, aucun diagnostic des besoins réels. Le budget national de 2021 ne prévoyait même pas les fonds nécessaires à ces projets pharaoniques.

Pour construire 500 centres de santé fonctionnels, il faut compter au minimum 200 millions de francs CFA par structure, soit 100 milliards au total. Le budget santé de la Centrafrique ne dépasse pas 15 milliards par an. Simple calcul: il aurait fallu consacrer l’intégralité du budget santé pendant sept ans uniquement à ces constructions, sans un franc pour le fonctionnement des hôpitaux existants.

Toutefois, au-delà des questions budgétaires, c’est sur le terrain que l’écart entre promesses et réalité apparaît le plus criant. Pendant que Touadéra promettait ses centaines de centres, l’hôpital communautaire de Bangui est saturé des malades. À Bouar, la maternité manque cruellement de sage-femme depuis 2019. À Bossangoa, les patients achètent leurs propres perfusions au marché.

Dr Marie, gynécologue à l’hôpital communautaire, témoigne sans détour: “Nous n’avons même pas de quoi réparer notre scanner tombé en panne en 2022. Comment peut-on parler de nouveaux hôpitaux quand nous manquons de gaze stérile?”

L’Organisation mondiale de la santé recense exactement 23 hôpitaux fonctionnels en Centrafrique. Pas un seul n’a été rénové depuis 2020. Les “100 hôpitaux réhabilités” de Touadéra restent introuvables sur le terrain.

Ce qui aggrave cette situation désastreuse, c’est la stratégie délibérée de désinformation qui l’accompagne. Le plus révoltant reste la stratégie de désinformation qui accompagne ces échecs. En 2023, le ministre de la Santé Pierre Somsé affirmait encore que “les travaux avancent bien”. Quels travaux? Où? Aucun journaliste n’a jamais pu visiter le moindre chantier hospitalier.

Cette méthode montre une conception particulière du pouvoir: mentir devient acceptable si cela maintient l’illusion du progrès comme en Russie. Touadéra gouverne par la promesse perpétuelle, jamais par la réalisation.

Plus grave encore, ces manquements ont des répercussions directes et tragiques sur la population. Pendant que le président multiplie les annonces creuses, les statistiques sanitaires restent dramatiques. Le taux de mortalité infantile stagne à 125 décès pour 1000 naissances, l’un des plus élevés au monde. La promesse de réduction de 60% était pure fantaisie.

Chaque mois, des centaines de femmes meurent en couches faute de structures d’accueil. Des milliers d’enfants succombent à la malaria, maladie parfaitement curable avec les bons moyens. Ces morts auraient pu être évitées si les promesses de 2020 avaient été tenues.

En définitive, ce dossier de la santé démontre parfaitement une méthode de gouvernance particulière. Touadéra a perfectionné une technique redoutable: promettre l’impossible pour cacher l’inexistant. Ses 500 centres de santé rejoignent la longue liste de ses projets fantômes: les 1000 kilomètres de routes bitumées (jamais construites), les 50 000 emplois créés (jamais créés), les universités régionales (jamais ouvertes).

Cette gestion par l’annonce fonctionne tant que personne ne vérifie. Malheureusement pour les Centrafricains, la maladie ne se satisfait pas de promesses. Elle tue, implacablement, dans l’indifférence d’un pouvoir qui préfère les effets de manche aux vrais hôpitaux.

Les 100 hôpitaux de Touadéra resteront le symbole d’une présidence bâtie sur le mensonge d’État assumé.

Source: Corbeau News Centrafrique

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