Africa-Press – CentrAfricaine. Simplice Mathieu Sarandji promeut la coopération éducative avec la Russie, mais les étudiants centrafricains y endurent une détresse sans nom dans ce pays pauvre.
Lors du 11e Congrès écologique international à Saint-Pétersbourg, Simplice Mathieu Sarandji, président de l’Assemblée nationale centrafricaine, s’est entretenu avec Valentina Matvienko, présidente du Conseil de l’Assemblée fédérale de Russie. Il a défendu un renforcement des liens éducatifs, louant les 75 bourses d’études accordées chaque année aux Centrafricains pour des formations en sciences et technologies. « J’ai dit que 75 bourses, c’est un bon début, mais il en faut davantage », a-t-il déclaré, insistant sur l’excellence des universités russes et leur rôle dans le développement de la Centrafrique.
Ce discours, porté par une vision d’avenir, s’effrite face à la réalité vécue par les étudiants centrafricains envoyés en Russie. Leur quotidien, loin des projecteurs diplomatiques, est signé par l’abandon et la précarité.
L’Association des Étudiants Centrafricains en Russie (AECAR) a alerté sur leur situation dans une lettre adressée au gouvernement en août 2024. Sur les 55 étudiants partis en 2021-2022 grâce aux accords de coopération, seuls 9 ont reçu une aide financière. Les autres survivent sans ressources, dans un pays où le coût de la vie explose. Les bourses russes, lorsqu’elles sont versées, ne couvrent que quelques jours de besoins de base. Quant au gouvernement centrafricain, il reste silencieux, malgré les engagements pris en 2019 par le président Baba Kongoboro.
Cette absence de soutien a des conséquences graves. Sans assurance maladie, les étudiants ne peuvent se soigner. Certains, à bout, envisagent de fuir vers l’Europe pour trouver un moyen de subsistance, mais sans argent, ce projet est irréalisable. D’autres, désespérés, réclament un rapatriement pour reprendre leurs études à l’université de Bangui.
Par ailleurs, les étudiants comparent leur calvaire à la situation des boursiers centrafricains dans d’autres pays. Au Maroc, les conditions d’études sont nettement meilleures: aides financières régulières, coût de la vie abordable, et proximité géographique avec la Centrafrique. La Tunisie offre également un cadre plus stable. Pourquoi persister à envoyer des jeunes en Russie, où les obstacles s’accumulent, alors que des destinations plus accessibles existent? Le retour au pays, entravé par le prix exorbitant des billets d’avion, aggrave leur sentiment d’isolement.
La Direction générale des bourses, responsable de ces programmes, est au cœur des critiques. Les étudiants dénoncent une gestion obscure, des fonds qui ne parviennent jamais à destination, et un mépris face à leurs appels. Des rumeurs évoquent des étudiants « retenus » ou « abandonnés » par les autorités, sans qu’aucune explication claire ne soit fournie. La visite de Sarandji à Moscou, loin d’apporter des solutions, a renforcé leur désillusion.
Pendant que le président de l’Assemblée nationale célèbre une coopération idéalisée, les étudiants centrafricains en Russie paient le prix d’un système défaillant. Leur avenir, sacrifié sur l’autel des discours diplomatiques, révèle les failles d’une politique éducative mal pensée….
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