Africa-Press – CentrAfricaine. Le ministre Hamza inaugure la campagne agricole 2025 à Kémo, reprenant les concepts de la FAO sans répondre aux besoins urgents des agriculteurs centrafricains.
Un discours ramassé sur google
Le ministre a présenté l’« agriculture intelligente face au changement climatique » comme une priorité pour garantir la sécurité alimentaire. Selon la FAO, ce concept vise à augmenter la productivité, renforcer la résilience face aux aléas climatiques et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces objectifs, bien que pertinents, semblent difficilement applicables dans un contexte centrafricain où l’agriculture fait face à des défis profonds.
Le secteur agricole souffre d’une faible productivité, de sols épuisés et d’un manque d’accès aux ressources essentielles comme les semences, les outils ou les formations. Le ministre a annoncé la formation de 500 agents vulgarisateurs, la création de 20 champs-écoles, la distribution de semences améliorées et la réhabilitation d’unités de transformation. Ces mesures sont ambitieuses, mais leur mise en œuvre reste incertaine. Combien de paysans bénéficieront réellement de ces initiatives? Les ressources promises arriveront-elles jusqu’aux communautés rurales?
Une inflation qui aggrave la précarité
Les difficultés économiques rendent la situation encore plus inquiétante. Les prix des produits de base, comme le manioc, ont fortement augmenté. Dans les années 90, une demi-cuvette de manioc coûtait 250 FCFA. En 2015, elle atteignait 1300 FCFA. Aujourd’hui, en 2025, elle se vend entre 3900 et 4900 FCFA selon les secteurs de la capitale. Cette hausse des prix pèse lourdement sur les ménages, qui peinent à se nourrir. Les annonces du ministre ne proposent pas de solutions concrètes pour stabiliser les marchés ou soutenir les populations face à cette inflation.
Le rôle central de la FAO
Les initiatives présentées reposent largement sur le soutien de la FAO. De la conception des programmes au financement, en passant par l’organisation des formations et des déplacements officiels, l’agence onusienne joue un rôle clé. Ce partenariat est important, mais il met en évidence une dépendance qui limite l’autonomie des politiques agricoles nationales. Les priorités du ministre, alignées sur les concepts de la FAO, manquent d’adaptation aux réalités nationales: les contraintes des petits agriculteurs, l’état des infrastructures rurales et l’accès limité aux marchés.
Des priorités éloignées des besoins réels
Le choix de Kémo, une région à fort potentiel agricole, est judicieux, mais les visites officielles – usine cotonnière de Kipa, centre de formation de Ngoumbelle, exploitations pilotes – semblent davantage destinées à des objectifs de communication qu’à des actions concrètes. Les concepts comme l’agroforesterie ou les systèmes d’alerte précoce, promus dans le cadre de l’agriculture intelligente, sont difficiles à mettre en œuvre pour des agriculteurs confrontés à des problèmes plus immédiats: absence de routes, manque d’équipements de base et insécurité alimentaire.
Une politique agricole efficace devrait prioriser des solutions pratiques, comme des subventions pour les intrants, la réhabilitation des routes rurales ou le soutien aux coopératives pour stabiliser les prix. Ces mesures répondraient mieux aux besoins des paysans que des approches techniques complexes importées d’ailleurs.
Pour une agriculture ancrée dans les réalités
Le ministre évoque la vision du président Touadéra pour faire de l’agriculture un moteur économique. Pour que cette vision soit crédible, elle doit se traduire par des actions adaptées au terrain. Les ateliers prévus en juillet, l’évaluation de septembre et le forum de novembre doivent déboucher sur des résultats tangibles, pas sur des discussions sans suite. L’agriculture centrafricaine a besoin d’une stratégie qui écoute les paysans, investit dans des solutions accessibles et répond aux défis de la pauvreté et de l’inflation. La dépendance aux partenaires internationaux ne doit pas dispenser l’État de bâtir une politique autonome et efficace….
Source: corbeaunews
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