Le Centrafrique s’unit à des mercenaires russes pour commettre des atrocités inhumaines sur les citoyens

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Le Centrafrique s’unit à des mercenaires russes pour commettre des atrocités inhumaines sur les citoyens
Le Centrafrique s’unit à des mercenaires russes pour commettre des atrocités inhumaines sur les citoyens

Africa-Press – CentrAfricaine. Des violations commises par l’armée centrafricaine avec l’aide de mercenaires russes pour contrôler le pays, ont été rapportées par le magazine Foreign Policy dans lequel il a souligné qu’ils sont ainsi en train de gagner la guerre contre les rebelles, mais qu’ils échouent à parvenir à l’instauration d’une paix réelle en raison de ce que ces violations et griefs sociétaux conduiront à un conflit encore plus large.

Dans ce contexte, nous avons vu utile de revenir sur ce qui suit.

Sévices et atrocités

Selon deux sources bien informées qui ont confié à Foreign Policy, dans les provinces anarchiques de la République centrafricaine, qu’un trou profond a été creusé devant une base militaire. Ce trou mesure environ 20 pieds de profondeur et 12 pieds de large, et est utilisé par les mercenaires russes et les forces fédérales pour détenir toute personne soupçonnée de sympathiser avec les rebelles contre le régime.

La nourriture et l’eau sont rarement fournies dans ces fosses, où hommes et femmes se serrent les coudes, exposés à une chaleur extrême ou à des pluies torrentielles. La libération n’est accordée que lorsque l’un des parents paie des centaines de dollars et même si la personne est innocente, elle doit aussi payer pour sa liberté !

Toutefois, les autorités russes ont nié avoir commis une telle atrocité, mais ce fait illustre la stratégie brutale et contre-productive du gouvernement de la République centrafricaine et de ses alliés russes pour en tirer profit.

Inutile de dire que cette stratégie détruit des sociétés, exacerbe les griefs et provoque une série de violations des droits de l’homme, qui ouvrent toutes la voie à de plus grands conflits.

Derrière tout cela, une sale guerre se déroule dans les zones reculées et pauvres du pays, dont la plupart sont à l’abri des regards et des médias. Avec la présence des forces pro-gouvernementales d’un côté et des rebelles de l’autre, nous trouvons des civils (hommes et femmes) piégés parmi eux, soumis à des disparitions, des violences sexuelles, des tortures et même des exécutions.

Mais les acquis sans précédent de la Russie en République centrafricaine suggèrent que Moscou est, ostensiblement, en train de gagner la guerre, alors qu’à long terme, c’est le contraire qui se produira.

Selon Hans De Marie Heungoup, analyste senior à l’International Crisis Group, le Centrafrique est entré dans une étape plus sombre, et personne ne sait où vont les choses, et le pays pourrait devenir ingouvernable dans les mois à venir.

L’année dernière, il y avait des indications faibles mais prometteuses que la République centrafricaine pourrait enfin mettre son passé dystopique derrière elle alors qu’un groupe d’agences des Nations Unies, d’organisations humanitaires, de groupes de la société civile, de ministères gouvernementaux et de pays étrangers cherchaient à reconstruire le pays après une guerre civile désastreuse.

Les efforts se sont concentrés sur les quatre piliers sur lesquels les pays sortant d’un conflit sont généralement reconstruits :

• Le premier est la sécurité, au sens de fournir un environnement sûr et une base solide aux citoyens et citoyennes.

• Le second est la justice et la réconciliation, où les forces de l’ordre peuvent résoudre les divisions, mettre fin aux abus et punir légitimement les contrevenants.

• Le troisième c’est que le bien-être social et économique est essentiel pour répondre aux besoins fondamentaux, promouvoir le développement à long terme et réduire les flux financiers vers les groupes armés au profit des groupes marginalisés.

• Tandis que le quatrième est la gouvernance et la participation, la mise en place d’institutions politiques représentatives et d’un secteur public efficace.

Les russes : Wagner et toujours Wagner !

Mais aujourd’hui, en République centrafricaine, les autorités du pays et une société militaire privée russe notoire, dont tout le monde a entendu parler, à savoir le groupe « Wagner », humilient ces piliers de la paix, étouffent la dissidence et, ce faisant, alimentent la rébellion à venir.

En termes plus détaillés, les fosses profondes – déjà mentionnées ci-dessus – ne sont qu’une des nombreuses violations.

Pour rappel, un rapport publié par les Nations Unies en juin dernier a mis en évidence un schéma de recours excessif à la force et de graves violations commis par des mercenaires russes en toute impunité. L’un de ces abus s’est produit en février 2021, selon Amnesty International qui affirme que 14 personnes ont été tuées dans une mosquée de la ville de Bambari.

La tragédie a eu lieu lorsque les forces pro-gouvernementales avaient repris la ville aux rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement.

Les combats se sont ensuite déplacés vers un camp de déplacés, détruisant un centre médical et blessant 36 personnes, dont huit femmes et neuf mineurs, dont un bébé de 17 mois.

La liste des violations est longue. Il y a environ un mois, selon un rapport de l’ONU, des soldats russes ont tué deux personnes handicapées non armées, et deux semaines auparavant, des soldats russes et des soldats de l’armée fédérale de la République centrafricaine ont tiré sur un camion civil à l’approche d’un poste de contrôle militaire à Grimari et trois civils ont été tués et 15 autres ont été blessés, dont six femmes et un enfant.

Le rapport accuse également les unités russes de Wagner de pillages généralisés, de vols de bétail tels que des poulets et des chèvres, ainsi que d’argent et de motos.

L’opposition politique centrafricaine a protesté, mais le gouvernement n’y a accordé aucun intérêt. Un conseiller du président de la République centrafricaine a publié une vidéo sur Facebook, niant les inquiétudes concernant les soldats russes. Il a souligné que tolérer certains comportements des soldats russes était le prix à payer en échange de leur aide à « libérer le pays ! ».

Ce qu’il faudrait reconnaître, c’est que Moscou aurait pris pied en RCA après la rencontre tenue en octobre 2017 par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra (en place depuis le 30 mars 2016).

En outre, l’alliance entre les deux pays a débuté avec un DON en armes et munitions au profit de l’armée centrafricaine ainsi qu’une force d’accompagnement de 175 militaires russes en tant que formateurs.

Objectifs des russes en RCA

Evidemment, il y a des incitations économiques et stratégiques derrière cela, car le Kremlin cherche à laisser son empreinte en Afrique. Sur le plan économique, la République centrafricaine constituait un bon marché pour les fusils, les véhicules militaires et d’autres types d’armes fabriqués par la Russie qui est consciente que la République centrafricaine est bordée par des pays instables, tels que le Tchad, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Soudan du Sud, qui généreront d’importantes sommes d’argent pour l’industrie russe de l’armement.

D’un point de vue stratégique, la République centrafricaine présentait une opportunité stratégique pour Moscou d’étendre sa sphère d’influence sur le continent africain, sachant que la Russie a choisi d’ores et déjà de mettre en œuvre cette stratégie à moindre coût, grâce à l’intervention du groupe privé Wagner.

Il importe de rappeler que la République centrafricaine venait de sortir d’une guerre civile qui a éclaté il y a près de cinq ans, lorsqu’une coalition de rebelles musulmans connue sous le nom de « Séléka » a renversé le dirigeant autoritaire François Bozizé (président de la République du 15 mars 2003 et renversé le 24 mars 2013).

Mais en réponse, les « Balaka », composés de chrétiens et de païens, ont mené de violentes représailles contre les communautés musulmanes, tuant des milliers de personnes.

En 2016, lorsque le nouveau président Touadéra a prêté serment, les combats se sont calmés, mais au fil du temps, la violence s’est de nouveau intensifiée entre les factions dissidentes Séléka et Balaka.

Au cours de l’année écoulée, les forces gouvernementales en République centrafricaine, ont commencé à se déployer dans les zones tenues par les rebelles, et ce avec le soutien de mercenaires russes.

Des violations de toute sorte ont été commises :

• violences sexuelles,

• disparitions forcées,

• et exécutions en plein jour, parmi d’autres violations systématiques qui « ont touché particulièrement les femmes, les enfants et les minorités », selon un rapport des Nations Unies de janvier dernier.

Par ailleurs, les rebelles se sont regroupés et ont lancé des attaques dans tout le pays. Cela a conduit à une contre-attaque féroce de l’armée de la République centrafricaine soutenue par la Russie. En somme, le Centrafrique était devenu une zone de catastrophes humanitaires. Rien n’indique que les actions de la Russie contribuaient à stabiliser la situation, mais il est prouvé que cela aggravait la situation en RCA.

Dans ce contexte, les Russes continuent de s’y implanter à tous les niveaux de la politique et de la sécurité, et des employés russes contrôlent des sites miniers stratégiques et effectuent des opérations douanières lucratives.

Malgré tous les actes de violence susmentionnés, le soutien populaire à la présence russe dans le pays n’a fait qu’augmenter ! En d’autres termes, la plupart des habitants de la République centrafricaine voient les Russes comme des sauveurs et pensent que les rebelles ne peuvent être vaincus sans leur aide, et si certains Russes abusent de leur pouvoir, c’est une minorité, selon eux.

Seulement, les gens ont peur de parler, et l’opposition n’a pas le courage de manifester. Ils sont tous convaincus que s’ils le faisaient, les Russes leur tireraient dessus.

Les preuves sont visibles sur le terrain et montrent que, qu’il s’agisse des rebelles ou des Balaka, les forces de Wagner choisissent la persécution de masse plutôt que des opérations spécifiques basées sur des informations fiables.

Conclusion

La faiblesse de la Russie n’est pas seulement due à son alliance avec l’armée de la République centrafricaine, qui est connue pour sa mauvaise discipline, son déséquilibre ethnique et la faiblesse de son commandement et de son contrôle. Cela est également dû au fait que ce ne sont que les mauvaises personnes qui y sont envoyées par le groupe Wagner Group.

Il est sûr que dans cette guerre brutale qui se poursuit, les violations se poursuivront également, à un moment où la Russie a choisi de s’immerger davantage dans ce bourbier violent, car pour elle c’est bien son objectif : être en Afrique et y rester !

Anouar CHENNOUFI

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