BDEAC Et Son Impact Sur La République Centrafricaine

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BDEAC Et Son Impact Sur La République Centrafricaine
BDEAC Et Son Impact Sur La République Centrafricaine

Africa-Press – CentrAfricaine. Après 33 ans de présidence centrafricaine marqués par des difficultés structurelles, la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) connaît un tournant décisif. Avec l’arrivée d’un nouveau gouverneur à la BEAC et l’injection de 206 milliards de FCFA, l’institution dispose enfin des moyens de sa renaissance. Pour la République Centrafricaine, cette nouvelle donne représente une opportunité historique de financer enfin les infrastructures lourdes indispensables à son développement économique.

Dans cette analyse, Jean-Pierre Mara, ancien député, examine les enjeux et les perspectives d’une BDEAC rénovée, appelée à abandonner ses pratiques passées pour se concentrer sur des projets productifs et générateurs de revenus. De l’électrification par micro-centrales hydroélectriques à l’industrialisation agricole, en passant par la modernisation des infrastructures de transport et de télécommunications, l’auteur dessine les contours d’une stratégie d’investissement pragmatique et ambitieuse pour la RCA.

L’argent et la monnaie divisent, nous le savons. Mais qui crée l’argent et qu’est ce qui lie monnaie et argent?

C’est une vielle relation qui s’est construite au fil des années pour aboutir à la création des banques. Au départ, chacun produisait et amener sur la place des trocs pour échanger contre ce qu’il ne produit pas. L’éleveur de cochons amenait sa viande sur le marché et échangeait contre le poulet, le blé ou contre le foin. Très vite ils se rendirent compte qu’il faut des pièces de monnaie pour faciliter les échanges car deux éleveurs de cochons ne pouvaient pas s’échanger des produits. Les Orfèvres qui fabriquaient les pièces de monnaient sont dès lors réguler et protéger par l’état pour limiter les abus et les vols. Ils devaient disposer de Coffres-forts pour stocker les pièces de monnaie. La Banque est née, et le mécanisme de régulation, de perfection et de distribution deviendra de plus en plus perfectionné. L’histoire de la Banque et de l’influence de l’Etat amène à différencier Banque centrale, Banque d’investissement et Banque Commerciale.

Les banques centrales gèrent la politique monétaire et la stabilité financière d’un État ou d’un groupe de pays organisés en communauté monétaire comme la CMAC. Elle fabrique et émet les billets de banque. Mon objectif ici n’est pas de donner un cours sur les banques. J’ouvre une parenthèse pour éviter les confusions de genre.
Une banque commerciale est un établissement de crédit qui effectue des opérations de banque avec les particuliers, les entreprises ou les collectivités publiques. Nous avons BIAO, UBAC, CBCA, BSIC, BGFI, BPMC, etc.
Quant aux banques d’investissement, elles se spécialisent dans le financement complexe et la gestion d’actifs. Ce sont des établissements bancaires spécialisée dans les services financiers apportés aux entreprises: fusions/acquisitions, lancements ou placements d’emprunts, montages financiers divers (augmentations de capital, filialisations…). On parle parfois aussi de banque de financement. Ici citons BAD, Banque Mondiale, la BDEAC La RCA et la BDEAC Ici, je voudrais particulièrement m’intéresser aux raisons de la création de la BDEAC le 03 décembre 1975 comme instrument pour le développement communautaire au sein de l’ancienne Union Douanière et Economique des Etats de l’Afrique Centrale (UDEAC), aujourd’hui CEMAC pour servir d’instrument d’intégration économique supplémentaire.

Les cinq (5) Etats fondateurs, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon et le Tchad seront rejoints par la Guinée équatoriale en décembre 1983 (explication reprise du site de la BDEAC, Nous sommes le bras financier de la CEMAC dans son ambition de faire des économies des Etats membres une vaste zone intégrée sur les plans industriel, commercial et social où les disparités de développement vont s’atténuant.) On peut sans se tromper dire que la BDEAC, quand bien même ayant son siège à Brazzaville au Congo, est une institution régionale marquée par une emprunte de gestion à la Centrafricaine, sous la direction de plusieurs responsables centrafricains qui ont assuré la présidence:

Enock Derant LAKOUE (1976-1982)
Célestin Leroy GAOMBALET (1982-1992)
Jean Marie MBIOKA (1992-1998)
Emmanuel DOKOUNA (1998-2001)
Anicet Georges DOLOGUÉLÉ (2001-2009)

Des conflits et divergences dans la gestion de cette banque d’investissement au service de UDEAC/CEMAC ont conduit à la suppression du monopole de la Présidence par la RCA pendant 33 ans, un acte concrétisé par la mise en place d’une rotation des dirigeants. Malgré ce changement les présidents successifs n’ont pas encore réussi à redresser durablement la situation financière de la BDEAC, qui demeure vulnérable et critique.

La République Centrafricaine a pour ainsi dire, l’obligation d’apporter des propositions concrètes avec des solutions managériales Pour mieux comprendre pourquoi l’exigence est d’abord centrafricaine, Intéressons-Nous particulièrement aux projets présentés par les différents gouvernements Centrafricains et financés par la BDEAC (voir https://www.bdeac.org/jcms/rh_30406/centrafrique. ) On note que du point de vue du financement, les opérations approuvées par la BDEAC au profit du Centrafrique totalisent un volume de plus 40 milliards de F CFA. Celles-ci portent sur vingt-trois (23) opérations sous forme de prêts directs et subvention, couvrante des opérations aussi bien du secteur public que du privé. Toutefois, le débat sur l’impact de ces financement reste entier sur l’économie nationale surtout dans la Santé, l’Agriculture, l’Agro-industrie, l’Industrie, les Infrastructures de base, les Télécommunications, les Finances et Services, l’Education et l’Energie car n’étant pas à la hauteur des attentes.

Opérations financées par la BDEAC en Centrafrique On peut citer entre autres:

la création d’un complexe agro-industriel de palmiers à huile à Lessé (Palme d’Or), particulièrement l’implantation d’une palmeraie d’une étendue de 5 000 ha et de deux usines; le projet de reconstruction économique et social en milieu urbain à Bangui par le financement des travaux de réhabilitation des avenues de la CEMAC et Idriss DEBY ainsi que l’acquisition des équipements de la Mairie de Bangui; le projet de sécurisation de l’Aéroport International de Bangui M’poko par la construction de la barrière de l’Aéroport sur un linéaire de 12 kilomètres ainsi que des guérites et des miradors ; le programme de renforcement et d’extension du réseau GSM de Telecel Centrafrique ; le Plan National de Riposte COVID-19 par le renforcement du système national de santé à travers la reconstruction et la construction des centres de santé de qualité sur l’ensemble du territoire, ainsi que la formation du personnel soignant.

En dernier dans la liste précédente, ka BDEAC mentionne le COVID et RCPCA dans son Plan Stratégique 2017-2022 et 2021-2023 ainsi que d’autres plans de développement qui prennent en compte les thématiques aussi variées que la politique du genre, la croissance durable et inclusive et l’intégration régionale.

Il est à ce demander quel est le rapport avec sa stratégie d’investissement dans des grands projets d’envergure et d’intégration régionale.

Aujourd’hui, la BDEAC continue de faire face à des défis hérités de son passé, notamment une période de quasi-cessation d’activité qui a marqué l’institution sur de longues périodes particulièrement pendant les 33 ans de la présidence par des ressortissants Centrafricains..

UNE BANQUE D’INVESTISSEMENT DE CE TYPE N’EST PAS UNE BANQUE COMMERCIALE ; ELLE FINANCE LES INFRASTRUCTURES LOURDES Pour ce qui concerne la RCA, les entrepreneurs et les entreprises de productions PME ne peuvent pas exister parce qu’il n’y a pas d’électricité de puissance 24h/24. On ne peut souder de carrosserie, on ne peut pas fabriquer des sandales, on peut pas industrialiser le manioc, le maïs, les arachides ou égrener le coton et travailler la fibre et les écorces pour les industries textiles, parce qu’il n’y a pas d’électricité.

1-Pourquoi ne pas lancer un plan d’investissement dans le Financement des Soudeurs et Constructeurs de Micro ou Pico barrages hydro electriques qui seront interconnectés pour produire la Haute tension en RCA? Les projets existent, juste le financement manque et la BDEAC est une Banque d’Investissement 2-Pourquoi ne pas lancer un plan d’investissement dans le Financement des Artisans Ruraux constructeurs de Ponts et Routes. Nous avons exploités les techniques rudimentaires initiés par les projets de type LONDO pour la fabrication des routes et des ponts. Ces projets peuvent revitaliser et élargis juste par le financement de la BDEAC qui est une Banque d’Investissement. Il suffit de financer des études de faisabilité sérieuses pour redynamiser la circulation routière et par ricochet le commerce interne et donc la circulation monétaire.

2-Pourquoi ne pas lancer un plan d’investissement dans le Financement du transport de l’information afin de vilgaser l’utilisation du numérique? La création des dorsales régionales Fibre optique est possible. Si le numérique a évoluer le transfert d’argentvchez les éleveurs Massaï au Kenya et rendu riche MTN et Orange, c’était d’abord parce que le gouvernement Kenyan avait rendu performant les backbones régionaux à travers les institutionss de financement. Les projets de ce type existent mais il manque juste le financement et la BDEAC est une Banque d’Investissement 4-Pourquoi ne pas lancer un plan d’investissement dans le Financement de la production industrielle du manioc dont 80% des Centrafricains sont consommateurs. La production f’un manioc propre est un investissement à haute rentabilité puisque le marché existe. Les projets existent aussi juste le financement manque et la BDEAC est une Banque d’Investissement. Elle doit briser le cycle et les concepts hérités de son passé, notamment une période de quasi-cessation d’activité qui a marqué l’institution dès sa conception basée sur une canalisation méthodiquement orientée vers la mainmise pour servir un marché de périphérie pour les économies nanties.

NOUVEL HOMME, NOUVELLE VISION, LE NOUVEAU GOUVERNEUR DE LA BEAC IMPULSE Le nouveau gouverneur de la BEAC vient de lancer un signal fort qui contraste avec les pratiques antérieurs.

Il est plutôt animé d’une nouvelle volonté, celle d’apporter un soutien significatif à la BDEAC par:

– Le relèvement du capital social à hauteur de 86 milliards de FCFA, dont 17,5 milliards libérés en 2024 et 17,5 milliards en 2025.
– L’activation d’un compte courant d’associé de 120 milliards de FCFA, avec 40 milliards libérés d’ici décembre 2025 et 80 milliards en 2026.

Ces appuis financiers prioritaires visent à permettre à la BDEAC de retrouver un équilibre financier solide, d’honorer ses engagements envers les bailleurs de fonds auprès desquels elle a levé des fonds, et de finaliser le déblocage de plusieurs projets déjà engagés mais non achevés.

Ce volontarisme n’occultevoas toutefois l’autre problème majeur auquel la BDEAC est confrontée aujourd’hui. La difficulté de recouvrer les financements accordés pour le compte des États est réelle et devra être ciblée. En effet, avec les changements de régimes politiques et une certaine opacité dans la gestion des projets, plusieurs États refusent de rembourser leurs dettes. Cette situation fragilise considérablement la situation financière de la BDEAC. Elle impacte directement sa performance ainsi que sa notation auprès des agences.

Mais la gestion bancaire pour des investissements n’est pas une science statique. Il lui faut un dynamisme et une adoption de nouveau modèle économique qui se veut tributaires des nouvelles technologies de la communication, de l’information et surtout de production.

Pour relancer durablement la BDEAC, il est primordial de fixer un objectif prioritaire: ne financer que les projets productifs et générateurs de revenus pouvant garantir leur remboursement. De tels axes existent ou peuvent être crées avec une n Un soutien financier conséquent pour redresser la trésorerie de la BDEAC par le gouvernement de la BEAC est une des réponses que pourrait apporter la vision du nouveau gouverneur. Ce soutien tel que annoncé pourra contribuer à réparer les difficultés passées par la BDEAC sous les 36 ans de présidence centrafricaine. Naturellement les conditions politiques imposées par les Etats membres doivent cadopter un regard investisseur sur ce soutien financier, afin de donner à la BDEAC la liberté d’action pour assurer pleinement sa mission de développement dans la sous-région. Il revient au Gouvernement Centrafricain, à la BDEAC et à sa Représentation locale de saisir l’opportunité pour initier des projets d’envergures en République Centrafricaine.

Pour une fois, la BDEAC à l’opportunité d’investir dans les secteurs primaires à haute intensité financière qui sont:

construire une Autoroute à deux-Voies Bangui-Garamboulauye pour faciliter l’évacuation des marchandises, construire le Réseau métropolitain en Fibre optique et redynamiser le réseau Cuivre de la SOCATEL pour interconnecter les Banque et fluidifier les opérations bancaires ne fût-ce que dans Bangui lancer des investissements dans les pico et micro centrales hydroélectriques si possibles Industrialiser certains produits agricoles comme le Maïs, le Gozo ou encore la conservation de la viande, le Yama Avec les 40 milliards injectés, la BDEAC doit, à l’instar des autres banques régionales d’Investissement, contribuer par des vrais projets d’envergures, à moderniser les infrastructures lourdes que les sociétés privées n’ont pas vocation à financer.

Source: Corbeau News Centrafrique

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