Nouvelle pénurie de carburant à Bangui : où est passé le don russe ?

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Nouvelle pénurie de carburant à Bangui : où est passé le don russe ?
Nouvelle pénurie de carburant à Bangui : où est passé le don russe ?

Africa-Press – CentrAfricaine. Depuis plusieurs jours, Bangui, la capitale centrafricaine, est plongée dans une nouvelle crise de carburant. Les stations-service, désespérément vides, laissent des centaines de véhicules et de motos s’entasser en files interminables, dans l’attente d’un approvisionnement qui tarde à se concrétiser. Cette situation, loin d’être nouvelle, ravive les frustrations d’une population qui se sent abandonnée face à un problème récurrent. Mais cette fois, une question brûle toutes les lèvres: où est passé le gazole offert par la Russie, annoncé en grande pompe au début de l’année 2025 ?

En janvier dernier, Vladimir Poutine avait fait les gros titres en promettant un don de plusieurs millions de litres de gazole à la Centrafrique. Le gouvernement centrafricain, tout sourire, avait salué ce geste comme une bouffée d’oxygène pour un pays régulièrement asphyxié par des pénuries. Deux mois plus tard, des images de citernes défilant depuis le Cameroun jusqu’à Bangui avaient alimenté l’espoir d’un retour à la normale. Le porte-parole du gouvernement, le ministre Maxime Balalou avait même assuré à la presse que le carburant était bien arrivé et stocké dans la capitale. Pourtant, aujourd’hui, les Centrafricains ne voient rien venir. Les pompes restent sèches, et le doute s’installe.

Une attente interminable aux stations-service

Ce mercredi matin, à 10 heures, la station-service de Relais SICA, dans le premier arrondissement de Bangui, offre un spectacle désolant. Une seule pompe fonctionne encore, et les usagers, taxis-motos en tête, patientent depuis l’aube dans une ambiance tendue. « Ça fait depuis 6 heures qu’on est là, et rien ne bouge. C’est insupportable », lâche Gata, un chauffeur de taxi-moto. « Le gouvernement doit arrêter de nous laisser dans cette galère qui revient tous les ans. Pourquoi ne pas trouver une vraie solution pour qu’on puisse travailler correctement ? ».

À quelques kilomètres de là, au croisement du quatrième arrondissement, la situation est tout aussi chaotique. Diodone Mangaï, un fonctionnaire, est venu dès 8 heures pour remplir son réservoir, mais il repartira bredouille. « On nous dit que c’est fini, qu’il faut encore attendre. Je ne peux pas aller au travail, et ce soir, je ne sais pas comment je vais récupérer mes enfants à l’école. Cette pénurie nous tue à petit feu », confie-t-il. Les pompistes, eux, se murent dans le silence, se contentant d’un laconique « les réservoirs sont vides, on attend un nouveau stock ».

Le mystère du gazole russe

Face à cette crise, les Centrafricains s’interrogent: que devient ce carburant tant vanté ? Les déclarations officielles affirmant son arrivée à Bangui contrastent avec la réalité sur le terrain. Certains habitants commencent à suspecter une tout autre destination pour ce gazole. « On nous parle de millions de litres, on voit des camions passer, mais rien n’arrive jusqu’à nous. Est-ce que c’est vraiment pour les Centrafricains, ou bien pour autre chose ? ». s’interroge un automobiliste, dubitatif.

Des rumeurs circulent, pointant du doigt les intérêts russes dans le pays, notamment ceux du groupe Wagner, très actif dans l’exploitation minière à Ndassima et Ydéré. « Ce pétrole, on dirait qu’il file directement vers les chantiers d’or ou d’autres projets qui ne profitent pas à la population, car les grosses machines d’exploitation minière consomment lourdement les carburants », avance un habitant de Bangui. D’autres vont plus loin, accusant le gouvernement de détourner ce don pour des usages opaques, loin des besoins quotidiens des citoyens. « Ils nous ont fait miroiter un cadeau, mais là, on dirait qu’ils se sont pris les pieds dans leur propre jeu », ironise un autre.

Un silence officiel qui alimente la défiance

Contacté, le ministère de l’Hydraulique s’est contenté d’une promesse de réaction « ultérieure », sans apporter de réponse claire sur l’état des stocks ou les raisons de cette pénurie soudaine. Ce mutisme ne fait qu’amplifier la méfiance d’une population déjà échaudée par des années de promesses non tenues. Car le problème n’est pas nouveau: chaque année, la Centrafrique se retrouve confrontée à des ruptures d’approvisionnement, aggravées par son enclavement et sa dépendance aux importations.

Alors que les files s’allongent et que les moteurs restent à l’arrêt, une exigence se fait jour: celle de la transparence. Les Centrafricains veulent savoir où va ce carburant, à qui il profite vraiment, et pourquoi, malgré les annonces triomphantes, ils continuent de payer le prix fort d’une crise sans fin. Pour l’heure, le précieux gazole russe reste une énigme, et Bangui, une ville en attente….

Source: corbeaunews

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