Tech : Alpha Barry, un pilier africain dans la tempête Atos

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Tech : Alpha Barry, un pilier africain dans la tempête Atos
Tech : Alpha Barry, un pilier africain dans la tempête Atos

Africa-Press – CentrAfricaine. Au cours des années 1987 et 1988, Alpha Barry a été plusieurs fois en retard au travail le matin. La raison n’est pas à chercher dans sa motivation ou le trafic engorgé de Dakar, mais plutôt dans la nouvelle stature que le natif de la région de Kolda, fraîchement revenu au Sénégal après des études en France, venait d’endosser à ses dépens. Chaque matin, celui qui dirige aujourd’hui l’entreprise de service numérique Atos en Afrique, consacrait en réalité son temps à répondre aux sollicitations financières de nombreux proches.

La situation aurait participé à la décision prise par le dirigeant de quitter Dakar après quatre ans sur place. A une première expérience de chef comptable chez Bull Sénégal et un passage par le cabinet de conseil Ernst & Young (EY) à Dakar, s’est succédé une prise de poste au Cameroun au sein de la direction financière de la filiale locale de Bull – une société absorbée par Atos en 2014.

Afro-européen
Diplômé en finance de l’université de Montpellier et de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) d’Aix-en-Provence, Alpha Barry avait-t-il pressenti que sa condition allait changer dès lors qu’il foulerait le sol français ? L’intéressé n’a en tout cas pas l’intention de retourner en Afrique lorsque Gervais Pellissier, actuel président non-exécutif d’Orange Business Service, alors directeur financier de Bull en Afrique, l’invite à rejoindre son équipe à Dakar.

A l’origine, Alpha Barry est parti étudier en France grâce à une bourse de l’Etat sénégalais. Cet attachement aux deux continents n’aura de cesse d’influencer une carrière paradoxalement très cohérente et linéaire au sein de Bull puis de Atos.

Au début des années 1990, après un peu plus d’un an chez Bull au Cameroun, Alpha Barry traverse l’Atlantique pour s’installer à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe où il intègre son premier poste de directeur financier et contribue au développement du groupe français dans les Caraïbes. De retour à Paris un an plus tard, il prend en change le contrôle financier de l’unité dédiée aux services aux entreprises pour la région Europe et Amérique Latine. S’en suivent diverses positions de directeur financier à Abidjan, Paris, Amsterdam et encore Paris, jusqu’à sa prise de poste en tant que directeur général d’Atos Afrique en juillet 2020.

SUR LES 2 500 COLLABORATEURS D’ATOS EN AFRIQUE, NOUS NE COMPTONS QU’UN SEUL EXPATRIÉ

« Atos est présent en Afrique depuis plus de 60 ans », aime ainsi à rappeler Alpha Barry. Sous la direction du Franco-Marocain Nourdine Bihmane, nommé DG du groupe en juillet 2022, le Sénégalais est à la tête de 2 500 collaborateurs sur le continent, répartis dans douze pays dont les principaux sont le Maroc, l’Égypte, l’Algérie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Gabon et Madagascar.

Sous l’égide d’Alpha Barry, l’Afrique est devenue un relais de croissance qui compte pour le groupe, bien que les résultats financiers du continent demeurent consolidés avec ceux du Moyen-Orient dans une entité baptisée « Autres et structures globales ». Sur les 11,3 milliards d’euros enregistrés au niveau groupe pour l’exercice 2022, cette unité d’Atos ne pèse que 269 millions d’euros mais connaît un taux de croissance de plus de 20 % contre 2,9 % pour l’Europe du Nord, premier marché de l’entreprise de service numérique.

Une croissance africaine de 16 % en 2022
« Le développement géographique de nos activités est déterminé par les succès aux appels d’offres publics dans les pays ciblés et en accompagnant la croissance de nos clients internationaux comme Orange ou MTN sur le continent », souligne le dirigeant basé à Dakar qui insiste sur l’africanité de son entreprise : « Sur les 2 500 collaborateurs d’Atos en Afrique, nous ne comptons qu’un seul expatrié », indique-t-il.

Fort de cette équipe qui continue de grandir, Atos Afrique décline l’ensemble des services que les différentes activités du groupe sont capables de déployer à l’heure actuelle. « Cela va de la fourniture d’infrastructures informatiques (serveurs, supercalculateurs, équipements de stockage de données) produites par Atos lui-même – une activité héritée de Bull – et des partenaires technologiques comme Dell, à l’intégration de services d’informatisation d’organisations publiques et privées et enfin, à la mise en place d’outils de cybersécurité », déroule Alpha Barry.

Atos Afrique est également un partenaire de certains opérateurs de mobile money et gère la maintenance des systèmes d’information pour le secteur bancaire. Connu initialement pour son activité d’offshoring (service de développement informatique délocalisé) au Maroc pour le compte d’entreprise européennes, Atos Afrique accélère également sur le sujet de la cybersécurité.

Au Togo, le groupe a récemment signé un contrat avec le gouvernement pour mener à bien un projet d’identification numérique via la technologie biométrique qui intègre un aspect cybersécurité. Ce dernier est financé par la Banque mondiale.

Remous européens
De ce côté-ci de la Méditerranée, Alpha Barry peut se réjouir d’être épargné par les remous en cours en Europe, où Nourdine Bihmane cherche à céder Evidian, l’entité dédiée justement à la cyber et aux services digitaux qui plombe chaque année les résultats d’un groupe revendiquant tout de même un carnet de commande de 21 milliards d’euros au total.

« Nous continuerons de délivrer l’ensemble de l’offre des futures entités Atos et Evidian sans scission de nos activités pour nous permettre de répondre de façon globale aux besoins de marchés africains de taille plus faible mais à forte croissance », martèle le patron sénégalais qui cumule près de 40 ans d’expérience au sein de l’entreprise. L’Afrique selon lui, enregistre 16 % de croissance en 2022 et devrait maintenir ce taux en 2023.

Innover grâce aux start-up
De même qu’Atos – qui a renoué avec la croissance en 2022 après quatre années de contraction de son chiffre d’affaires – a engagé un processus « d’adaptation de l’organisation » visant à supprimer 7 500 emplois principalement en Allemagne, l’entité dirigée par Alpha Barry connaît la problématique opposée. Face à la pénurie de talents, elle cherche de nouveau canaux de recrutements dans les universités et via des partenariats comme celui noué au Sénégal avec 01Talent de Nicolas Sadirac, père des écoles de code informatique 42 et Epitech. Cette alliance vise à former et recruter 120 développeurs en trois ans.

En Afrique, Atos profite également d’un partenariat noué avec le géant du cloud, Amazon Web Services qui permet de former les collaborateurs locaux à l’intégration des produits d’AWS et la migration d’applications vers le cloud. Ces compétences pourraient s’avérer cruciales dans un contexte où la demande en capacité d’hébergement ne cesse de croître chaque année en Afrique.

Si un certain goût pour la constance semble caractériser Alpha Barry, le dirigeant ne se laisse néanmoins pas gagner par le conservatisme. « En 2023, nous prévoyons de déployer un grand projet de partenariats avec des start-up », explique-t-il. Objectif : rapprocher ses équipes des jeunes pousses afin de les aider à développer des produits et services qui pourraient être commercialisés, en Europe et ailleurs. Sur ce point, Atos travaille d’ores et déjà avec l’incubateur Jokkolabs de Karim Sy au Sénégal. Des recherches de partenaires sont également en cours au Maroc.

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