Accident de Motos à Bangui et Fuite Rapide des Conducteurs

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Accident de Motos à Bangui et Fuite Rapide des Conducteurs
Accident de Motos à Bangui et Fuite Rapide des Conducteurs

Africa-Press – CentrAfricaine.
Sur l’avenue de l’Indépendance, juste devant la gendarmerie, deux conducteurs de taxi-moto impliqués dans un accident de circulation, préfèrent négocier en quelques secondes et disparaissent pour éviter la gendarmerie.

Ce lundi 8 septembre, sur l’avenue de l’Indépendance. Deux taxi-motos, en provenance du centre-ville, se percutent à proximité de la brigade motorisée. L’accident paraît simple, quelques égratignures sur les engins, pas de blessé apparent. Mais la suite montre démontre les nouveaux réflexes des conducteurs de moto-taxi dans la capitale.

Les deux jeunes descendent de leurs motos, et s’observent rapidement avant de se demander: “Tu as mal quelque part?” demande le premier. “Non, ça va”, répond l’autre en vérifiant son genou. Ils examinent leurs motos: phare cassé d’un côté, rétroviseur tordu de l’autre. “On fait comment?” La négociation dure trente secondes maximum. “Laisse tomber, on arrange ça nous-mêmes.” Ils remontent sur leurs engins et filent dans des directions opposées.

Quand les gendarmes de la brigade motorisée arrivent, alertés par le bruit, ils ne trouvent que des débris de plastique sur l’asphalte. Pas de conducteurs, pas de témoins, pas de procès-verbal à dresser. Ils repartent bredouilles vers leur poste.

Cette scène se reproduit quotidiennement dans la capitale Bangui. Les conducteurs de taxi-moto ont développé une stratégie d’évitement face aux forces de l’ordre. Dès qu’un accident survient, la priorité devient: négocier vite et disparaître avant l’arrivée des uniformes.
“Si les gendarmes ou les policiers nous attrapent, c’est fini”, explique Junior, conducteur de taxi-moto depuis trois ans. “Ils vont demander le permis, l’assurance, les papiers de la moto. Nous, on n’a rien de tout ça“. Comme 80% de ses collègues, il roule sans permis de conduire, sans assurance, parfois même avec une moto sans papiers.

La brigade motorisée connaît cette réalité. Quand elle intervient sur un accident, elle sait qu’elle va trouver des conducteurs en situation irrégulière. Permis inexistant, assurance expirée, moto non déclarée: les infractions s’accumulent. Pour les gendarmes, c’est l’occasion de verbaliser oralement, de confisquer des engins, de percevoir des amendes en liquide.

“Ils prennent nos motos et nous emmènent au poste”, raconte Freddy, victime d’un contrôle l’année dernière. “Pour récupérer ta moto, tu donnes de l’argent aux gendarmes ou policiers. Parfois, ça fait plus cher que la moto elle-même”. Résultat: beaucoup préfèrent abandonner leur engin plutôt que de payer.

Cette peur pousse les conducteurs de taxi-moto vers des arrangements privés. Accident sans blessé? On négocie sur place. Dégâts mineurs? Chacun répare de son côté. Accrochage plus sérieux? On se donne rendez-vous ailleurs, loin des regards.

“On a nos propres règles maintenant”, reconnaît Abdoul, un conducteur dans le cinquième arrondissement.

Cette justice parallèle fonctionne pour les cas simples. Mais elle montre l’ampleur du fossé entre les taxi-motos et les forces de l’ordre. Ces jeunes, qui représentent des milliers d’emplois dans la capitale, vivent dans la clandestinité permanente.

La situation devient absurde. D’un côté, la ville a besoin des taxi-motos pour ses transports. De l’autre, l’État réprime une activité qu’il ne parvient pas à encadrer. Les conducteurs naviguent entre nécessité économique et illégalité administrative.

Certains tentent de régulariser leur situation. Ils découvrent alors un parcours du combattant: permis de conduire coûteux, assurance hors de prix, procédures administratives interminables. Pour des jeunes qui gagnent 2000 à 3000 francs CFA par jour, ces démarches restent inaccessibles.

“On voudrait bien être en règle”, assure Flavien, conducteur dans le 3ème arrondissement. “Mais avec quoi on paie? Le permis coûte 50 000 francs, l’assurance 30 000 par an. Nous, on survit au jour le jour“.

La brigade motorisée se retrouve dans une impasse. Sa mission consiste à faire respecter le code de la route, mais elle fait face à des milliers de conducteurs qui ne peuvent pas se conformer aux règles. Chaque intervention devient un bras de fer, chaque contrôle une source de tensions.

Cette situation profite aux plus malins. Certains conducteurs payent des “arrangements” avec des membres des forces de l’ordre. D’autres développent des systèmes d’alerte par téléphone sur les routes pour éviter les contrôles. La débrouillardise remplace la légalité.

L’accident de l’avenue de l’Indépendance représente cette guerre d’usure quotidienne. D’un côté, des jeunes qui cherchent à survivre en évitant les complications. De l’autre, des gendarmes qui appliquent des règles inadaptées à la réalité économique.

Tant que l’État n’adaptera pas sa réglementation aux moyens réels des conducteurs, cette fuite continuera. Les accidents se négocieront en trente secondes, les impliqués disparaîtront avant l’arrivée des uniformes, et la brigade motorisée restera spectatrice impuissante d’une ville qui lui échappe.

Source: Corbeau News Centrafrique

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