Africa-Press – CentrAfricaine. Une parodie d’élection se prépare ouvertement sous les yeux des Centrafricains. Avec la nouvelle composition des nouveaux bureau du démembrements de L’Autorité nationale des élections, les centrafricains ont compris aisément que les prochaines élections du décembre prochain ne seront qu’une comédie de plus.
En effet, la République centrafricaine vit un détournement de ses institutions électorales. L’installation des démembrements locaux de l’Autorité nationale des élections (ANE) montre comment le pouvoir s’approprie l’appareil chargé d’organiser les scrutins. Ce qui devrait être neutre devient partisan. Ce qui devrait être équitable devient partial.
Partout dans le pays, le même schéma se répète: seuls les proches du Mouvement des Cœurs Unis (MCU) obtiennent les postes de responsabilité dans les bureaux locaux de l’ANE. L’opposition? Exclue. La société civile indépendante? Écartée. Comment organiser des élections crédibles quand tous les organisateurs appartiennent au même camp?
Les choix se font sans débat public, sans transparence. Les listes arrivent toutes faites, ficelées dans les bureaux du parti présidentiel. Personne ne consulte personne. On impose, point final. Cette méthode expéditive en dit long sur les intentions réelles du pouvoir.
Le 8ème arrondissement de Bangui offre un exemple frappant de cette confiscation. William Ndjapou, ministre – conseiller du président de la République, qui dirigait le démembrement local de l’ANE, vient de laisser sa place à son ami du MCU. Autrement dit, un homme du sérail présidentiel va superviser les élections dans son secteur. Cette double casquette pose un problème éthique majeur.
L’analyse de la composition complète du bureau du 8ème arrondissement confirme cette logique de noyautage. Sur l’ensemble des postes attribués, une seule nomination échappe au monopole du MCU. Encore cette exception s’explique-t-elle par des considérations familiales: l’intéressé bénéficie de la protection de sa tante, maire de l’arrondissement. Même l’unique “outsider” du système reste tributaire des réseaux du pouvoir.
Cette captation de l’ANE par le parti présidentiel s’inscrit dans une stratégie plus large de verrouillage institutionnel. En contrôlant l’organisation des élections, le pouvoir s’assure de maîtriser leurs résultats. Les 44 candidatures déposées pour le 8ème arrondissement ont été triées selon des critères politiques, non de compétence ou d’intégrité.
La gravité de cette situation dépasse le simple cadre électoral. Elle témoigne d’une conception patrimoniale du pouvoir où les institutions publiques deviennent des instruments au service d’un clan. L’ANE, créée pour garantir la sincérité du vote, se transforme en outil de perpétuation du système en place.
Face à cette dérive, l’opposition et la société civile se trouvent désarmées. Comment contester des résultats électoraux quand les contestataires sont exclus de l’organisation même du scrutin? Cette stratégie vise à décourager toute velléité de changement politique par les urnes.
Ce verrouillage rappelle les dérives observées ailleurs en Afrique. Sous l’apparence du multipartisme, se cache une réalité différente: l’accaparement des outils démocratiques par un seul groupe. Les élections deviennent des exercices de style, des rendez-vous où tout est joué d’avance.
Source: Corbeau News Centrafrique
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