Africa-Press – CentrAfricaine. Un collectif de cadres et d’élites centrafricains réclame l’annulation des élections prévues le 28 décembre 2025. Leur appel, publié ce mardi 25 novembre par “Le Reflet” et signé par Me MBOE Dédé-Vianney, docteur en droit et président du groupe “Capital Synergies”, pousse les centrafricains à s’interroger: comment autoriser un scrutin quand le système judiciaire censé le garantir a perdu son indépendance?
L’appel du collectif commence par un retour en arrière. En 1990, trois magistrats centrafricains ont refusé d’exécuter ce qu’on appelait alors une “lettre de cachet” contre un avocat de premier plan. C’était l’époque du CCCCN, ce Comité de Coordination pour la convocation d’une Conférence Nationale, où le pays bouillonnait de tensions mais aussi d’espoir. Ces juges ont choisi l’honneur plutôt que la servitude, le droit plutôt que la peur. Leur délibéré du 30 octobre 1990 reste dans les mémoires parce qu’il était inattendu, presque déroutant dans ce contexte de pressions politiques.
Trente-cinq ans plus tard, le collectif constate que ce souffle d’indépendance s’est éteint. Depuis 2018, le paysage judiciaire centrafricain a changé. Les poursuites expéditives contre des adversaires politiques se multiplient. Les avocats reçoivent des menaces. Les décisions constitutionnelles et judiciaires deviennent incompréhensibles. Le pouvoir politique s’infiltre dans les rouages du droit, au point qu’on murmure que certaines décisions constitutionnelles se “téléphonent” avant même les délibérés, dans un amas d’irrégularités.
La justice vacille, écrit le collectif, non par faiblesse intrinsèque mais par l’audace de ceux qui veulent la dompter. Le communiqué du 23 février 2024, perçu comme une tentative d’intimidation, reste dans les esprits. Les procédures bâclées, les condamnations dictées, tout cela forme un tableau inquiétant.
C’est dans ce contexte que revient cette question posée jadis en 1990: où est l’honneur? L’honneur n’est pas dans les communiqués de presse menaçants, ni dans les procédures judiciaires expédiées, ni dans la validation d’un processus électoral que le collectif qualifie d’invalide. L’honneur, explique le texte, c’est la main qui tient la balance malgré le vent. C’est la voix qui dit le droit malgré les pressions. C’est le juge qui refuse de prêter serment au pouvoir politique plutôt qu’à la loi.
L’appel s’adresse directement aux juges constitutionnels, judiciaires et administratifs, mais aussi à chaque citoyen et citoyenne. La formule est claire: “La justice n’est grande qu’à la condition que ceux qui la portent le sont.” Un pays n’est libre que si sa justice l’est. Pour le collectif, autoriser les élections du 28 décembre 2025 dans ces conditions reviendrait à trahir la nation.
Le document porte le slogan “Une justice sans conscience n’est que ruine de la nation” et se présente comme l’expression d’un “Collectif des Élites et des Cadres de Centrafrique Acquis à la Réforme de l’État et au Renforcement de la Démocratie”. Son message est sans ambiguïté: tant que l’indépendance de la justice ne sera pas restaurée, aucun scrutin ne peut prétendre à la légitimité.
Source: Corbeau News Centrafrique
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