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Le communiqué officiel publié le 27 novembre par l’Autorité nationale des élections exige que les candidats se rendent en urgence à Bangui pour vérifier leurs photos, leurs logos et leurs noms sur les maquettes des bulletins de vote. Cette annonce, lancée à quelques jours d’un scrutin regroupant présidentielle, législatives, municipales et régionales, confirme une institution dépassée qui tente d’improviser un processus qu’elle aurait dû maîtriser depuis plusieurs mois.
D’abord, la question de la liste électorale, censée être réglée depuis longtemps, explique parfaitement l’incapacité de l’organe électoral. Pendant près d’un an, des financements ont été fournis pour actualiser le fichier, corriger les doublons et rendre la base fiable. Aucune amélioration n’a été constatée. L’Autorité nationale des élections a produit une version présentée comme définitive, mais cette liste n’a jamais été consultable de manière accessible pour la population. Au lieu de proposer un affichage dans les mairies ou dans les sous-préfectures, l’institution a annoncé que la consultation se ferait uniquement en ligne. Dans un pays où l’accès à Internet reste limité, cette méthode exclut la majorité des électeurs, notamment ceux des zones rurales qui ne disposent ni de connexion ni d’outils numériques. Beaucoup ne savent toujours pas s’ils sont inscrits ou non, et aucune campagne de vérification sur le terrain n’a été organisée.
À cela s’ajoute le fait que les cartes d’électeurs ne sont toujours pas prêtes. Aucun citoyen n’a reçu de carte à trois semaines du vote. Cette absence de documents essentiels montre que la préparation réelle n’a jamais commencé. Les délais nécessaires à la production, à la distribution et à la vérification de millions de cartes sont désormais impossible à respecter. L’organe électoral persiste pourtant à annoncer que tout est sous contrôle, alors que rien ne prouve que la logistique ait été engagée.
Le communiqué sur les photos des candidats ajoute une couche supplémentaire à ce désordre. Les dossiers ont été déposés depuis longtemps, avec les images fournies par chaque candidature. Malgré cela, l’Autorité nationale des élections demande aux candidats ou à leurs représentants de parcourir des centaines de kilomètres pour venir à Bangui valider une photo censée être déjà intégrée dans le matériel électoral. Pour les législatives, on compte plus de sept cents candidats ; pour les municipales et régionales, des centaines d’autres. Beaucoup vivent dans des préfectures éloignées. Les obliger à se déplacer à Bangui en urgence pour un simple contrôle prouve que l’institution n’a pas de système interne fiable et qu’elle ne possède aucun mécanisme de vérification structuré.
Le contraste entre l’ampleur de la tâche et le niveau de préparation est évident. Les bulletins de vote ne sont pas imprimés. Les cartes d’électeurs n’existent pas. Les listes des bureaux de vote ne sont pas disponibles. Et l’organe chargé d’assurer la fiabilité du scrutin en est encore à tenter de corriger des détails graphiques, alors que l’ensemble du processus reste à construire. Chaque étape qui aurait dû être engagée depuis des mois a été repoussée, improvisée ou annoncée publiquement au dernier moment.
Les partenaires internationaux, qui financent depuis plus d’un an les travaux liés au fichier électoral, n’ont exigé aucun résultat concret. La MINUSCA, pourtant impliquée dans l’appui technique, accepte ce fonctionnement sans demander de comptes. Ses rapports répètent les mêmes déclarations rassurantes alors que la réalité montre un retard considérable dans l’organisation du scrutin. Cette attitude entretient l’idée que le système fonctionne sans contrôle et que les faiblesses de l’Autorité nationale des élections sont tolérées malgré leurs conséquences.
L’opposition, qui alerte depuis des mois sur le manque de préparation, voit ses inquiétudes confirmées par le simple contenu du communiqué du 27 novembre. Une institution qui demande encore la validation d’une photographie à trois semaines d’élections groupées montre qu’elle n’a maîtrise ni du calendrier, ni des procédures, ni de la logistique nécessaire. Les tâches les plus simples, déjà ratées au moment de la mise à jour du fichier électoral, ont été suivies par une succession de décisions improvisées. Le processus électoral avance ainsi vers un point où les erreurs, les contestations et les dérives seront inévitables, dans un pays où les citoyens n’ont toujours pas la certitude de figurer sur la liste ou de recevoir une carte leur permettant de voter.
Source: Corbeau News Centrafrique
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