Africa-Press – CentrAfricaine. Au lendemain de la promulgation de la nouvelle constitution du 30 août 2023 jugée crisogene, mortifere et discriminatoire par l’opinion publique nationale et internationale, tous les débats politiques sont focalisés sur la notion de binationalité devenue tristement célèbre au détriment des innombrables innovations et amendements tels que la durée du mandat présidentiel et législatif qui passe de 5 à 7 ans, le niveau scolaire pour être éligible, la nouvelle dénomination ainsi que la composition du conseil constitutionnel, la création d’un poste de vice-président, la limite d’âge des candidats aux élections présidentielles qui passe de 35 à 30 ans etc…
Cette notion de binationalité qui cristalise toutes attentions s’apparente à un nouveau concept dans les échanges politiques qui ne vise sans équivoque que les leaders de l’opposition démocratique jugés aptes à conquérir le pouvoir par les urnes si les conditions d’une élection juste, libre et transparente sont réunies.
Lassé par ce débat stérile voire non productif et éreinté par l’acharnement viral qui a atteint son paroxysme, le président du parti dénommé l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) a volontairement et contre toute attente troqué sa prestigieuse nationalité française tant convoitée non pas pour se conformer à la nouvelle constitution discriminatoire taillée sur mesures mais pour libérer le débat politique pris en otage depuis certaines années.
Cette renonciation à la nationalité sonne comme une manière de forcer la main du pouvoir d’accepter le principe du dialogue politique contrairement au porte-parole du gouvernement qui qualifiait cette éventualités d’ineptie…le ridicule ne tue pas dans un régime où la parole politique donnée n’a pas de valeur.
Comme si c’était le déroulé d’un plan politique préétabli avec des étapes, une conférence de presse est organisée au lendemain de “l’electrochoc” par les sbires du pouvoir qui selon eux définissent les règles de procédure de la réintégration du président de l’URCA dans la nationalité centrafricaine.
Ce qui est intéressant et qui importe de le relever c’est qu’ils préviennent que la réintégration par décret nécessite demande mais ne sera pas automatique voire hors délai d’une éventuelle ou probable candidature àlaprochaineélectionprésidentielle…ainsi la messe est dite.
Logiquement, la problématique de la nationalité ne devrait pas obstruer la capacité d’un citoyen à contribuer au développement socio-économique de la nation à l’instar du président Barack Obama qui a servi avec loyauté le peuple américain.
L’abordée sous ce angle, cette notion de binationalité soulève un débat juridique délicat et complexe d’une part entre l’agencement du droit constitutionnel et le droit de nationalité et d’autre part un problème du respect de la hiérarchie des normes qui impose à tout arsenal réglementaire de se conformer à la loi fondamentale.
En effet, dans le cas d’école qui fait l’objet de notre analyse, l’article 183 de la nouvelle constitution du 30 août 2023 impose une nationalité exclusive pour briguer la magistrature suprême de l’État.
Ainsi en application des dispositions de l’article 46 de la loi N*61.212 du 20 avril 1961 portant code de nationalité centrafricaine, le binational président de l’URCA perd automatiquement sa nationalité centrafricaine.
Dans le strict respect de la notion de la hiérarchie des normes, en renonçant à la nationalité française conformément aux dispositions de l’article 183 qui est une exigence constitutionnelle, les dispositions de la loi sur la nationalité ne peut faire obstacle à sa réintégration dans la nationalité centrafricaine.
En outre, le droit de la nationalité n’impose ni une demande ni une formalité administrative pour la réintégration dans la nationalité centrafricaine car l’article 32 du code de la nationalité dispose que:”la réintégration dans la nationalité centrafricaine est accordée par décret, après enquête”.
Par contre l’alinéa 2 de l’article 33 du code de la nationalité n’impose qu’une condition de résidence au moment de la réintégration.
Confus par la contradiction entre le droit de nationalité et la nouvelle constitution, le citoyen lambda s’interroge:
1- En quoi la renonciation de la nationalité française intéresse le pouvoir de Bangui au point d’organiser une conférence de presse au lendemain de la renonciation?
2- Était-il le déroulé d’un plan machiavélique avec des étapes d’obstacles préétabli?
3- Pourquoi la renonciation à la nationalité française devient-elle un débat politique et juridique national?
4- Comment un candidat qui a tout orchestré pour écarter ses concurrents se retrouve signataire du décret de réintégration dans la nationalité de son challenger?
Suivez mon regard…
En tout état de cause, et en l’absence d’une injonction formelle de la loi autre que les dispositions de l’article 32 du code de nationalité, une simple notification aux autorités établies suffit pour réintégrer le président de l’URCA dans la nationalité centrafricaine.
Enfin, l’on remarque de façon évidente qu’aucune des dispositions de cette nouvelle constitution n’a connu un début d’application si ce n’est que la question de la binationalité…Bizarre.
Nous rappelons in fine qu’il faut se méfier d’un peuple apeuré et meurtri dans son âme qui ne parle pas…car un problème ne peut résoudre un autre problème et qu’un problème peut en cacher un autre.
L’expérience de l’Afrique sub-saharienne montre toujours que le troisième mandat tue plus qu’un coup d’état militaire qui de nos jours évite de pertes en vies humaines.
En déduction de ce qui précède, demandez à un citoyen lambda de faire le choix entre un troisième mandat et un coup d’état militaire…son choix sera simple et sans réflexion.
On ne répétera jamais assez ce credo devenu liturgique et nous exhorterons le nouveau souverain pontife qui prônait la paix dans sa première homélie papale de rappeler à ce pasteur devenu tyran le caractère sacré du serment, de la parole politique donnée et le scrupuleux respect des textes établis.
Les chants des sirènes, le culte de personnalité et le piétinement du tapis rouge logoté de l’emblème national ne vous placeront jamais au dessus de la République.
Un penseur disait que le pouvoir de l’État n’est pas un héritage familial mais au contraire une responsabilité limitée dans le temps alors n’attendez pas que le peuple dépositaire de la souveraineté vous chasse pour comprendre que c’est le moment de partir car l’amour d’antan risque de se transformer en méchante haine…
Alors Monsieur le président, il faut savoir partir dignement du pouvoir car un troisième larron dénommé “maladie” s’est invité dans l’arène politique compliquant au passage votre situation déjà fragile et chaotique.
Abdiquer, renoncer en échange d’une stabilité politique au projet mortifere et crisogene de troisième mandat, choisissez-vous un dauphin politique avant qu’il ne soit trop tard et cela avec honneur au lieu de capituler honteusement sous la pression populaire laissant derrière vous votre fauteuil présidentiel tant aimé.
Monsieur le président, nous avons le flair de prévenir des différents dangers à travers nos diverses analyses géopolitiques et geostrategiques mais malheureusement nous ne savons pas jouer aux pompiers qui ont vocation à sauver des vies et des biens en cas d’incendies ou de sinistres de tout genre.
Monsieur le tyran, si vous semez de l’injustice en temps de paix, vous moissonnerez très certainement le désordre corollaire de troubles.
Au delà de tout, nous tenons à signaler qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et qu’au final, les mêmes causes produisent toujours et toujours les mêmes effets…
Malheur à ceux où celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat différent. Les fables du célèbre fabuliste français Jean de La Fontaine teintées d’allegories éducatives auront prévenu les autistes avant que le monde ne s’effondre tel que défini par le célèbre romancier nigerian Chinua Achébé.
Source: Corbeau News Centrafrique
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