Distribution Des Cartes D’Électeur En Fiasco

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Distribution Des Cartes D'Électeur En Fiasco
Distribution Des Cartes D'Électeur En Fiasco

Africa-Press – CentrAfricaine. Une préfecture après l’autre, le même scénario se répète. Les agents électoraux arrivent, recensent, photographient, puis repartent. Mais les cartes promises ne suivent jamais. À Paoua comme à Bozoum, entre 60 et 80% des habitants inscrits patientent encore. L’Autorité Nationale des Élections multiplie les communiqués rassurants.

Haut-Mbomou, Bamingui-Bangoran, Ouaka, Ouham-Pendé, Nana-Mambéré: la liste ne cesse de s’allonger. Aujourd’hui, c’est au tour de Lim-Pendé de rejoindre ce registre peu enviable. Partout, le même problème se reproduit avec une régularité inquiétante. L’Autorité Nationale des Élections avait pourtant annoncé l’arrivée des documents et appelé la population à venir les retirer. Les habitants s’étaient déplacés, confiants. Mais au moment de la distribution, rien ne s’est passé comme prévu.

À Paoua, chef-lieu de Lim-Pendé, l’incompréhension a rapidement laissé place à la colère. Les représentants de l’autorité électorale avaient effectué leur travail de recensement avec application. Ils avaient pris le temps de photographier chaque personne, de remplir les formulaires nécessaires. Tout semblait suivre son cours normal. Puis le jour J est arrivé, celui où les citoyens devaient enfin recevoir leurs précieux sésames. Mais personne n’a rien obtenu. Pas la moindre explication, pas le moindre document.

Cette absence inexpliquée alimente désormais toutes sortes de spéculations. Certains habitants commencent à évoquer l’hypothèse d’une manipulation organisée. Selon eux, des individus malintentionnés pourraient s’emparer de ces cartes fantômes et les utiliser ailleurs, dans d’autres bureaux de vote. Ils se présenteraient comme ayant déjà accompli leur devoir civique alors que les véritables titulaires n’ont jamais vu l’ombre de leur carte. Cette théorie, aussi inquiétante soit-elle, trouve un écho grandissant au sein de la population.

La tension est montée à un tel niveau que la préfète de Lim-Pendé a dû intervenir personnellement. Face à une foule de citoyens mécontents et légitimement inquiets, elle a tenté d’apporter une solution de rechange. Les électeurs pourraient, selon elle, se présenter aux urnes munis de leur carte nationale d’identité. Cette proposition a été aussitôt reprise et validée par l’Autorité Nationale des Élections. Sur le papier, l’alternative paraît raisonnable.

Sauf que la réalité du terrain raconte une toute autre histoire. Dans les zones rurales comme Paoua, la carte nationale d’identité reste un document rare, presque luxueux. Pour l’obtenir, il faut se rendre à Bangui, parcourir des centaines de kilomètres, disposer de moyens financiers suffisants. La plupart des habitants de ces localités éloignées n’ont ni le temps ni l’argent nécessaires pour entreprendre un tel voyage. Résultat: seule une minorité possède ce document.

Parallèlement à cette crise, un événement singulier s’est produit au bureau de confection des passeports de la capitale. Durant toute la semaine dernière, plus de 300 d’éleveurs peuls, possiblement des tchadiens, centrafricains ou même nigériens ont afflué pour se faire photographier. Leur mobilisation massive et soudaine n’est pas passée inaperçue. Beaucoup se demandent pourquoi cette démarche urgente intervient précisément maintenant, à quelques jours du scrutin. Certains observateurs y voient la mise en place d’un dispositif permettant à ces nouveaux venus de participer au vote, tandis que les centrafricains se retrouvent bloqués, privés de tout document valable.

Le président de l’Autorité Nationale des Élections a finalement rompu le silence face à la contestation grandissante. Son explication n’a fait qu’ajouter à la confusion générale. Selon lui, les nouvelles cartes auraient été produites exclusivement pour les personnes récemment inscrites sur les listes électorales. Quant aux autres, ceux dont le nom figurait déjà lors des scrutins précédents, ils devraient tout simplement ressortir leurs anciennes cartes. Celles obtenues en 2015 ou en 2020 feraient parfaitement l’affaire.

Cette déclaration laisse de nombreux citoyens perplexes. Beaucoup ne savent plus quel document présenter le jour du vote. D’autres n’ont jamais conservé leur ancienne carte, pensant qu’elle serait remplacée par une nouvelle. Certains l’ont égarée au fil des années, d’autres l’ont tout simplement jetée après avoir été recensés à nouveau. Les consignes contradictoires se multiplient et brouillent complètement le message. Personne ne comprend plus vraiment les règles du jeu.

À Bozoum, chef-lieu de l’Ouham-Pendé, la situation demeure rigoureusement identique. Les habitants posent les mêmes questions, expriment les mêmes inquiétudes. Où sont passés les documents promis? Pourquoi le processus s’est-il interrompu alors que tout semblait correctement engagé? Les autorités locales tentent de rassurer, mais leurs réponses manquent de clarté. Chaque nouvelle intervention officielle apporte son lot de contradictions supplémentaires. Dans plusieurs autres préfectures, le même film se déroule. Les populations attendent, espèrent, s’interrogent. L’échéance du scrutin se rapproche inexorablement pendant que des milliers de citoyens restent dans le flou le plus complet concernant leur capacité effective à voter. Les explications officielles changent au gré des jours, mais les cartes d’électeur, elles, demeurent désespérément absentes.

Source: Corbeau News Centrafrique

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