Africa-Press – CentrAfricaine. Le mardi 11 novembre 2025, le ministre des Transports et de l’Aviation civile Herbert Gotran-Djono Ahaba et le coordonnateur de campagne de la région du Fertit, le mafieux konon Arnaud Djoubaye Abazene, ont organisé à l’hôtel Azimut de Bangui ce qui devait être la “première réunion stratégique” destinée à mobiliser “l’ensemble des cadres” de cette région qui représente près d’un tiers du territoire centrafricain. Le résultat? Un fiasco total que les images de la réunion montre sans concession possible.
Le communiqué initial, signé par Abazene, annonçait modestement une “réunion stratégique de campagne” convoquant “les cadres et ressortissants de la région de Fertit”. Rien de spectaculaire. Mais la propagande diffusée ensuite sur les réseaux sociaux a transformé ce rendez-vous raté en triomphe imaginaire. On y parle d’une mobilisation de “l’ensemble des cadres originaires de la région”, d’un “engagement unanime” et même d’un objectif délirant de “99% de suffrages” pour Touadéra en décembre 2025.
Les photographies de la réunion publiées sur les réseaux sociaux racontent une tout autre histoire. Sur la première image, une dizaine de personnes sont assises autour d’une table, pendant que derrière elles s’alignent des rangées entières de chaises rouges désespérément vides. Sur la seconde, cinq personnes occupent la table d’honneur, seules dans un décor de rideaux dorés qui souligne encore davantage la vacuité de l’événement.
Voilà donc la “mobilisation” tant vantée: au maximum vingt personnes dans une salle préparée pour accueillir plusieurs dizaines de participants. Pour une région qui englobe trois préfectures (Haute-Kotto, Vakaga et Bamingui-Bangoran) et représente près d’un tiers du territoire national, le spectacle est pathétique. Où sont passés tous ces “cadres” censés former une “base électorale déjà largement acquise”?
La maigreur de la participation n’est pas le seul problème de cette réunion. Plus grave encore est le profil de ceux qui y siègent. Car sous l’appellation flatteuse de “cadres de la région”, se cachent en réalité d’anciens chefs de groupes armés qui devraient normalement répondre de leurs actes devant la justice, et non organisé des stratégies électorales dans des hôtels de luxe.
Ces hommes, pour la plupart issus de la coalition Séléka et d’autres factions rebelles, ont été attirés dans le gouvernement de Touadéra par des nominations ministérielles et des postes de complaisance. Certains ont même été interrogés discrètement par la Cour pénale spéciale (CPS), avant d’être tranquillement laissés en liberté. Pourquoi? Parce que la CPS, affaiblie et instrumentalisée, n’a ni la puissance ni la capacité pour les arrêter. Résultat: ces individus se transforment aujourd’hui en “coordinateurs de campagne” et en “stratèges électoraux”.
Prenons le cas du coordonnateur lui-même, le magistrat Arnaud Djoubaye Abazene. Cet homme, qui brandit aujourd’hui un titre de “docteur en droit”, était vice-procureur sous le régime de François Bozizé. Il a été arrêté et placé en détention à l’époque à Bossembélé pour des raisons que tout le monde en Centrafrique connaît. Sa place devrait être en prison, pas derrière un micro à l’hôtel Azimut en train de discourir sur les “grandes orientations” de campagne.
Et que dire de Herbert Gotran-Djono Ahaba, ce ministre qui “impulse la stratégie” avec la solennité d’un technocrate, alors que son passé dans les groupes armés est de notoriété publique? La propagande le présente comme un “technicien rigoureux et méthodique”. La réalité est qu’il fait partie de cette galaxie de chefs rebelles reconvertis en hommes politiques grâce à la bienveillance du régime Touadéra. Le cas de monsieur Ernest Mada est aussi grave. Grand voleur, l’homme est actuellement imputé de son salaire par le trésor public pour vol aggravé.
Ce qui se passe dans cette salle d’hôtel est le reflet fidèle de ce qu’est devenu le régime de Faustin Archange Touadéra: un système mafieux où les criminels de guerre côtoient les ministres, où les anciens rebelles dictent la ligne politique, et où la justice ne s’applique qu’aux faibles et aux opposants.
Ces hommes auraient dû être jugés. Leur place devrait être devant la Cour pénale spéciale, ou mieux encore, devant la Cour pénale internationale pour répondre des crimes commis pendant les années de guerre. Au lieu de cela, ils organisent des réunions de campagne et promettent de livrer 99% des voix à Touadéra.
Cette impunité généralisée n’est pas un fait rare. C’est une stratégie délibérée du président Touadéra, qui a compris qu’il ne peut gouverner qu’en s’entourant de mafieux, de criminels et d’hommes de main prêts à tout pour préserver leurs privilèges. C’est ainsi que fonctionne ce régime: en achetant la loyauté de ceux qui devraient être en prison.
Malgré les efforts de propagande, cette réunion du Fertit confirme une vérité que le régime ne peut plus cacher: l’édifice Touadéra est en train de s’effondrer. Quand une région qui représente un tiers du pays ne parvient à mobiliser qu’une vingtaine de personnes pour une réunion stratégique à six semaines d’une élection, c’est que quelque chose ne tourne pas rond.
Les centros ne sont pas dupes. Ils voient bien que ces prétendus “cadres” ne représentent qu’eux-mêmes et leurs intérêts personnels. Ils comprennent que ces promesses de “99% de suffrages” ne sont que du vent. Ils savent que cette parodie électorale n’a qu’un seul but: maintenir au pouvoir un homme qui a échoué sur tous les fronts.
Ce n’est pas avec une poignée d’anciens chefs rebelles assis devant des rangées de chaises vides qu’on construit un projet de société. Ce n’est pas avec des ministres dont la place devrait être en prison qu’on redresse un pays en ruines. Le Fertit, comme le reste de la Centrafrique, a compris le message: il est temps que Touadéra et son équipe de mafieux quittent le pouvoir et laissent la place à ceux qui veulent véritablement travailler pour l’avenir du pays.
Source: Corbeau News Centrafrique
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