Africa-Press – CentrAfricaine. Les élections générales en République centrafricaine auront lieu le 28 décembre prochain. Le chef de l’Etat sortant Faustin‐Archange Touadéra devrait, sauf catastrophe, être reconduit pour un troisième mandat. Mais le climat social et sécuritaire reste tendu.
Les 2,4 millions d’électeurs qui sont convoqués aux urnes ne vont pas se déplacer pour rien. Le 28 décembre, ils voteront pour renouveler ou non les mandats de quelques 180 maires, de 140 députés et du chef de l’Etat. Ce dernier a pu, à la faveur du référendum du 30 juillet 2023 supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce qui lui permet, en théorie, d’être élu à vie. L’opposition avait à cette époque boycotté le scrutin et s’était insurgé contre un « coup d’Etat constitutionnel ». Le président sortant , candidat du parti Mouvement Cœurs Unis (MCU) fera face à six autres compétiteurs qui ont vu leur candidature validée par le Conseil constitutionnel. Parmi eux, deux anciens Premiers ministres et maintenant opposants à Faustin‐Archange Touadéra: Anicet‐Georges Dologuélé, chef du parti Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) et Henri‐Marie Dondra, président de l’Unité Républicaine (UNIR). Le premier a été chef du gouvernement entre 1999 et 2001 sous l’ancien président, Ange-Félix Patassé. Le second a occupé la fonction entre 2021 et 2022, sous la présidence Touadéra. L’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Aristide Briand Reboas et candidat malheureux à la présidentielle de 2020, s’est aussi mis sur les rangs. Le scrutin devrait conforter le président sortant et sa majorité à l’Assemblée nationale où le parti présidentiel (MCU) détient encore 86 sièges sur 140, après une recomposition interne. Aux 44 députés MCU se sont agrégés d’autres députés indépendants.
Les observateurs internationaux craignent cependant que le scrutin ne soit entaché d’irrégularités car le contexte sécuritaire reste instable. Certes, des groupes armés comme le « 3R » et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), ont rendu les armes en octobre dernier conformément à l’accord signé à N’Djamena (Tchad) en avril dernier. Cependant, ils sont minoritaires au regard des autres groupes rebelles séléka (musulmans) et anti-Balaka(chrétiens et animistes), sans oublier les miliciens Azandé, plus nombreux, dans le Haut-Mbomou. Ces groupes peuvent dans les zones où ils sont présents, perturber les opérations électorales, restreindre et interdire l’accès des électeurs aux bureaux de vote afin de préserver leur influence locale. Les déplacés internes au nombre de 400 000 représentent autant d’électeurs que le scrutin va rendre invisibles soit parce qu’ils n’ont pas pu s’inscrire, soit parce que le centre d’enregistrement ou le bureau de vote le plus proche est fermé ou inaccessible. Beaucoup aussi craignent d’être ciblés par les groupes armés. Enfin de nombreux citoyens musulmans peinent à obtenir une carte d’identité nationale et de ce fait, risquent d’être exclus du scrutin. Ce qui exacerbe les frustrations communautaires et sape un peu plus la crédibilité du processus électoral. Il faut aussi compter sur la désinformation russe qui pourrait profiter des marges de manœuvre limitées de la Minusca pour amplifier ses campagnes de désinformation et ainsi influencer le débat électoral. Sur les 2,4 millions personnes constituant le corps électoral, combien iront déposer leur bulletin dans l’urne? Le taux de participation sera un indicateur important pour la légitimité du pouvoir en place. Sa crédibilité tiendra aussi à sa capacité à anticiper d’éventuelles violences post-électorales. Mais le plus dur reste la manipulation des chiffres au sein de l’autorité nationale des élections (ANE).
Source: Corbeau News Centrafrique
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